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SÉRIE – Que sont-ils devenus ? Jacques Villeneuve, plus à l’aise derrière un volant…

La Formule 1 est le rêve de nombreux aspirants pilotes, et à ce jour seuls quelques centaines de privilégiés ont pu le réaliser. Toutefois une carrière ne dure pas toute une vie, et bon nombre de pilotes se sont reconvertis par la suite. Si certains sont restés dans le monde du sport automobile, d’autres ont choisi des voies différentes. Focus aujourd’hui sur Gilles Villeneuve, champion du monde devenu chanteur le temps d’un album…

Le nom Villeneuve reste mythique dans l’histoire de la Formule 1, que ce soit grâce au regretté père, Gilles, ou à son fils Jacques, champion du monde en 1997. Le premier était un artiste du volant, un acrobate capable de piloter dans toutes les conditions, au panache et au talent unanimement reconnus. Il était si talentueux qu’il fut avec Nuvolari l’un des deux seuls pilotes réellement adoubés par Enzo Ferrari lui-même. Il trouva hélas la mort à Zolder le 8 mai 1982, dans les circonstances que tout le monde connaît. Il laisse derrière lui sa femme Joann et deux enfants, dont Jacques qui n’a alors que 11 ans.

Il n’est pas toutefois laissé sans repères dans le monde du sport automobile, son oncle Jacques-Joseph étant lui aussi pilote automobile. S’étant illustré en Formule Atlantique, il a même tenté de se qualifier en F1 pour Arrows fin 1981, sans succès. Avoir le talent de Gilles n’est pas donné à tous… Il se distinguera malgré tout par une victoire en CART à Elkhart Lake en 1985, la première d’un canadien dans la discipline.

Mais Jacques s’exile en Europe dès son adolescence pour poursuivre ses rêves de sport automobile. Etudiant en Suisse pendant plusieurs années, il croise la route d’un certain Craig Pollock, dont nous reparlerons… Débutant en coupe Alfa à 18 ans en 1989, il devient ensuite l’un des principaux animateurs du championnat d’Italie de Formule 3 pendant deux ans, avec une sixième place en 1991 pour sa seconde saison.

A ces résultats succèdent un exil au Japon pour y courir en F3 pour 1992. Vice-champion derrière Anthony Reid, il termine également troisième à Macao derrière Rickard Rydell et Pedro Lamy. Ces bons résultats lui font achever son tour du monde en 1993, où il retrouve l’Amérique du Nord pour courir en Formule Atlantique et briller comme son père et son oncle. Une saison, cinq victoires, une troisième place au championnat et un titre de Rookie of the year plus tard, le voici propulsé en CART pour la saison 1994 grâce au soutien du cigarettier Player’s.

En deux ans, le jeune Québécois impressionne tout son monde et attire toutes les convoitises. Sixième de sa première saison avec une seconde place à l’Indy 500 derrière Al Unser Jr. et seul dans le même tour que lui, il gagne à Elkhart Lake neuf ans après son oncle. Sa saison 1995 est celle de la confirmation : il remporte quatre courses dont l’Indy 500 et devient champion CART. C’est ainsi que Williams le teste en vue de la saison 1996. Presque aussi rapide que David Coulthard et Damon Hill en essais privés, il remplace l’Ecossais en partance chez McLaren.

Il fait taire tous les sceptiques dès son premier Grand Prix en Australie. Il signe la pole pour sa première course, un exploit réalisé pour la dernière fois par Reutemann en Argentine en 1972. Il est en cela aidé par le fait que Melbourne fait son apparition au calendrier, ce qui le place sur un pied d’égalité avec ses concurrents. Longtemps leader, une fuite d’huile le contraint à finir second, manquant de peu de rejoindre Giancarlo Baghetti dans le cercle des pilotes ayant gagné leur premier Grand Prix dès leur première participation. Sa saison 1996 est ainsi plus que satisfaisante, avec de superbes capacités d’adaptation notamment face à la pluie (troisième en Espagne). Avec quatre victoires, il garde un espoir mathématique d’être titré au Japon : il doit gagner sans que Hill finisse dans les points. Bloqué dans le peloton toute la course, il perd une roue dans le 37ème tour et abandonne alors que Hill remporte la course et le titre.

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Hill parti chez Arrows en 1997, le voici leader de Williams avec comme lieutenant Heinz-Harald Frentzen. Mais cette saison va se révéler être une drôle de guerre froide entre Schumacher et lui : jamais les deux pilotes ne se croiseront sur le podium de toute la saison ! Chacun alterne ainsi entre coup d’éclats et contre-performances… Ainsi seul le Grand Prix d’Italie ne verra aucun des deux hommes sur le podium. Avec 7 victoires, Villeneuve s’adjuge le titre dans la dernière manche de la saison à Jerez après avoir survécu à un attentat de Schumacher. Il obtient ainsi la consécration suprême qui s’est toujours refusée à son défunt père… mais la suite ne sera qu’une longue descente aux enfers.

Renault quitte la F1 fin 1997 et Williams se retrouve avec des moteurs Renault rebadgés Mecachrome. Mais surtout, la FW20 est ratée et ni Frentzen, ni Villeneuve ne peuvent rivaliser avec les Ferrari ou les McLaren. Villeneuve termine certes cinquième du championnat du monde avec deux podiums, mais à des années-lumière du quatuor de tête. Et 1999 ne sera que pire encore. Il rejoint BAR-Supertec, construite sur les ruines de Tyrrell où il retrouve son manager Craig Pollock. Hélas, la voiture n’est pas fiable malgré un investissement de 150 millions de dollars, et Villeneuve doit attendre la douzième manche de la saison pour voir le drapeau à damiers ! Le meilleur résultat de l’écurie est obtenu par le remplaçant Mika Salo à Saint-Marin… classé septième malgré une casse moteur.

Villeneuve reste malgré tout quatre saisons supplémentaires chez BAR, pour seulement deux podiums en 2001. Sa situation se complique sérieusement en 2003, où il est outrageusement dominé par le nouveau venu Jenson Button. Qui plus est, le remplacement de Craig Pollock par David Richards, ancien patron de Prodrive ne joue pas en sa faveur. Il est ainsi limogé fin 2003 et remplacé par le Japonais Takuma Sato.

Il est toutefois recruté en remplacement de Jarno Trulli en 2004 chez Renault et dispute les trois derniers Grands Prix de la saison. Il passe ensuite chez Sauber en 2005 et tient la comparaison face à Felipe Massa, bien que le Brésilien parte chez Ferrari pour 2006. Villeneuve reste chez Sauber, devenue BMW mais cette fois en compagnie de Nick Heidfeld. S’il tient le coup en début de saison, son manque de résultats est vivement critiqué, et le Grand Prix d’Allemagne 2006 reste son dernier. Blessé au poignet après un accident en course, il est remplacé par le Polonais Robert Kubica, qui donnera satisfaction au point d’être conservé par BMW.

Toutefois, Villeneuve est plus ou moins dans les affaires depuis qu’il est chez BAR. Depuis 2001, il possède un restaurant dans le centre de Montréal (le Newtown), qu’il revend en 2009. Mais surtout, il se fait remarquer en 2006 lors du Grand Prix du Canada avec la sortie d’un titre, Accepterais-tu. Non, vous ne rêvez pas : Jacques Villeneuve se convertit à la chanson ! Il faut dire que son grand-père, son père et sa sœur étaient ou sont des musiciens émérites… mais force est de constater que Jacques n’est pas aussi talentueux micro en main.

Les chiffres le confirmeront : son album Private Paradise sort en 2007… et compte seulement 233 ventes lors de sa première semaine de commercialisation ! Autant dire que parler d’un échec cuisant est un euphémisme… Il a au moins le mérite de jouer lui-même de la guitare et de ne pas utiliser d’auto-tune, bien que le résultat final ne soit pas vraiment à la hauteur… Ce n’est pas lui qui connaîtra un succès à la Jean-Pierre François, ancien joueur de l’ASSE devenu star en France avec le titre Je te survivrai. Et encore moins que Yannick Noah, qui fut brillant dans ses deux carrières de tennisman et de chanteur…

Parallèlement à ce passe-temps, il court dans de nombreuses autres disciplines : NASCAR, Endurance, Formule E, rallycross… Il tente de gagner la Triple Couronne avec Peugeot, mais ne fait pas mieux que second en 2008 avant d’abandonner pour se consacrer sur la NASCAR. Cependant, la Triple Couronne est sujette à débat : Villeneuve a certes été champion du monde mais n’a jamais gagné à Monaco… Par la suite, il est de ceux qui portent le drapeau olympique à Vancouver en 2010.

Les fans de F1 arrivés récemment le connaissent surtout pour son activité de commentateur avec Julien Fébreau sur Canal+ en 2013. Il est ainsi réputé pour son franc-parler et ses opinions parfois bien tranchées, comme pouvait l’être James Hunt en son temps. Plus récemment, il a fondé il y a peu Feed Racing, une école de pilotage conçue pour lancer la carrière de jeunes talents. Les meilleurs pilotes peuvent ainsi espérer décrocher un baquet dans le championnat de France F4.

Sa carrière de chanteur fut encore plus éphémère que sa présence à l’avant des grilles de Formule 1. Jacques Villeneuve est sans conteste un pilote à l’immense talent, mais qui n’a pu briller que deux saisons avant de se fourvoyer chez BAR. Sa reconversion dans la chanson a le mérite d’avoir existé, bien qu’elle fut un flop retentissant. Désormais à la tête de divers projets, il a parfaitement su rebondir dans le monde du sport automobile et même s’il a ses détracteurs, il peut toujours leur rappeler qu’il reste champion du monde.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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