Au volant des courses,  Formule 1

GP d’Arabie Saoudite | Esteban Ocon, rien ne sert de faire une course parfaite quand on roule en Alpine…

Dire que ce Grand Prix d’Arabie Saoudite fut animé est un euphémisme. Il nous aura offert un duel au sommet d’une rare intensité entre Max Verstappen et Lewis Hamilton, qui aura parfois viré au pugilat. Contacts, invectives de part et d’autre… Il était facile de penser qu’on assistait là à un combat de rue et non à une course de Formule 1. Derrière eux, un pilote a fait une course exceptionnelle : Esteban Ocon. Mais quand on a une Alpine et non une Mercedes, se faire une place sur le podium est strictement interdit…

Les qualifications voient un duel au sommet entre Verstappen et Hamilton. Le Néerlandais passe tout proche de réaliser le tour de l’année, mais se rate dans le dernier virage et doit se contenter de la P3. Ocon est lui auteur d’une qualification sage et sans accrocs. Plus en forme qu’Alonso, il signe le neuvième temps en Q3, qu’il atteint pour la dixième fois de la saison, et la troisième consécutive. De quoi espérer quelques points le lendemain…

Qui plus est, le Normand réussit son départ. Alors que rien n’est à signaler devant, il passe en septième position alors que derrière lui, Alonso a réalisé un bon depuis la septième ligne pour rentrer dans les points. Le début de course est calme, jusqu’au dixième tour où la course commence à s’emballer. Mick Schumacher sort violemment de la piste et termine sa course dans les barrières de sécurité. La voiture de sécurité est logiquement de sortie, et certains pilotes décident de rentrer aux stands. Ce n’est pas le cas d’Ocon, qui décide de rester en piste et remonte ainsi au quatrième rang. Bien lui en prend, car quelques tours plus tard c’est le drapeau rouge qui est brandi !

Le voici donc assuré d’une quatrième position inattendue, et il n’est pas au bout de ses surprises. En effet, la course est relancée quelques dizaines de minutes plus tard sous régime de départ arrêté. Il est largement premier des « autres », et au vu de la tension entre Verstappen et Hamilton, nul doute qu’il y aura du grabuge… Et le Normand se montre opportuniste à souhait. Le Néerlandais plonge au premier virage et tasse Hamilton tandis que Bottas se loupe et bloque ses roues. Ni une ni deux, Ocon se faufile dans un trou de souris, double les Mercedes et se retrouve second ! Derrière lui, Pérez s’accroche avec Leclerc et se retrouve en travers de la piste. Derrière, Russell ralentit et Mazepin ne peut rien faire pour l’éviter. Le Russe emboutit sa Haas dans la Williams et contraint les deux pilotes à l’abandon. Pérez doit aussi mettre pied à terre : sa transmission a trop souffert dans l’opération.

Nouveau drapeau rouge brandi, et nouvelle scène surréaliste : la FIA négocie directement la pénalité de Verstappen avec Red Bull ! Masi propose à Horner de placer Verstappen second, et le directeur de RB acquiesce, à la condition qu’Ocon soit premier. Moment de malaise à la FIA : un long silence semble montrer qu’ils n’avaient aucune idée de la position du Français ! Mais avec tous ces arrangements de bistrot, le voici en pole pour le troisième départ ! Il faut remonter au Grand Prix d’Italie 1997 pour revoir un Français mener une grille et la pole de Jean Alesi…

Bien évidemment, il sera difficile pour lui de résister à Verstappen et Hamilton, mais avec Bottas coincé derrière Ricciardo, le podium semble envisageable. Au premier virage, il se retrouve pris entre Hamilton à droite et Verstappen qui réalise un divebomb magistral pour prendre la tête. Ocon cède face au septuple champion du monde anglais dans le tour qui suit, mais il a une autre mission : terminer sur un podium qui semble lui tendre les bras.

C’est ainsi qu’il gère sa course à la perfection, comptant sur la résistance de Ricciardo face à un Bottas toujours aussi transparent. Seule sa voiture lui permet de surnager dans le top 5… La course se décante peu à peu et il roule en solitaire alors que devant, on en finit plus de s’invectiver dans tous les sens. La guerre est déclarée et Verstappen fait tout son possible pour rester devant Hamilton, en vain.

Mauvaise nouvelle pour Ocon : Bottas a fini par dépasser Ricciardo alors qu’il ne reste que dix tours à parcourir. Est-ce que son Alpine va pouvoir résister ? Rien n’est moins sûr, car si Ocon surclasse le Finlandais en matière de pilotage, la Mercedes surclasse le reste de la grille… Alors le Français se démène comme un beau diable dans les derniers tours, donne tout au point d’arracher le meilleur temps absolu du premier secteur. Mais l’histoire était trop belle…

Nulle part après son second départ raté, Bottas vole le podium à Ocon dans la dernière ligne droite et prive le Français de ce qui aurait été son troisième podium en carrière. Devant, Hamilton gagne avec le record du tour devant Verstappen qui ne pouvait juste plus suivre l’Anglais. Voici les deux pilotes à égalité de points avant le dernier Grand Prix, une première depuis 1974 ! Verstappen a toutefois un léger avantage, avec neuf victoires contre huit pour Hamilton. Et si certains arguent que le Néerlandais pourrait gagner avec l’arnaque ardennaise, ils oublient un peu vite qu’il aurait déjà dû être titré depuis bien longtemps déjà…

Quatrième sur la ligne, Ocon a toutefois quelques regrets à nourrir. Cette course pourrait lui rappeler le Grand Prix du Brésil 2016, où il tenait le point de la dixième place avec sa modeste Manor avant de se faire doubler par Alonso et Bottas dans les deux derniers tours. Il avait alors pesté contre les deux pilotes, arguant qu’ils « avaient fait une course de m*rde », déçu de n’avoir pu leur résister. Il pourrait en être de même aujourd’hui. D’un point de vue pilotage et stratégique, il a terrassé le Finlandais qui n’a pas vu le jour. Mais quand on a une Mercedes, il faut croire que tout devient plus facile… Comme quoi faire une course parfaite de bout en bout n’est pas suffisant, et démontre que 2022 doit réellement faire quelque chose pour combler l’écart de performance entre les monoplaces. On est loin des Minardi qui prenaient en moyenne cinq secondes au tour, mais accrocher un podium relève de l’exploit quand on ne pilote ni une Red Bull, ni une Mercedes…

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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