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Les plus belles courses de Moss : Grande-Bretagne 1955, une première victoire grâce à Fangio ?

Le 12 avril dernier, le monde de la Formule 1 pleurait la mort de Stirling Moss, parti à 90 des suites d’une longue maladie. Celui qu’on surnomme « le champion sans couronne » reste l’un des meilleurs pilotes de son époque voire même de tous les temps. Il ne manque qu’un titre mondial à un palmarès que nombre de pilotes lui envieraient. Nous allons ainsi revenir sur certaines courses marquantes de sa carrière, en commençant par sa première victoire en championnat du monde. Une victoire au goût quelque peu particulier…

Le Royaume-Uni a produit nombre d’immenses pilotes au fil des décennies, notamment en Formule 1 avec des noms aussi prestigieux que Clark, Stewart, Hamilton… et Moss fut un de leurs premiers représentants. Né en 1929 dans la banlieue de Londres, il baigne déjà dans le sport automobile avec deux parents qui sont tous deux pilotes (son père ayant même couru les 500 Miles d’Indianapolis en 1924, profitant d’un stage aux Etats-Unis). C’est assez logiquement donc qu’il marche dans leurs pas, et se montre d’un niveau plus que prometteur.

Il se lance dans la compétition en 1948, à seulement 19 ans et court alors en F3 et en F2 avec une petite Cooper-Jap achetée avec son père. Bien que la régularité lui fasse alors défaut, de plus en plus d’observateurs s’accordent sur le talent du jeune homme, promis à un bel avenir dans la discipline. HWM saute sur l’occasion et l’engage pour la saison 1950, et il multiplie les courses en conséquence. Il est ainsi aligné en Formule 2, Formule 3 et Formule Libre !

Cependant, il ne réalise pas son premier gros coup d’éclat au volant d’une monoplace. A la veille de ses 21 ans, il est aligné sur le Tourist Trophy sur une Jaguar XK120 privée. Aucune écurie d’usine n’aurait à l’époque misé un centime sur un pilote si jeune et donc peu expérimenté… Qui plus est, la pluie s’abat sur le circuit nord-irlandais, mais à la surprise générale Moss domine les débats et s’offre une victoire aussi belle qu’inattendue. Il tient là une première confirmation de tout le potentiel entrevu jusqu’alors.

Le jeune Moss en F3

1951 continue sur la même logique, mais il est également pilote d’usine pour Jaguar. Sa performance sur le Tourist Trophy n’est pas étrangère à cette promotion… Il fait ainsi ses débuts en F1 lors du Grand Prix de Suisse à Bremgarten le 27 mai. Qualifié 14ème à plus de 20 secondes de la pole (une autre époque…), il parvient cependant à terminer huitième à deux tours, ce qui est une performance somme toutes honorable pour une première. Il participe également pour la première fois aux 24 Heures du Mans avec Jack Fairman sur les nouvelles Jaguar Type C mais est contraint à l’abandon.

Ces performances ne passent pas inaperçues, tant et si bien qu’Enzo Ferrari désire l’avoir parmi ses pilotes pour la saison 1952. Cependant, Moss décide par patriotisme de courir pour des écuries anglaises, ce qui va sérieusement le plomber pendant deux ans. Il court ainsi neuf Grands Prix pour quatre marques différentes (HWM, ERA, Connaught et Cooper), avec seulement trois arrivées (toutes en 1953) et une sixième place sur la Nordscheleife comme meilleur résultat. Il termine cependant second au Mans en 1953 avec Jaguar et gagne la Coupe des Alpes en rallye, prouvant sa polyvalence en tant que pilote.

Pour la saison 1954, il finit par constater que son entêtement le condamne à faire de la figuration en course et il décide donc d’acheter une Maserati 250F. Les résultats ne se font ainsi pas attendre, puisqu’il signe son premier podium dans la discipline à Spa-Francorchamps avec une troisième place. Cependant, il est régulièrement trahi par sa mécanique qui le prive de plusieurs beaux résultats (possible second en Grande-Bretagne), mais le Grand Prix d’Italie le révèle pour de bon. Devenu pilote officiel Maserati après la mort de Marimón en Allemagne, il mène une bonne partie de la course devant la Mercedes de Fangio avant d’être trahi par son réservoir d’huile. En parallèle, il crée la surprise en Sport-Prototypes en gagnant les 12 Heures de Sebring sur une petite O.S.C.A, en compagnie d’un certain Briggs Cunningham.

Moss et sa Maserati 250f
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Impressionné par cette performance, Alfred Neubauer en fait l’équipier de Fangio pour la saison 1955. Près de 60 ans avant le début de l’ère hybride, Mercedes est déjà l’équipe à battre avec Fangio, Moss et Kling (ainsi que Taruffi en fin de saison) et une W196 redoutable. De plus, la 300 SLR gagne course sur course en voitures de sport, avec notamment la superbe victoire du duo Moss-Jenkinson sur la Mille Miglia. Cependant, le terrible accident des 24 Heures du Mans cette année-là met un terme à l’engagement de Mercedes en compétition à la fin de l’année.

Quoi qu’il en soit, Moss est rapide et talentueux, mais il fait face au meilleur pilote de la décennie en la personne de Juan Manuel Fangio. Que ce soit en qualifications ou en course, le jeune Anglais ne peut rien face à son coéquipier… exception faite du Grand Prix de Grande-Bretagne. Pour la première fois de sa carrière, il signe la pole position, deux dixièmes seulement devant Fangio certes mais il parvient enfin à prendre l’avantage. A noter que c’est le circuit d’Aintree qui accueille l’épreuve pour la première fois.

Quatre Mercedes sont engagées pour cette épreuve, et seul Behra peut s’intercaler entre elles, devançant Kling et Taruffi. Le départ voit finalement Fangio prendre l’avantage sur Moss, qui devance Kling et Taruffi. Les quatre Flèches d’Argent se retrouvent ainsi aux commandes, et dans le troisième tour Moss passe Fangio et prend la tête. Derrière, personne ne peut suivre le rythme des Allemandes. Behra doit abandonner dès le dixième tour sur problème mécanique, laissant ainsi le reste de la meute se battre pour les deux points restants.

Stirling Moss victorieux à Mille Miglia en 1955, il a parcouru 1 597 km à une moyenne de 157,65 km/h, un record historique © Mercedes

Fangio reprend la tête dans le 18ème tour et fait comprendre à Moss que s’il veut sa victoire, il devra se battre pour l’obtenir. Le jeune Anglais ne se débine pas et reprend le commandement huit boucles plus tard, pendant que derrière Mieres et Musso parviennent par moments à devancer Taruffi voire Kling. Le premier cité abandonne peu après la mi-course tandis que l’Italien termine cinquième et premier pilote non-Mercedes.

Devant, la bataille continue entre Moss et Fangio, à l’avantage de l’Anglais. Le double champion du monde argentin ne s’en laisse pas compter et le suit comme son ombre, prêt à bondir à la moindre erreur de son coéquipier. Bien que 18 ans plus jeune que Fangio, Moss ne tremble pas et remporte le premier Grand Prix de sa carrière, avec comme en qualifications deux dixièmes de seconde d’avance sur Fangio. Il signe également le meilleur tour en course avec un temps identique à celui de sa pole position, soit 2’00’’4. Mais un doute subsistera toujours : Fangio a-t-il vraiment tout donné pour empêcher Moss de gagner ou l’a-t-il sagement suivi jusqu’à la ligne, d’autant plus que le titre mondial était déjà en poche. L’Argentin soutiendra toujours le contraire, mais la question n’a encore aujourd’hui pas encore été tranchée pour certains.

Il termine pour la première fois de sa riche carrière vice-champion du monde de F1 derrière Fangio, et fait enfin montre de tout son talent. Qui plus est, le retrait de Mercedes à la fin de cette saison 1955 fait de Fangio et de lui deux pilotes objets de toutes les convoitises. Chacun fait ainsi route à part pour 1956 : l’Argentin rejoint les rangs de Ferrari alors que l’Anglais fait son retour chez Maserati avec des 250F qui l’ont propulsé vers les sommets.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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