SÉRIE – Japon 2012, une consécration logique pour Kobayashi
Yuki Tsunoda est devenu en cette année 2021 le 18ème pilote japonais à prendre le départ d’un Grand Prix de Formule 1. Promis à un grand avenir après une superbe saison 2020 en Formule 2, il peut devenir le premier représentant nippon à s’imposer dans la discipline. Nombreux sont ceux qui avant lui ont tenté leur chance, sans jamais atteindre les sommets. Nous allons revenir sur la course la plus marquante de certains d’entre eux, qui ont su malgré tout se distinguer. La série se clôt sur le dernier podium d’un pilote japonais en date, celui de Kamui Kobayashi à Suzuka en 2012.
Le public japonais est debout comme un seul homme à l’occasion du Grand Prix du Japon 2012. En effet, derrière les Red Bull se trouve leur seul représentant dans la discipline, Kamui Kobayashi. Qualifié troisième, il peut réaliser un superbe coup s’il confirme en course. Il doit faire face aux Ferrari, aux Red Bull, aux McLaren ou encore aux Lotus, mais sa connaissance du circuit peut jouer en sa faveur. Reste à voir si sa Sauber aura le rythme pour aller chercher le podium… voire la victoire ?
Et pourtant, personne n’aurait misé une pièce sur Kobayashi il y a quelques années. Né en 1986 à Amagasaki, il débute comme l’immense majorité des pilotes par le karting dès l’âge de dix ans. Il est cependant le seul de sa famille à sentir le virus de la course automobile couler dans ses veines, ce qui ne l’empêche pas d’être titré à plusieurs reprises en kart. Il doit attendre ses 17 ans pour débuter en monoplace, dans le championnat de Formule Toyota. Second derrière Kazuki Nakajima, le fils du grand Satoru, il décide de quitter le Japon pour se mesurer au gratin européen.
Le voici lâché en Italie à seulement 18 ans, sans savoir parler anglais ou italien et devant appréhender un mode de vie totalement différent de celui qu’il connaissait au Japon. Ses résultats sont malgré tout brillants, puisqu’il termine quatrième de la Formule Renault italienne avec deux victoires. Il confirme la saison suivante en remportant les championnats européen et italien, ce qui lui ouvre les portes de la F3 Euroseries en 2006.
En sa qualité de rookie, il termine huitième du championnat chez ASM, alors la meilleure écurie du plateau. Vainqueur de la première course à Macao, il est cependant dominé par ses deux coéquipiers, Paul di Resta et Sebastian Vettel. Il est ainsi embauché comme pilote de réserve par Toyota en F1 fait participe à quelques saisons d’essais privés. Il termine quatrième la saison suivante, mais encore une fois derrière ses coéquipiers, cette fois Nico Hülkenberg et Romain Grosjean. A la fin de la saison, il est promu troisième pilote de Toyota, remplaçant Franck Montagny.
Il participe aux championnats Asia et mondial de GP2 en 2008 et 2009, mais avec des résultats contrastés. Performant en Asia Series avec un titre en 2009, il est hors du coup lors de la saison régulière, terminant 16ème à chaque fois avec seulement deux podiums dont une victoire lors de ces deux saisons. Autant dire qu’il est loin d’être le favori à un baquet de Formule 1… jusqu’à ce que Timo Glock se blesse lors des essais du Grand Prix du Japon. Kobayashi le remplace pour les deux dernières épreuves de la saison, et surprend tout le monde.
Qualifié 11ème au Brésil, il tient longtemps la sixième place face à (excusez du peu) le futur champion du monde Jenson Button ! Il perd cependant du temps avec notamment un accrochage avec son ancien rival Kazuki Nakajima, mais termine dixième devant Fisichella, remplaçant de Massa chez Ferrari. Mieux, il termine sixième à Abu Dhabi devant Trulli, après avoir longtemps pointé en troisième position ! Et dire qu’il était incapable de performer en GP2…
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Le retrait de Toyota fin 2009 le pousse à voir ailleurs, et il signe chez Sauber pour 2010. Si la voiture laisse entrevoir un potentiel intéressant en essais, le début de saison est cauchemardesque tant sa voiture est peu fiable. Il marque malgré tout 32 points, avec notamment une sixième place à Silverstone. Il domine son coéquipier Pedro de la Rosa, remplacé en fin de saison par Nick Heidfeld. 2011 est du même tonneau, avec cependant une superbe cinquième place à Monaco comme meilleur résultat.
La saison 2012 reste possiblement la meilleure de Sauber en dehors de l’interlude avec BMW. La C31 rentre régulièrement dans les points malgré un manque de régularité, et Kobayashi comme Pérez enchaînent les bons résultats. Le Mexicain se met plus en vue que le Japonais, avec trois podiums dont une seconde place en Malaisie où il est passé à quelques secondes de vaincre face à Fernando Alonso !
En arrivant au Japon, Kobayashi compte 35 points contre 66 pour Pérez, et court toujours après son premier podium de la saison. Il a terminé quatrième en Allemagne et a longtemps pointé en seconde position au Canada avant de s’effondrer en fin de course. Les qualifications s’annoncent cependant prometteuses puisqu’il se place en troisième position sur la grille. Il profite d’une pénalité infligée à Jenson Button, qui a changé de boîte de vitesses pour se placer derrière les Red Bull.
Il réalise un excellent départ et passe devant Webber, ce qui va le sauver. Derrière, Alonso est touché par Räikkönen, crève et se retrouve en plein milieu de la piste tandis que Grosjean percute Webber et que Rosberg est lui aussi en difficulté. L’Allemand doit renoncer après avoir été percuté par Senna, tandis que Grosjean écope d’un stop-and-go de 10 secondes. Le Français était si préoccupé à défendre sur Pérez qu’il n’avait pas vu ce qui se passait devant lui…
La voiture de sécurité intervient le temps d’évacuer les monoplaces blessées, et Vettel mène devant Kobayashi, Button et Massa. La course va être en réalité plutôt calme, l’Allemand de Red Bull se révélant dominateur de bout en bout sans laisser aucune chance à la concurrence. Derrière, Felipe Massa double Kobayashi et Button lors de la première salve d’arrêts aux stands pour prendre la seconde place. Le Brésilien ne quittera plus cette position de la course, verrouillant le top 2.
A compter du 41ème tour, il n’y a plus un seul dépassement en piste, mais juste une bataille féroce entre Kobayashi et Button pour la dernière marche du podium. Entre le premier qui joue à domicile, porté par son public et l’autre dont la compagne est brésilienne, tous deux veulent à tout prix ce podium… qui revient finalement au pilote japonais. 22 ans après Aguri Suzuki, un pilote japonais monte sur le podium à domicile, mais contrairement à son prédécesseur Kobayashi n’a pas eu besoin d’autant de circonstances de course favorables.
Vettel est le grand gagnant de cette course : avec ce 25-0 infligé à Alonso, il revient à quatre points de l’Espagnol au championnat, qu’il remportera malgré un Grand Prix du Brésil mouvementé. Kobayashi marque lui quelques points supplémentaires en fin de saison, mais ne peut trouver de volant pour 2013, le poussant à courir en Endurance en catégorie GT. Il termine 5ème en GT au Mans avec Oliver Beretta et Toni Vilander pour sa première participation.
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Il revient chez Caterham en 2014 grâce au soutien de ses fans, grâce à qui il réunit plusieurs millions d’euros nécessaires pour courir. Hélas pour lui, s’il domine Ericsson et manque d’inscrire des points à Monaco, il n’a pas assez d’argent pour courir et se voit remplacé par Lotterer en Belgique. A court d’argent, Caterham fait rouler ses voitures avec des pièces usées, puis fait l’impasse sur deux Grands Prix avant de participer à la dernière manche de la saison à Abu Dhabi grâce à un crowdfunding. Ce sera la dernière course de Kobayashi en F1.
Il rejoint ensuite le championnat de Super Formula au Japon, puis retourne au Mans avec Toyota à compter de 2016. Il compte ainsi trois secondes places en quatre participations, notamment en 2016 suite à l’abandon de la voiture sœur… à six minutes de l’arrivée. Il gagne également aux 24 Heures de Daytona en 2019 avec notamment Fernando Alonso. L’année 2020 se révèle faste pour lui, avec l’obtention du titre pilotes en WEC avec José Maria Lopez et Mike Conway, une revanche sur une carrière en F1 au goût d’inachevé.
Si de mauvaises performances en formules de promotion augurent rarement de bonnes performances ensuite, Kamui Kobayashi en fut un parfait contre-exemple. Auteur de deux saisons de GP2 laborieuses, il a su se transcender en F1 pour aller chercher d’excellents résultats. Au volant d’une Sauber C31 performante, il a ainsi obtenu ce qui reste le seul podium de sa carrière… mais en aurait-il obtenu plus s’il avait eu la bonne voiture entre les mains ?
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.