Nostalgie Australie : 1999, quand le valet devient roi
Depuis 1996, le Grand Prix d’Australie est celui qui inaugure traditionnellement la saison de Formule 1. Seul le Covid-19 et les Jeux du Commonwealth en 2006 lui ont empêché d’assumer ce statut. Disputé depuis cette date à Melbourne, il a offert des courses parfois ennuyeuses, parfois riches en rebondissements. Focus sur l’édition 1999, avec la première victoire en carrière d’Eddie Irvine.
Le plus grand espoir des fans de F1 à l’orée de cette saison 1999 est de voir Ferrari capable de vaincre McLaren. L’écurie de Woking a dominé la saison précédente avec une MP4-13 largement supérieure à la concurrence, et seul Michael Schumacher a pu rivaliser sur la piste. Vaincu par Mika Häkkinen dans la course au titre, il compte sur sa Ferrari F399 pour aller chercher son troisième titre mondial, son premier pour Ferrari.
Pour ce qui est des transferts, il y a assez peu de changements à l’avant du peloton vu que McLaren et Ferrari gardent les mêmes duos depuis 1996. Williams présente elle un nouveau tandem composé de Ralf Schumacher et du revenant Alex Zanardi, qui compte surfer sur ses succès récents en CART. Frentzen est parti chez Jordan aux côtés de Damon Hill, qui espère réitérer son succès du Grand Prix de Belgique l’an dernier. On trouve un autre revenant chez Minardi en la personne de Luca Badoer, sans volant depuis 1996. Le pilote d’essais de Ferrari espère ainsi braquer la lumière des projecteurs sur lui et pourquoi pas marquer ses premiers points…
L’événement cependant de cette saison 1999 est la disparition de Tyrrell après 28 ans de Formule 1. Rachetée par Craig Pollock et Adrian Reynard notamment, la nouvellement nommée BAR va ainsi faire ses débuts en Australie aux mains de Jacques Villeneuve et de Ricardo Zonta. Financée en grande partie par le cigarettier British American Tobacco, elle se fait remarquer avant même le début de saison par ses livrées. Les BAR sont présentées avec deux livrées différentes, une aux couleurs de Lucky Strike et l’autre aux couleurs de State Express 555 ! Sermonnée par la FIA, l’écurie trouve une solution de secours en « fusionnant » les deux livrées…
C’est ainsi que débute la saison 1999 en Australie, avec comme chaque année ses pronostics et ses rumeurs. Quoi qu’il en soit, les favoris de la saison précédente sont aux avant-postes. Häkkinen signe la pole devant Coulthard, et Schumacher… relégué à plus d’une seconde ! La MP4-14 va-t-elle à son tour dominer la saison comme sa devancière ? Barrichello lui crée la surprise en se qualifiant quatrième, devant un excellent Frentzen et Irvine, seulement sixième.
Toutefois, le départ ne se passe pas comme prévu et les Stewart-Ford sont toutes deux victimes de la chaleur australienne. Leurs V10 Ford Zetec surchauffent et contraignent les officiels à organiser un second départ. Seul Barrichello repart depuis le fond de grille, tandis qu’Herbert doit regarder le Grand Prix depuis la murette des stands. Et ce deuxième départ accouche d’un nouveau coup de théâtre : Michael Schumacher cale à son tour ! Le voilà rejeté en fond de grille à son tour et condamné au rang de spectateur impuissant…
Le départ est enfin donné et les McLaren s’en donnent à cœur joie en tête de course, Häkkinen devant Coulthard. Les deux coéquipiers s’envolent et ne laissent aucune chance au reste du peloton, rapidement distancé. Irvine et Frentzen se retrouvent ainsi en chasse derrière les deux Flèches d’Argent, suivis par Ralf Schumacher et Fisichella. Michael Schumacher lui remonte comme une balle au classement : il est ainsi 11ème après une dizaine de tours et remonte sur Zonta.
Toutefois, le classement est chamboulé en quelques tours. Coulthard est contraint à l’abandon sur problème hydraulique alors qu’il était un tranquille second. Dans le même temps, Villeneuve perd son aileron arrière et sort de la piste, occasionnant la sortie de la voiture de sécurité. Une aubaine pour Schumacher, qui recolle ainsi aux leaders d’autant plus que c’est au tour d’Häkkinen d’abandonner à la relance. Son accélérateur fait des siennes et ouvre la porte à Irvine, qui mène là son quatrième Grand Prix en carrière. Le Nord-Irlandais prend cependant bien garde à ne pas dépasser le Finlandais pour éviter une pénalité. Son coéquipier est désormais dans les points en cinquième position après avoir passé Barrichello et Diniz.
L’Allemand passe ensuite en quatrième position après l’arrêt de Trulli, consécutif à la seconde sortie de la voiture de sécurité causée par Zanardi. L’Italien est sorti de la piste et a tapé le mur, poussant plusieurs pilotes à rentrer aux stands. Peu après le restart, l’Italien accroche Marc Gené sur sa Minardi, causant l’abandon des deux pilotes. Il ne reste alors plus que 12 voitures en piste, avec Irvine toujours leader devant Frentzen et les frères Schumacher, Ralf devant Michael.
Et alors que ce dernier pensait finalement sauver les meubles en vue du championnat, il est vu au ralenti dans le 26ème tour ! Il parvient malgré tout à rejoindre les stands avec un aileron avant de guingois et une crevaison à l’arrière gauche, mais se retrouve 12ème et bon dernier. Ses espoirs de marquer des points ne tiennent plus désormais qu’à une hécatombe devant, et il remonte 10ème avec les déboires de Diniz, alors 4ème et de Wurz dans les tours qui suivent.
Devant la situation n’évolue qu’assez peu, tant et si bien qu’Eddie Irvine remporte le premier Grand Prix de sa carrière, épargné par l’hécatombe qui a régné en piste. Il devance Frentzen qui a signé une très belle course avec sa Jordan et Ralf Schumacher qui sauve l’honneur de la famille. Fisichella termine quatrième devant Barrichello qui sauve deux points d’une course pourtant ô combien mal engagée et les Arrows de de la Rosa et de Takagi. Le Japonais termine à moins de deux secondes de son coéquipier pour ce qui aurait pu être son premier point en Formule 1. Michael Schumacher termine quant à lui huitième et bon dernier à un tour. Contraint à un énième arrêt au stands en fin de course, il signe malgré tout le record du tour à deux boucles de la fin.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce succès d’Irvine ne bouscule en rien la hiérarchie établie chez la Scuderia. Schumacher est et reste toujours le numéro 1 incontesté, mais est-ce qu’Irvine ne jouerait pas sa chance cette fois ? Après tout, il monte en puissance depuis désormais trois ans, et mène actuellement le championnat. Chez McLaren, la victoire d’Irvine est la seule consolation possible vu qu’il n’est que le laquais du Kaiser. Comme le dit si bien Ron Dennis, « if you want to finish first, first you have to finish » (Si vous voulez gagner une course, il vous faut d’abord la terminer), et après 18 tours, ses deux voitures étaient au tapis. La fiabilité a ainsi fait défaut aux Flèches d’Argent, jusqu’ici ultra-dominatrices… de mauvais augure pour la suite ? Et si Frentzen et Ralf Schumacher venaient jouer les trouble-fête ? Après tout, les deux Allemands se sont nettement montrés à leur avantage ce week-end, de quoi faire remonter leur cote et pourquoi pas jouer les premiers rôles par la suite…
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.