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Le retour des Grands Prix légendaires : Turquie 2010, à vouloir gagner à tout prix…

Avec un calendrier complètement remanié à la suite de la crise du COVID-19, plusieurs circuits et Grand Prix font leur retour en cette année 2020. Le Nürburgring, Imola et Istanbul sont de la partie, ainsi que le tracé de Portimao qui verra la Formule 1 courir pour la première fois au Portugal depuis 1996. Nous allons ainsi revenir sur certaines des plus belles courses qui se sont déroulées sur ces pistes et à Estoril, qui a accueilli la discipline entre 1984 et 1996. Nous allons clore la série sur le Grand Prix de Turquie 2010, et le fameux accrochage entre les deux pilotes Red Bull, Sebastian Vettel et Mark Webber.

Qu’elle semble déjà loin, l’époque où Michael Schumacher tuait tout suspense pour le titre après seulement quelques courses… Ce début de saison 2010 est annonciateur d’une magnifique bataille pour le titre entre les trois top teams de la grille que sont Ferrari, McLaren et Red Bull. Si Brawn a disparu, rachetée par McLaren, Red Bull elle confirme ses excellents résultats de la saison dernière au point d’en devenir une candidate crédible aux deux couronnes mondiales.

Ces trois équipes affichent un line-up assez impressionnant : Vettel et Webber chez Red Bull, Hamilton et Button chez McLaren, puis Alonso et Massa chez Ferrari. Le Brésilien ne sera cependant jamais un adversaire sérieux des cinq autres, possiblement diminué depuis son terrible accident en Hongrie l’an dernier. Derrière, on trouve également Rosberg chez Mercedes et Kubica chez Renault qui viennent occasionnellement s’immiscer dans la bataille.

Le Grand Prix de Turquie est la septième manche de la saison, et les huit pilotes cités précédemment occupent les huit premières places du championnat, loin devant le reste de la meute. Les deux pilotes Red Bull occupent le commandement avec 78 points, mais l’homme en forme est Mark Webber qui reste sur deux victoires en Espagne et à Monaco. Alonso et Button suivent à quelques points tandis qu’Hamilton est dans le groupe des outsiders, avec Massa, Kubica et Rosberg. Ces huit pilotes se tiennent en 22 points, soit autant que le neuvième de ce championnat, le revenant Michael Schumacher qui est relégué à 34 points de son coéquipier…

Départ du Grand Prix de Turquie 2010 ©Frits Van Eldik

Si l’on peut définir les favoris pour le titre, il est en revanche impossible de déterminer qui sera champion tant les résultats varient d’une course sur l’autre. Mais lors de ces qualifications, Webber confirme sa force du moment en arrachant la pole devant Hamilton, Vettel, Button et les Mercedes. Le grand perdant se nomme Alonso, éliminé en Q2 et seulement douzième… Il est condamné à l’exploit pour ne pas perdre trop de points sur les Red Bull et les McLaren.

Le départ est animé par le bon envol de Schumacher, qui parvient à prendre la quatrième place pendant quelques virages avant de se faire repasser par Button. Derrière, Hülkenberg et Buemi chutent dans les profondeurs du classement : les deux pilotes se sont accrochés et doivent passer par les stands pour réparer. Devant, Webber fait le forcing et creuse l’écart en tête, tandis que les positions restent inchangées pour le top 9.

La première vague d’arrêts aux stands ne change rien au classement ou presque, car il est un détail d’importance : Vettel a réussi son undercut sur Hamilton pour prendre la deuxième place de la course dans le seizième tour. Les deux Red Bull mènent ainsi la danse devant les deux McLaren et Schumacher, qui roule à 30 secondes de ce quatuor… La seule donnée qui pourrait redistribuer les cartes serait l’arrivée de la pluie qu’on annonce depuis quelques tours.

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Pour ainsi dire, la course est calme avec aucun dépassement à l’avant et les deux Lotus qui abandonnent presque simultanément sur problème d’hydraulique. Cependant, Vettel remonte peu à peu sur Webber et lorgne sur ce qui serait sa deuxième victoire de la saison. Dans le 39ème tour, l’Allemand décide de tenter sa chance dans la longue ligne droite ramenant vers les stands. Il prend donc l’aspiration de Webber, se décale, le dépasse… et se rabat trop tôt.

Les conséquences sont immédiates. Les deux voitures s’accrochent, et Vettel se retrouve à partir en dérapage, accroché à la roue de Webber. Sa roue arrière droite endommage l’aileron de la voiture de l’Australien, roue qui bien évidemment voit le pneu se réduire à peau de chagrin, déchiqueté par le carbone. Les deux monoplaces tirent au large, et Red Bull vient de perdre très gros dans l’opération. Vettel est en effet contraint à l’abandon tandis que Webber doit repasser par les stands pour changer d’aileron. L’accrochage ne provoquant pas de safety car, l’Australien repart troisième derrière les McLaren qui n’en demandaient pas tant.

Hamilton mène ainsi devant Button et Webber relégué à plus de 20 secondes. La pluie fait son apparition dans le 47ème tour, mais le faible crachin qui s’abat sur la piste est insuffisant pour provoquer le moindre changement de pneus. Button tente malgré tout une attaque sur Hamilton qui reprend rapidement le dessus, sans s’accrocher cette fois… Le dernier fait de course est à mettre au crédit d’Alonso, alors en bataille pour la huitième place avec Petrov. Les deux pilotes se touchent et le Russe doit rentrer aux stands pour changer ses gommes, victime d’une crevaison. Retombé en quinzième position, il en profite pour signer le seul meilleur tour en course de sa carrière. Alonso ne le sait pas encore, mais leurs routes se recroiseront…

Button et Hamilton à l'arrivée du Grand Prix de Turquie 2010 ©Jean-François Galeron

Devant, Hamilton gère tranquillement sa course devant Button et les deux pilotes s’offrent un superbe doublé un brin chanceux. Troisième, Webber n’en masque pas moins sa déception à la suite de cet accrochage stupide. Schumacher égale lui son meilleur résultat depuis son retour avec cette quatrième place devant Rosberg. Kubica est lui sixième devant Massa, Alonso, Sutil et Kobayashi qui marque son premier point en F1.

Au championnat, Webber garde la tête des opérations avec 93 points, mais a derrière lui Button et Hamilton qui se sont replacés au championnat avec 5 et 9 points de retard sur l’Australien. Vettel et Alonso sont eux un peu distancés avec 14 et 15 points de retard, tandis que le trou est creusé sur Massa, Kubica et Rosberg. McLaren elle reprend la tête du championnat constructeurs pour un point, profitant d’un cinglant 43-15 en sa faveur contre Red Bull.

Webber et Vettel eux se renvoient la balle sur la responsabilité de l’accident, comme en témoignaient leurs versions de l’accident retranscrites par nos confrères d’Eurosport il y a maintenant dix ans. Webber se défend ainsi en premier.

C'est un putain de désastre ! Ce n'était pas mon plan de le voir à l'intérieur (du virage où s'est produit l'accident), mais il y était. Alors j'ai essayé de rester au milieu de la piste, aussi droit que possible. Pour que sa trajectoire soit la plus serrée possible jusqu'au virage suivant. Il aurait été dans une très forte position au point de freinage. Mais avant qu'il n'y arrive, il est parti sur la droite. Je n'ai pas pu réagir assez vite car je ne m'y attendais pas. C'est pour cela qu'il y a eu contact. Vu de la voiture de Seb, on peut penser que j'ai tourné à gauche vers lui. Mais je suis assez sûr qu'il y a eu un mouvement de sa part.
Mark Webber
Il est clair en regardant les images que j'étais à l'intérieur, devant lui et que je me concentrais sur le point de freinage. Honnêtement, vous pouvez voir qu'on s'est touchés, qu'il a touché ma roue arrière droite, et je suis sorti.
Sebastian Vettel

Quoi qu’il en soit, Christian Horner a passé un savon en coulisses aux deux pilotes, conscient que ce genre d’erreurs peut à terme lui coûter les deux titres. Par ailleurs, c’est à se demander si cela était volontaire ou non, mais la F1 s’est payé le quadruple champion du monde allemand. Pour célébrer son 70ème anniversaire, on peut voir les pilotes présentés avec en fond des images d’archives, de 1950 à 2019. Lorsqu’on voit Sebastian Vettel… on peut voir en arrière-plan le fameux accrochage de ce Grand Prix de Turquie. Il s’agit probablement d’une malheureuse coïncidence, mais cela en rajoute un peu plus sur l’image passablement éborgnée de l’Allemand, qui coule depuis deux ans chez Ferrari entre accidents et performances médiocres. Qu’il est loin le temps où il écrasait la concurrence avec sa Red Bull…

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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