Les Grands Prix perturbés : Australie 2020, COVID-19 et F1 : 1-0
À cause de l’épidémie de COVID-19 qui fait rage dans le monde entier, toute la saison 2020 de Formule 1 est compromise. Les Grands Prix d’Australie et de Monaco ont été purement et simplement annulés, tandis que d’autres ont été reportés, avec un début de saison prévu au plus tôt le 14 juin, au Canada. Ce n’est cependant pas la première fois que certains Grands Prix soient perturbés, au point parfois de virer à la farce. Nous allons ainsi clore cette série sur ce fameux Grand Prix d’Australie qui n’a finalement pas eu lieu.
Après les essais hivernaux de février, le petit monde de la Formule 1 était en effervescence. Le processus était ainsi le même que les années précédentes, entre présentation des nouvelles voitures et de leurs livrées, les essais hivernaux… Amputés de deux jours par rapport aux années précédentes, ils nous ont permis de spéculer sur les possibles performances des monoplaces de 2020. C’est ainsi que Bottas avec la Mercedes a explosé le record du tour en passant sous les 1’16, devant Verstappen, Ricciardo et Leclerc. Une lueur d’espoir semble aussi apparaître chez Williams, puisque Russell a tourné sous les 1’17, soit plus de deux secondes plus rapidement que l’année précédente !
Mais alors que le Grand Prix d’Australie se rapproche et que les fans du monde entier trépignent d’impatience de revoir les 20 bolides en piste, une menace commence à planer sur le sport et sur le monde en général. Fin novembre 2019, un virus d’un type nouveau fait son apparition sur un marché de poissons à Wuhan, en Chine. Au bout de quelques semaines, la situation s’aggrave dans le pays qui compte des dizaines de milliers de cas, et le mois de février voit les cas s’internationaliser.
C’est ainsi que de plus en plus de pays sont touchés au fil des semaines, au point de rapidement remettre en cause tout notre mode de vie. Le monde du sport est parmi les plus durement touchés par cette épidémie, qui devient une pandémie le 11 mars, soit quatre jours avant la course et deux avant les premiers essais. De nombreuses disciplines se sont mises à l’arrêt : le championnat du monde moto n’a vu courir que les Moto2 et Moto3 à Losail car les écuries étaient sur place. Hormis au Nicaragua, en Biélorussie et dans quelques autres pays, le football tout entier se met à l’arrêt, jusqu’à la Ligue des Champions avec les conséquences économiques que cela va occasionner.
Peu à peu, la Formule 1 devient malgré elle le petit village gaulois résistant encore et toujours à la pandémie de COVID-19. Ross Brawn annonce cependant que s’il manquait ne serait-ce qu’une écurie à l’appel le jeudi, le Grand Prix serait annulé. Mais sa position change ensuite lorsque McLaren annonce un cas positif parmi ses mécaniciens. Consciente du risque que cela représente, l’écurie de Woking déclare forfait pour cette manche et laisse seulement neuf écuries en course. Brawn décide malgré tout de maintenir la course dans un premier temps, car McLaren est arrivée sur le circuit avant d’annoncer son forfait.
La situation se gâte peu à peu, d’autant plus que la grogne se fait entendre en Australie. Le pays compte alors une centaine de cas pour trois morts, et craint que le Grand Prix fasse exploser le nombre de cas. La tenue de la course comme initialement prévu pourrait avoir les mêmes conséquences que le match entre l’Atalanta et Valence en Ligue des Champions, qui a fait bondir le nombre de personnes contaminées en Lombardie.
Le jeudi se passe pourtant comme si de rien était dans un premier temps, avec les points presse, la rencontre avec les pilotes etc. Mais les patrons d’écurie, Toto Wolff en tête, écrivent à la FIA pour demander l’annulation pure et simple de la course. Le risque sanitaire s’aggrave de jour en jour, et aucune décision n’est prise quant à la tenue de la course.
Les écuries sont ainsi toutes présentes sur le paddock, et les dirigeants de la FIA essaient de prendre quelques mesures d’hygiène pour protéger les membres d’écuries. Mais ces mesures sont pour le moins bizarres, montrant les patrons de la F1 devant des centaines de journalistes agglutinés les uns sur les autres pour essayer d’obtenir la meilleure photo possible… Hamilton pour sa part pousse un coup de gueule face au maintien de l’épreuve.
« Je suis très, très surpris que nous soyons ici. C’est bien qu’il y ait des courses automobiles mais, pour moi, c’est choquant que nous soyons tous ici assis dans cette pièce. Je vois les gens vaquer à leurs occupations comme si tout était normal mais cela ne l’est pas : l’argent est roi. »
Qui plus est, la situation est on ne peut plus floue alors que les essais commencent dans quelques heures. Personne ne sait réellement ce qui se passe, d’autant plus que la FIA ne donne absolument aucune information. Certaines équipes déballent leur matériel, se préparant à courir, mais il devient de plus en plus évident que tout le monde va plier bagage. Ainsi, on apprend que Vettel et Räikkönen ont tout bonnement pris l’avion pour rentrer chez eux ! Plus personne ne sait où donner de la tête et attend donc une décision de la FIA…
Logiquement, celle-ci annonce deux heures avant le début de la première séance d’essais libres que le Grand Prix est annulé. La plupart des acteurs de la course s’étaient mis d’accord au préalable, mais la décision a ainsi tardé à se prendre. Elle fut unanimement saluée par les pilotes, journalistes et fans, notamment par une fois de plus Lewis Hamilton.
« C’était hélas la bonne décision à prendre. Personne ne veut cela, nous voulons au contraire sauter dans notre voiture et faire la course, mais nous devons garder le sens des réalités et penser à notre santé et à notre sécurité d’abord. »
C’est ainsi que s’est terminé cet improbable brouhaha, qui a finalement accouché d’une annulation de dernière minute. Les instances ont résisté autant que possible mais la santé publique a finalement pris le pas sur les enjeux sportifs et financiers. Le Grand Prix d’Australie est ainsi le second après la Chine d’une longue liste de courses reportées ou annulées. La Chine a ouvert le bal, puis tous les Grands Prix jusqu’au Canada ont été reportés, sauf Monaco qui n’aura pas lieu pour la première fois depuis 1954.
En attendant, la course continue grâce à l’eSports. Sur une idée de Jean-Eric Vergne en partenariat avec Veloce eSports, le NotTheBahrein GP voit le jour et réunit pilotes de la discipline ainsi que des Youtubers… ainsi que Thibaut Courtois, le gardien des Diables Rouges, loin d’être ridicule en piste. C’est ainsi que la structure s’associe avec la F1, qui propose à la suite de l’event Veloce ses propres courses et défis. Pour la dernière course, ce ne sont pas moins de sept pilotes actuels qui étaient présents et presque tous les partants sont ou étaient des pilotes en monoplace, dont plus de la moitié en F1. Dans le même style, on retrouve également la Race All-Stars Series. On peut ainsi y voir courir Jan Magnussen, Emanuele Pirro, Max Papis… mais notamment les champions du monde Jenson Button, Jacques Villeneuve (qui joue à la manette !) et le vétéran Emerson Fittipaldi, champion du monde en 1972 et 1974 !
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.