SÉRIE – Que sont-ils devenus ? Robert Doornbos, d’un jouet pour adultes à un autre…
La Formule 1 est le rêve de nombreux aspirants pilotes, et à ce jour seuls quelques centaines de privilégiés ont pu le réaliser. Toutefois, une carrière ne dure pas toute une vie, et bon nombre de pilotes se sont reconvertis par la suite. Si certains sont restés dans le monde du sport automobile, d’autres ont choisi des voies différentes. La série se clôt aujourd’hui sur Robert Doornbos, dont la carrière en F1 fut aussi éphémère que sa reconversion fut étonnante…
L’argent est en Formule 1 comme dans beaucoup d’autres sports le nerf de la guerre. Plus une écurie se retrouve en fond de grille, et plus elle va faire appel à des pilotes payants pour essayer de compléter son budget. Cependant, ces pilotes sont à la merci de leurs sponsors et le moindre désistement peut les pousser vers la sortie. Lors de la saison 2005 de Formule 1, c’est l’Autrichien Patrick Friesacher qui en fait les frais et se voit licencié après le Grand Prix de Grande-Bretagne. Pour le remplacer, Minardi recrute celui qui était alors troisième pilote Jordan : un certain Robert Doornbos.
Né en 1981 à Rotterdam, Doornbos a déjà un parcours assez atypique à la base. En effet, sa passion première n’est absolument pas le sport automobile, mais le tennis ! Il est même plutôt talentueux avec la balle jaune puisqu’il atteint le niveau semi-professionnel, mais sa vie et sa carrière changent radicalement en 1998. Il est en effet invité par Williams à assister au Grand Prix de Belgique cette année-là, et pris par le virus, il décide de se lancer en sport automobile. Il prend alors conseil auprès de Jacques Villeneuve, alors champion du monde en titre. Devant l’âge (17 ans) et la carrure du Néerlandais, le Québécois le pousse à directement courir en monoplace. Tenter sa chance en karting serait surtout une grosse perte de temps…
C’est ainsi qu’il fait ses débuts en 1999 à l’occasion les Opel Lotus UK Winter Series. Avec quatre victoires, quatre poles et quatre meilleurs tours en course, le rookie se classe second de ce championnat et réussit son entrée dans le monde du sport automobile. Il enchaîne l’année suivante avec la Formula Ford Benelux Series, et obtient de bons résultats avec notamment une victoire et une seconde place finale dans le championnat belge. De très bons résultats pour un pilote qui deux ans auparavant se consacrait à une carrière de tennisman…
L’étape suivante est donc en toute logique la Formule 3, et quoi de mieux que le championnat britannique, alors le plus prestigieux de tous ? Il est toutefois aligné en Scholarship, soit une sorte de championnat B utilisant d’anciens châssis. Ces derniers ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les châssis plus récents et font donc de la figuration au général. Doornbos termine cinquième de la catégorie avec deux poles, deux victoires et neuf podiums avant de rejoindre le championnat allemand pour 2002. Engagé chez Ghinzani (l’écurie de l’ancien pilote F1), il signe quatre podiums et termine sixième à Macau mais ne remporte pas la moindre course. Même constat en 2003 pour le compte du championnat européen, avec sept podiums mais aucun succès.
Il gravit encore un échelon en 2004 en pilotant cette fois dans le championnat international de Formule 3000, le dernier avant l’avènement du GP2 en 2005. Pilotant chez Arden, il termine meilleur rookie avec une victoire et quatre podiums, prenant la troisième place du championnat. Il termine loin derrière son coéquipier Vitantonio Liuzzi, qui a littéralement roulé sur la concurrence : sept victoires, deux secondes places et une 11ème place en 10 courses…
Mais au contraire du pilote italien, Doornbos trouve déjà un volant en Formule 1 : il sera le troisième pilote de Jordan en remplacement de Timo Glock, qui occupe le baquet de Giorgio Pantano, viré. Impressionnant lors des séances d’essais auxquelles il participe, le Néerlandais est reconduit pour la saison 2005 à ce poste, derrière Tiago Monteiro et Narain Karthikeyan. Il est ainsi présent sur tous les Grands Prix jusqu’à Silverstone sauf deux, et comme écrit en début d’article, il arrive chez Minardi en Allemagne en remplacement de Friesacher.
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Pour son premier Grand Prix en F1, il se classe 18ème et dernier, non sans s’être accroché avec Jacques Villeneuve… Il ne fait pas mieux que 13ème en course mais termine six des huit Grands Prix qu’il dispute, ses abandons étant dus à des problèmes mécaniques. Il fait aussi jeu égal avec son compatriote Christijan Albers, et Minardi tient là le premier duo de pilotes néerlandais depuis plus de 40 ans. Il fallait remonter au Grand Prix des Pays-Bas 1962, où l’écurie Maarsbergen de Carel Godin de Beaufort avait engagé une seconde voiture pour Ben Pon. Mais dans les faits, ce n’est pas le cas car Doornbos court avec une super-licence… monégasque.
En fin de saison, Minardi disparaît après 20 ans dans la discipline suite à son rachat par Red Bull. L’écurie devient Toro Rosso et aligne Vitantonio Liuzzi ainsi que Scott Speed. Doornbos est lui conservé en tant que troisième pilote Red Bull et continue de montrer son talent lors des séances d’essais. La chance lui sourit en fin de saison lorsque Christian Klien est licencié par Red Bull, entre résultats insuffisants et refus de courir dans une autre discipline. Il dispute les trois derniers Grands Prix de la saison et s’il se qualifie 10ème en Chine, il ne fait pas mieux que 12ème en course.
Faute de place en F1, sa carrière dans la discipline s’arrête là. Il rebondit alors outre-Manche en courant dans le championnat ChampCar, alors dominé de la tête et des épaules par Sébastien Bourdais. Il rejoint le Minardi Team USA, qui profite de ce nom grâce à la présence de Paul Stoddart dans l’écurie. Animateur du championnat avec de beaux coups d’éclats et deux victoires, il termine troisième du championnat derrière Justin Wilson et l’intouchable Sébastien Bourdais.
Avec la disparition du championnat fin 2007 et son unification avec l’IndyCar, Doornbos prend du recul, incapable d’obtenir un volant convenable. Il se retrouve ainsi à piloter en Superleague Formula, ou un championnat qui a eu l’étrange idée de mêler le sport automobile et le football. Ainsi, chaque voiture représente un club de football et chaque écurie possède deux voitures… Doornbos prend ainsi à sa façon la relève de Seedorf, Gullit, Rijkaard ou encore van Basten et termine troisième du championnat avec deux victoires. Il court ensuite en A1 GP pour les Pays-Bas en alternance avec Jeroen Bleekmolen, pour une victoire chacun à la clé. En 2009, il parvient à trouver un volant en IndyCar mais ne court que 17 courses sans jamais signer de top 8, avant de revenir en SuperLeague Formula en 2010 et 2011, sans réels résultats.
Sa carrière prend un tournant encore plus inattendu en 2013. Il est ainsi à la co-fondation de Kiiroo, une entreprise fabriquant des sex-toys ! Au moins ne sera-t-il pas dépaysé en matière de sensations fortes… Son entreprise fait le choix de concevoir des produits connectés à Internet, autant pour hommes que pour femmes. L’ancien pilote se targue ainsi d’avoir apporté la troisième dimension à ce secteur !
Et force est de constater que ce choix de carrière osé fut payant pour Doornbos. Kiiroo a ainsi reçu de très nombreux prix au fil des ans, consacrant la qualité de ses produits. De nombreuses collaborations ont ainsi vu le jour, d’autant plus qu’il s’agit de produits haut de gamme. Les prix de certains produits peuvent ainsi dépasser les 200 dollars… Mais force est de constater qu’en quelques années seulement, son entreprise s’est fait un nom dans le milieu et possède une solide réputation à force de prix et de récompenses.
Toutefois, le Néerlandais est revenu à ses secondes amours sur la chaîne néerlandaise Ziggo Sport. Il est l’analyste des Grands Prix, aux côtés d’Olav Mol et de Giedo van der Garde, parfois surnommé « Banter Garde » en raison de ses phrases piquantes sur Twitter. Force est de constater que sa carrière entrepreneuriale a connu plus de succès que sa carrière en Formule 1, malgré un talent certain volant en mains. S’il n’a jamais obtenu de titre, il n’en est pas moins resté un animateur de pelotons avec de nombreuses victoires en dehors de la Formule 1 où il n’a jamais eu de réelle chance de briller.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.