Série | « Kiitos » Kimi : Etats-Unis 2018, une dernière pour la route
C’est officiel depuis quelques Grands Prix : Kimi Räikkönen quittera la Formule 1 après 20 ans de présence dans la discipline. Champion du monde 2007, il laissera une trace indélébile dans l’histoire du sport. Entre sa personnalité atypique et son coup de volant exceptionnel, il a su imposer son talent pendant de longues années au plus haut niveau.Clap de fin sur cette série avec le Grand Prix des Etats-Unis 2018, qui restera comme la dernière victoire de Räikkönen en F1.
113 courses. C’est autant d’épreuves qui se sont déroulées depuis la dernière victoire de Kimi Räikkönen en F1, lors du Grand Prix d’Australie 2013 avec Lotus. Revenu chez Ferrari en 2014, le Finlandais connaît une montée en puissance progressive à l’image de ce qu’avait connu Eddie Irvine en son temps. D’une saison 2014 catastrophique avec seulement 55 points et aucun podium, le champion du monde 2007 est devenu un numéro 2 solide et compétitif, capable par moments d’aller jouer la gagne. On se souvient ainsi du Grand Prix de Monaco 2017, où Ferrari a volontairement interverti les positions pour faire gagner Vettel qui n’aurait pu vaincre son coéquipier autrement…
La saison 2018 de Ferrari est cependant compliquée. Si Kimi prend les points où il le faut, Vettel enchaîne les erreurs depuis l’Allemagne et sa sortie de piste dans le Stadium alors qu’il était en tête. Le Finlandais commet lui moins de bourdes mais est second pilote et souffre de la fiabilité parfois hasardeuse de sa Ferrari. Alors que la F1 arrive aux Etats-Unis pour le 18ème Grand Prix de la saison, son rôle de second pilote devrait disparaître. Vettel compte 67 points de retard sur Hamilton, qui doit se contenter de marquer huit points de plus pour rejoindre Fangio dans la légende. Qui plus est, Charles Leclerc sera le coéquipier de l’Allemand la saison suivante…
Mais place à la course, et dans des qualifications disputées dans des conditions piégeuses Hamilton signe la pole devant Vettel. Ce dernier est cependant pénalisé de trois places sur la grille pour ne pas avoir suffisamment ralenti sous drapeaux jaunes en essais. C’est donc Räikkönen qui accompagne le futur quintuple champion du monde sur la première ligne. Bottas et Ricciardo composent la deuxième ligne devant Vettel, tandis que Verstappen ne part que 18ème…
A l’extinction des feux, c’est cependant Räikkönen qui réalise la belle opération. Muni des gommes hyper-tendres, il jaillit de la seconde place et prend l’intérieur pour doubler Hamilton et s’emparer de la tête de la course. Il gagne une place au départ d’un Grand Prix pour la première fois depuis Abu Dhabi en 2017 ! Derrière le top 3, plusieurs pilotes se mettent à la faute… dont Vettel ! Encore une fois, l’Allemand se met à la faute en voulant doubler Ricciardo et part en tête-à-queue. Sbinalla comme certains s’amusent à le surnommer a encore frappé… Le top 4 est donc inchangé mais Verstappen est lui remonté neuvième au milieu du grabuge.
Devant, Räikkönen tente de creuser l’écart sur Hamilton mais ses gommes souffrent. Le pilote Ferrari joue la carte de l’expérience pour tenir, bien que le quadruple champion du monde anglais n’en manque pas non plus. S’ensuit un mano à mano à distance entre les deux pilotes, tandis que derrière Bottas voir revenir un Verstappen survolté. Le Néerlandais est quatrième depuis l’abandon de Ricciardo et semble avoir des ailes…
Ce dernier fait intervenir la voiture de sécurité virtuelle malgré lui. Sa Red Bull est immobilisée en pleine piste suite à une panne électrique et une grue est déployée pour la retirer. Hamilton en profite pour troquer ses pneus hyper-tendres contre des gommes tendres, alors que Räikkönen reste en piste. Un arrêt pour Ferrari contre deux pour Mercedes donc.
Hamilton fond sur la Ferrari dans un premier temps grâce à ses gommes neuves, cette dernière étant à l’agonie tant les hyper-tendres sont à la corde. Räikkönen rentre donc dans le 21ème tour et repart cinquième, derrière tous les membres du top 6 encore en course. Mais contrairement à eux, il n’a pas besoin de repasser par les stands. Le voici donc second quatre tours plus tard après les arrêts de Bottas et de Verstappen et un dépassement sur Vettel. Devant, Hamilton gère l’écart mais ses gommes se bullent et sa Mercedes perd peu à peu en performance…
Räikkönen se trouve ainsi dans un défi à double enjeu : remporter son premier GP depuis près de six ans mais empêcher Hamilton d’être titré en terre texane. Bien qu’il faudrait un cataclysme absolu pour que Vettel renverse la situation, une victoire du finlandais combiné à un peu de chance avec Verstappen et Bottas pourrait repousser la consécration du Britannique à Mexico. Ce dernier finit par stopper dans le 38ème tour et repart quatrième, rendant la tête à Räikkönen.
Au fur et à mesure que la fin de course se rapproche, la lutte pour la victoire semble opposer trois pilotes : Räikkönen… Verstappen, revenu de nulle part et Hamilton ! Le Néerlandais est actuellement second et en lice pour gagner en étant parti 18ème après ses mésaventures en qualifications ! Et des trois leaders, ses pneus sont les plus tendres et les mieux préservés… peut-il rejoindre Barrichello au palmarès ?
La réponse est donnée dans le 54ème tour. Verstappen se loupe dans le virage 12 et Hamilton tente d’en profiter derechef. Les deux pilotes se retrouvent côte à côte sur plusieurs virages, et l’Anglais parvient à prendre l’ascendant dans le virage 16. Mais il commet à son tour une erreur et part au large, perdant toute chance de repasser le Néerlandais. Ils offrent ainsi la victoire à Kimi Räikkönen, qui retrouve le chemin du succès après 113 courses et cinq ans, sept mois et quatre jours d’attente, un nouveau record !
Derrière, Vettel est parvenu à se défaire de Bottas dans les derniers tours pour prendre la quatrième place devant le Finlandais. Il retarde ainsi le couronnement d’Hamilton à Mexico, mais ce dernier n’a besoin que d’une septième place pour être sacré, si Vettel gagne les trois derniers Grands Prix. Autant dire que seules les mathématiques peuvent offrir une chance au pilote Ferrari…
Mais l’essentiel est ailleurs : « Iceman » clôt en beauté sa seconde histoire avec Ferrari. Loin du faste de sa saison 2007, il a malgré tout pu s’offrir un succès de prestige et un magnifique cadeau d’anniversaire pour ses 39 ans. Preuve s’il en est que le poids des années ne semble pas l’affecter, bien au contraire. Ses fans pourront ainsi regretter son départ pour Alfa Romeo, où il ne pourra plus jouer la victoire mais que quelques points ci et là. Mais il démontre que 17 ans après ses débuts, il faut toujours compter sur lui et son coup de volant d’autant plus qu’il reprend la troisième place du classement pilotes devant Bottas. Si seulement Vettel n’avait pas commis tant de bourdes en tout genre…
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.