Le retour des Grands Prix légendaires : Imola 2005, un feu de paille pour Ferrari
Avec un calendrier complètement remanié à la suite de la crise du COVID-19, plusieurs circuits et Grand Prix font leur retour en cette année 2020. Le Nürburgring, Imola et Istanbul sont de la partie, ainsi que le tracé de Portimao qui verra la Formule 1 courir pour la première fois au Portugal depuis 1996. Nous allons ainsi revenir sur certaines des plus belles courses qui se sont déroulées sur ces pistes et à Estoril, qui a accueilli la discipline entre 1984 et 1996. Pour cet avant-dernier épisode, retour sur la seule belle course de la Ferrari F2005 : le Grand-Prix de Saint-Marin.
À l’image de ce qui se fait en Formule 1 avec les circuits de Silverstone, de Spielberg ou encore de Barheïn, nous avons décidé nous aussi d’avoir notre double header. La différence est que le choix retenu fut celui d’Imola, présent dans la discipline depuis 1980 et ce jusqu’en 2006. Pour l’anecdote, 1980 reste à ce jour la seule année où le Grand Prix d’Italie ne s’est pas couru à Monza (en raison de travaux consécutifs à l’accident mortel de Peterson en 1978).
2005 restait alors l’avant-dernière apparition du circuit italien avant la manche 2020 qui aura lieu sur deux jours seulement le week-end du 1er novembre. A cette époque, la Formule 1 reste sur une domination sans partage de Ferrari et de Michael Schumacher depuis 2000. Mais le nouveau règlement pour cette saison redistribue les cartes et laisse Ferrari loin derrière les deux nouvelles forces majeures du plateau que sont Renault et McLaren (comme nous en avions parlé en détail ici).
Après trois courses, la situation au championnat est bien différente des années précédentes. Les Ferrari ne sont que l’ombre d’elles-mêmes, avec 10 points marqués dont seulement 2 pour Schumacher ! Fernando Alonso se pose lui en grand favori à la couronne. Troisième en Australie après une qualification ratée, il s’est imposé en Malaisie et à Bahreïn pour compter 26 points. Deuxième, Trulli est déjà à 10 points, Fisichella à 16 malgré sa victoire en Australie, et Räikkönen à 19 à cause notamment de qualifications en demi-teinte…
C’est ainsi que tout ce beau monde se retrouve à Imola pour la quatrième manche de la saison 2005. Les qualifications semblent sonner le réveil de Räikkönen, qui signe la pole devant Alonso et Button, qui réalise sa meilleure qualification de la saison. Preuve de la forme des BAR, Sato est quant à lui sixième sur la grille juste derrière Trulli. Fisichella et M.Schumacher se partagent eux la septième ligne…
Petit rappel : le système de qualification de 2005 n’est pas le même qu’actuellement
- Les pilotes participent à une séance de pré qualification le vendredi matin, qui voit chaque pilote s’élancer pour trois tours (un tour de chauffe, un tour chronométré et un tour de décélération). Ces derniers partent dans l’ordre inverse du championnat en cours (les Minardi en premier et le plus souvent Alonso en dernier).
- Le samedi matin, c’est au tour de la séance de qualifications. Cette fois l’ordre retenu est celui de la préqualification à l’envers : les pilotes les plus lents partent les premiers. Ils disposent toujours de trois tours comme en pré qualifications.
- À la fin de cette séance, les deux temps sont ajoutés et établissent la grille de départ du Grand Prix. Ne vous étonnez donc pas de voir Räikkönen réaliser la pole en 2’42’’880, il s’agit juste du temps cumulé des deux manches).
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Ceci peut ainsi expliquer les nombreuses surprises qui émaillent les grilles de départ. Schumacher s’est ainsi loupé dans son meilleur tour, ce qui explique son 14ème temps en qualifications puis sa 13ème place sur la grille à la suite de la pénalité de Massa. Au départ, les positions ne bougent presque pas, exception faite de Villeneuve qui gagne trois places pour pointer huitième à la fin du premier tour. Le top 10 reste ainsi inchangé pour les huit premiers tours, et la publicité sur la RTBF masque le premier coup de théâtre de la course : Iceman est au ralenti ! Alors qu’il dominait cette course de la tête et des épaules, le Finlandais a été victime d’une casse de transmission, qui le contraint à l’abandon. Alonso en profite ainsi pour s’envoler seul en tête.
Derrière lui, la seule action notable est l’abandon de Barrichello dans le 18ème tour, alors qu’il occupait la 8ème place. Il permet ainsi à Heidfeld de rentrer dans les points. En tête, Alonso s’arrête dans le 23ème tour pour remettre de l’essence, laissant le commandement à Button pour un tour avant que l’Anglais ne s’arrête dans le tour suivant. Mais le grand gagnant de cette vague d’arrêts n’est autre que Michael Schumacher, qui a gagné sept places en quatre tours pour se hisser sur le podium provisoire ! Qui plus est, il enchaîne les records du tours et fond sur Button pour le gain de la deuxième place.
Il s’arrête finalement au 27ème tour pour remettre de l’essence mais conserve sa troisième place, gardant tous ses espoirs de podium voire de victoire vu le rythme de sa monture. Il est toutefois à plus de 30 secondes d’un Alonso impérial. Mais à Imola, en terre italienne la Ferrari est en état de grâce et l’Allemand tourne deux secondes au tour plus vite que tout le monde ! Il fond ainsi sur Button et Alonso et rattrape tout d’abord l’Anglais de BAR dans le 43ème tour, alors que l’Espagnol vient de ravitailler.
Il le suit pendant plusieurs tours avant de trouver des alliés de circonstance. Dans le 46ème tour, les deux hommes de tête se retrouvent derrière les Williams dans Acque Minerale. Dans la montée vers la Variante Alta, Button se retrouve gêné et Schumacher ne se fait pas prier pour le doubler dans la chicane : le voilà à sa place, en tête du Grand Prix ! Mais il doit ravitailler trois tours plus tard et malgré un splash’n dash effectué en seulement 6,1 secondes, il repart second derrière Alonso alors qu’il ne reste que 13 tours de course. Tout est encore possible, surtout que seulement trois dixièmes de seconde séparent les deux champions à 12 tours du but !
C’est alors qu’Alonso va jouer l’une de ses plus incroyables partitions face au septuple champion du monde allemand. Alors que sa Renault est bien plus lente que la Ferrari à la régulière, il adopte un style défensif qui va fonctionner à merveille. Le Baron Rouge a beau tenter plusieurs escarmouches, notamment à Tosa, rien n’y fait et la F2005 reste bloquée derrière la R25. Alonso lui tient ainsi les 12 tours restants avec un Schumacher survolté dans ses échappements et gagne pour la troisième fois de suite avec seulement 0.215s d’avance sur l’Allemand, qui a pourtant tout donné pour aller chercher cette victoire. Si seulement il ne s’était pas loupé en qualifications… Button complète le podium devant Wurz qui remplace Montoya, Sato, Villeneuve, Trulli, R.Schumacher, Heidfeld, Webber et Liuzzi… sur la piste.
Le frère de Michael est pénalisé de 25 secondes pour une sortie des stands litigieuse. Il chute de trois places et laisse le point de la huitième place à Nick Heidfeld. Mais un autre scandale éclate après la course autour des BAR-Honda. Les commissaires de course découvrent la présence d’un double réservoir d’essence qui permettait aux deux voitures de courir en-dessous du poids réglementaire. La sanction est sans appel : double disqualification et ban de deux courses pour l’écurie qui manque les GP d’Espagne et de Monaco.
Le classement final est donc le suivant : Alonso gagne devant M.Schumacher et Wurz. Villeneuve est donc quatrième devant Trulli, Heidfeld, Webber et Liuzzi qui sauve un point. Alonso est donc le grand gagnant de cette course puisqu’il s’envole au classement pilotes. Il compte désormais 16 points d’avance sur Trulli, qui consolide sa surprenante deuxième place, et 26 points sur Fisichella qui a fini sa course dans le mur et Schumacher qui s’est plus ou moins replacé au championnat. Räikkönen est lui à 29 points de l’Asturien…
Autant dire que le constat devait alors être mi-figue mi-raisin à la FIA. Certes la domination de Ferrari n’est plus, mais force est de constater que Renault et Alonso ont pris le relais sur des bases similaires. Avec un tel début de saison, il y a peu de chances que quiconque puisse revenir sur l’Espagnol sauf cataclysme assez improbable. Certes, on ne gagne pas un championnat dans les premières courses, mais nombre de prétendants ont vu leurs ambitions balayées en seulement quelques épreuves.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.