Au volant des courses,  Formule 1

GP de Hongrie : Alpine, le jour de gloire est enfin arrivé

Le mois d’août est bien souvent synonyme de trêve estivale et donc de repos pour les pilotes et les écuries. Mais ce week-end est synonyme de Grand Prix, en Hongrie pour la onzième manche de la saison. Et après un départ complètement fou, c’est une immense surprise qui a lieu à l’arrivée. Alors qu’on attendait un duel Hamilton-Verstappen, un autre pilote a malgré lui rebattu les cartes…

Poser Alpine en tant que favorite pour la victoire tient du miracle plus qu’autre chose. L’écurie française est dans le troisième wagon des écuries en compagnie d’Aston Martin et d’AlphaTauri, derrière McLaren et Ferrari. Malgré tout, Alonso et Ocon parviennent à bien figurer avec les monoplaces bleues, avec plusieurs Q3 et quelques arrivées dans les points. Alonso reste ainsi sur cinq arrivées consécutives dans les points avec pour meilleur résultat une sixième place à Bakou. Mais de là à jouer ne serait-ce que le top 5 à la régulière, la tâche s’annonce ardue…

Les essais conservent la hiérarchie habituelle avec quelques surprises, mais en qualifications une voiture s’écarte du chemin des Alpine. Carlos Sainz part à la faute en Q2 et provoque un drapeau rouge, offrant une place supplémentaire en Q3. Et les deux Alpine y parviennent en battant notamment Daniel Ricciardo. Dans une séance finale serrée à partir de la quatrième place (à une seconde de la pole…), les monoplaces françaises se qualifient huitième et neuvième, Ocon devant Alonso.

Comme l’an dernier, la pluie s’invite avant la course et le départ est donné sur une piste humide. Tout le monde part en pneus intermédiaires, et Valtteri Bottas décide de tout plaquer pour devenir une boule de bowling… Le Finlandais patine, se fait doubler par Norris, rate son freinage, percute le Britannique et expédie sa Mercedes ainsi que la McLaren dans les Red Bull. Jacques Villeneuve ne manque pas l’occasion de le « féliciter »… Derrière, Stroll part trop à l’intérieur et percute Leclerc puis Ricciardo. Seul ce dernier peut continuer la course.

Hamilton se retrouve ainsi tranquillement en tête… mais le classement derrière n’a aucun sens. Ocon est ainsi second, devant Vettel, Sainz, Tsunoda, Latifi, Alonso, Russell, Räikkönen et Schumacher après deux tours ! Bottas, Pérez, Stroll et Leclerc sont out, rapidement rejoints par Norris dont la McLaren a souffert au départ. Mazepin est lui aussi contraint à l’abandon : Alfa Romeo a relâché Räikkönen trop vite et le Russe n’a pu freiner à temps pour éviter le contact… Bottas est d’ailleurs pénalisé de cinq places sur la grille pour le prochain Grand Prix en Belgique.

Le drapeau rouge est logiquement brandi pour nettoyer la piste et réparer les dégâts, pendant que la piste s’assèche minute après minute. Et au restart, Hamilton commet une terrible erreur stratégique (à la joie de ses détracteurs) : il est le seul pilote à rester en intermédiaires ! Il est ainsi seul sur la grille, tandis que Villeneuve éclate de rire devant l’absurdité de la situation.

Son pari est un échec total, et le voici rejeté en dernière position. Le classement est encore moins logique : Esteban Ocon est en tête d’un Grand Prix pour la première fois de sa carrière, et il s’échappe en tête en compagnie de Sebastian Vettel ! Encore plus fou : Latifi est troisième de ce Grand Prix devant Tsunoda et Sainz ! On retrouve ensuite Alonso, Russell, Räikkönen, Ricciardo, Schumacher, Verstappen dont la voiture a été endommagée au départ, Gasly, Giovinazzi et Hamilton bon dernier. Si on voulait des surprises, nous voilà servis. Russell était même second mais l’Anglais a voulu dépasser tout le monde dans les stands…

La course se calme quelque peu dans les tours qui suivent. Ocon et Vettel se suivent en file indienne et s’envolent devant Latifi qui ne peut suivre leur rythme. Derrière, Verstappen parvient à dépasser Schumacher mais non sans peine, et Hamilton commence comme à son habitude à faire passer le reste du peloton pour des plots… Heureusement que le tracé du Hungaroring ne permet pas tant de dépassements.

En tête rien ne change, Vettel met Ocon sous pression mais le Français ne se laisse nullement impressionner par le quadruple champion du monde. Il garde la tête froide et conserve le commandement, alors que leur plus grosse menace semble venir comme toujours d’Hamilton. L’Anglais a réussi un superbe undercut sur Verstappen et Ricciardo, se dernier mettant un genou à terre devant la Mercedes et continue de remonter dans le classement. Il gagne ainsi sept places en 12 tours et se place en cinquième position après 32 tours, occasionnant l’arrêt de Sainz qui craint de se faire dépasser au jeu des arrêts… Il laisse ainsi Alonso en troisième position mais se rend rapidement compte de la possibilité qu’à l’Anglais de changer à nouveau de pneus et prévient le stand Ferrari…

Vettel tente l’undercut sur Ocon dans le 36ème tour, mais son arrêt dure 3,1 secondes à cause d’un écrou récalcitrant. Il repart malgré tout troisième derrière les Alpine, Ocon devant Alonso. Le Français s’arrête dans le tour suivant et repart devant l’Aston Martin malgré un magnifique tour de sortie de l’Allemand. C’est l’action décisive de la course, celle qui peut lui offrir la victoire ! Il faut remonter à Alain Prost en 1983 pour avoir un pilote français vainqueur sur une voiture française avec un moteur français… La Ligier de Panis à Monaco était motorisée par Mugen.

Alonso est alors en tête, mais ravitaille à son tour et repart cinquième derrière Hamilton. Celui-ci décide de faire de même quelques tours plus tard, bloqué derrière Sainz et laisse passer l’Espagnol d’Alpine… qui ne va pas lui laisser la moindre opportunité. Pendant qu’Ocon mène toujours la course, Alonso va offrir une défense absolument incroyable face au septuple champion du monde pendant une dizaine de tours. La Mercedes se retrouve ainsi bloquée derrière une Alpine pilotée de main de maître, parfois à la limite, ce dont ne manque pas de se plaindre le natif de Stevenage… Aurait-il oublié ce que signifie se battre dans le peloton ?

Hamilton parvient finalement à dépasser Alonso et Sainz, mais il est trop tard pour espérer mieux que la troisième marche du podium. A la surprise générale, Esteban Ocon gagne ce Grand Prix de Hongrie, et devient le 14ème pilote français à s’imposer en Formule 1. Il gagne moins d’un an après Pierre Gasly à Monza et devient le premier pilote français à s’imposer sur une voiture française depuis Alain Prost lors du Grand Prix d’Autriche 1983.

Vettel termine à une superbe seconde place, mais les positions de ces deux hommes auraient été fortement menacées si Hamilton avait passé Alonso plus tôt ou si la course avait continué. L’Anglais termine troisième alors qu’il fondait sur les hommes de tête. Sainz est quatrième devant le soldat Alonso et les deux AlphaTauri de Gasly et Tsunoda, le Français arrachant le record du tour dans l’ultime boucle. Nicholas Latifi et George Russell réalisent un miracle en classant les deux Williams dans les points, devant Verstappen qui sauve un petit point au volant d’une voiture sérieusement endommagée. Merci Bottas… Räikkönen termine onzième devant Ricciardo, un Schumacher étincelant dans le peloton en début de course et Giovinazzi.

Et comme si cela ne suffisait pas, c’est au tour de Sebastian Vettel de se faire disqualifier sans ménagement par la FIA. Officiellement, la quantité d’essence contenue dans le réservoir de son Aston Martin était insuffisante pour permettre toute analyse. Encore une décision où le bon sens et la logique ont décidé d’aller voir ailleurs. Il est quand même effarant de voir un pilote comme Vettel se battre toute la course dans une position inhabituelle au vu des performances de sa voiture se faire éliminer pour si peu… Certains faits de course autrement plus graves n’ont pas été aussi sévèrement sanctionnés mais la logique de la FIA reste plus que discutable. Tout le monde sauf Ocon gagne ainsi un rang : Hamilton reprend deux points supplémentaires à Verstappen, Sainz monte sur le podium et Räikkönen marque un petit point.

Toutefois, une rumeur circule quant au motif de la disqualification de Vettel. Certains avancent que l’Allemand aurait été en réalité sanctionné par rapport à sa tenue lors de l’hymne d’avant-course. Dans un pays récemment marqué par l’adoption de lois anti-LGBT, Vettel arborait un T-shirt arc-en-ciel avec l’inscription « Same Love » et un masque lui aussi arc-en-ciel. Il faut croire que cela n’a pas plu à la FIA et que dans ce cas, leur slogan « We Race As One » n’est rien d’autre qu’un marketing mensonger… Mais nul besoin de spéculer sur ceci, d’autant plus qu’Aston Martin a fait appel de la décision de la FIA. Affaire à suivre…

Le héros du jour est et restera Esteban Ocon, vainqueur d’un Grand Prix avec quatre événements majeurs :

Ocon peut ainsi remercier Alonso pour son travail d’équipe exemplaire, mais aussi Bottas qui n’en finit plus de se décrédibiliser course après course. Le pauvre Finlandais doit peut-être mieux comprendre pourquoi Hamilton le veut tant chez Mercedes… Il est pourtant un très bon pilote comme l’attestent ses résultats chez Williams entre 2014 et 2016, ou ses victoires chez Mercedes. Mais force est de constater que cette saison est plus que compliquée pour lui… au point de se voir remplacé par Russell ?

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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