Série | « Kiitos » Kimi : Brésil 2007, enfin la consécration suprême !
C’est officiel depuis quelques Grands Prix : Kimi Räikkönen quittera la Formule 1 après 20 ans de présence dans la discipline. Champion du monde 2007, il laissera une trace indélébile dans l’histoire du sport. Entre sa personnalité atypique et son coup de volant exceptionnel, il a su imposer son talent pendant de longues années au plus haut niveau. Retour aujourd’hui sur le Grand Prix du Brésil 2007, qui a vu son couronnement au détriment des pilotes McLaren.
Dire que Lewis Hamilton va devenir le premier rookie champion du monde de Formule 1 ne fait presque plus de doute à deux courses de la fin. Le jeune Anglais de 23 ans éblouit la discipline de son incroyable talent et tient la dragée haute à son coéquipier, le double champion du monde en titre Fernando Alonso ! Excepté un Grand Prix d’Europe compliqué où il est sorti dans les premiers tours et a fini à la porte des points, il n’a pas terminé plus loin que cinquième et n’a raté que deux podiums. Sa victoire sous le déluge de Fuji ne laisse que peu de chance à ses rivaux de le reprendre : Alonso a fini dans le mur et Räikkönen troisième après une âpre lutte avec son compatriote Kovalainen pour la seconde place.
Avec 17 points de retard sur le prodige anglais et cinq sur Alonso, autant dire que la mission sera plus que compliquée pour Räikkönen. Il a connu un trou d’air en début de saison (abandon en Espagne et huitième à Monaco) et a également abandonné en Europe, si bien que seules les mathématiques s’accordent à lui donner des chances de sacre. Mais en Formule 1, tout peut arriver…
Le Grand Prix de Chine va ainsi relancer le championnat de façon totalement inattendue. Tout se déroule pourtant idéalement pour Hamilton, qui prend la pole et mène le début de course sous la pluie. Mais la situation se gâte à la mi-course lorsque la piste s’assèche et que les intermédiaires des leaders se détruisent. Et soudain arrive le coup de tonnerre : Hamilton s’est sorti dans les stands ! L’Anglais s’est raté en rentrant et s’est enlisé dans un minuscule bac à graviers… Une fois la boîte de Kubica hors d’usage, c’est Räikkönen qui récupère les commandes de la course devant Alonso et Massa, un classement qui tiendra jusqu’à la fin.
Hamilton est toujours en tête du championnat, mais ne compte plus que quatre points d’avance sur Alonso et sept sur Räikkönen. Ce dernier ne peut envisager que deux scénarios pour être titré :
- Il gagne, Alonso ne fait pas second et Hamilton ne fait pas mieux que sixième (l’Anglais perdrait le titre au nombre de victoires (6-4 pour le Finlandais))
- Il finit second, Alonso ne fait pas mieux que quatrième et Hamilton ne fait pas mieux que huitième
Autant dire que ses chances restent faibles, mais pour la première fois depuis 1986 trois pilotes peuvent jouer le titre lors de la dernière course. Räikkönen peut malgré tout avoir confiance : Prost avait alors coiffé au poteau les pilotes Williams à Adélaïde. Et si 21 ans après McLaren subissait le même sort ? Déjà hors course du titre constructeurs suite à l’affaire d’espionnage avec Ferrari, elle n’a plus que ça à jouer et l’ambiance dans l’écurie est plus que toxique. Comme chez Williams en 1986 ou même en 1981…
Les qualifications voient Hamilton prendre le dessus sur Räikkönen et Alonso dans cet ordre, mais le poleman se nomme Felipe Massa, qui est un atout plus qu’inestimable pour Räikkönen. Contrairement aux deux pilotes McLaren, le Brésilien n’a plus rien à jouer et pourra donc être au service du Finlandais pour le titre si Hamilton venait à avoir une défaillance. Un doublé Ferrari éliminerait automatiquement Alonso, mais même cinquième Hamilton serait titré…
Mais le départ annonce une course vouée à entrer dans la légende. Alors que les Ferrari et Alonso partent bien, Hamilton est plus en difficulté et se retrouve quatrième après les Esses de Senna. Pire, il part au large dans la Subida do Lago et plonge au huitième rang ! Il repasse rapidement Trulli et se retrouve septième à la fin du second tour. L’ordre du championnat serait alors le suivant : Hamilton et Alonso à égalité avec 109 points chacun mais l’Anglais serait sacré au nombre de secondes places (5-4), et Räikkönen avec 108 points. Mais le Finlandais est second derrière Massa, et ni lui ni Todt ne se refuseront à échanger les positions.
Les écarts se creusent à l’avant avec les Ferrari qui s’envolent, lorsque dans le neuvième tour Hamilton est de nouveau frappé par le sort : sa boîte de vitesses se bloque ! Il parvient finalement à se relancer mais a perdu énormément de temps dans l’opération : le voici 18ème derrière Sutil ! Alonso est donc virtuellement champion, mais tout le monde sait que Massa se laissera passer pour offrir le titre à Räikkönen. Le seul espoir de McLaren subsiste en une casse pour Kimi ou une remontée incroyable d’Hamilton…
Mais devant, la parade rouge est imperturbable. Massa et Räikkönen se suivent comme leurs ombres et dominent ce Grand Prix de la tête et des épaules. Derrière, Alonso essaie de les suivre mais sa McLaren ne peut rien face à la cavalerie italienne. Hamilton lui est lancé dans une course-poursuite désespérée. 12ème après 15 tours, il remonte jusqu’en dixième place avant les arrêts aux stands, qui le font repartir 14ème… Alonso mène un petit tour avant de rentrer lui aussi et de rendre le commandement aux Ferrari.
Au vu des écarts, le seul intérêt de cette course réside en la remontée d’Hamilton : pourra-t-il finir dans le top 5 ? Le temps perdu en début de course se fait terriblement sentir : il est neuvième après 33 tours mais tombe sur David Coulthard… Et les Ferrari n’ont toujours pas échangé leurs positions, tant et si bien qu’Alonso est encore champion virtuel… mais ce dernier a fort à faire avec Kubica qui semble avoir des ailes. Le pilote BMW s’offre le scalp de l’Espagnol dans le 32ème tour, tant et si bien que Massa pourrait gagner et Räikkönen être titré ! Ces deux-là jouent également de chance lorsque la voiture de sécurité n’est pas déployée après l’accident de Kovalainen dans le 37ème tour, d’autant plus qu’Hamilton est désormais à un tour…
Mais Kubica rentre aux stands ravitailler et voici Alonso de nouveau troisième. Hamilton double Coulthard dans le 43ème tour et rentre dans les points, mais le titre se joue dans le 50ème tour. Massa rentre aux stands pour effectuer son deuxième arrêt, tandis que Räikkönen reste en piste et roule comme en qualifications. Il rentre trois tours plus tard et prend la tête du Grand Prix devant Massa pour ne plus la quitter.
Kimi Räikkönen remporte donc le Grand Prix du Brésil devant Massa et Alonso. Suivent Rosberg, Kubica, Heidfeld, Hamilton qui n’a pu faire mieux que septième à un tour et Trulli qui prend le dernier point. L’explosion de joie est totale sur le podium, avec Ferrari qui avait déjà remporté le titre constructeurs et Räikkönen qui a réussi le hold-up du siècle. Il a quand même remonté 17 points de retard en deux courses, à une époque où la victoire ne valait encore que dix points… Son titre est quelque peu en suspens dans un premier temps car McLaren porte une réclamation contre Williams et BMW. Les deux écuries sont accusées d’avoir des températures d’essence anormalement basses par rapport à la température ambiante. Toutefois la FIA classe l’affaire sans suite et le titre du Finlandais est entériné. Hamilton étant le premier pilote à un tour, il aurait fallu trois disqualifications pour le voir couronné…
Entre une fin de saison magnifique et la malchance d’Hamilton, Räikkönen aura déjoué tous les pronostics pour s’offrir un titre mondial aussi magnifique qu’inattendu. Après un titre perdu pour deux points en 2003, puis un début de saison 2005 l’ayant éliminé de la course au titre, le voici enfin sacré, qui plus est avec Ferrari. Comme Prost avant lui, il coiffe au poteau les deux autres prétendants à la couronne et démontre la raison d’être des seconds pilotes. McLaren aurait dû voir triompher un de ses pilotes, mais une concurrence interne terrible aura eu raison de leurs espoirs. Si seulement Hamilton n’avait pas fini dans les graviers en Chine… Quoi qu’il en soit, c’est tout un peuple qui s’extasie devant cette consécration, mais qui désormais attend un successeur depuis 14 ans…
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Angélique Belokopytov
Fondatrice et rédactrice en chef. Amoureuse de la course et du journalisme depuis des années, le ronronnement des moteurs m'a bercée depuis ma plus tendre enfance et rythme mon quotidien. F1nal Lap a pour but de rapprocher les amoureux de la F1 au plus près du Paddock au travers d'un contenu original et recherché. F1nal Lap, la F1 comme vous ne l'avez jamais vue !