Les super-subs de la F1 : Jarno Trulli, si proche d’un triomphe en bleu…
Dans une saison 2020 marquée par l’épidémie de COVID-19, il est un pilote qui a fait sensation sans avoir de volant de titulaire. En effet, Nico Hülkenberg a réussi à terminer deux courses dans les points sur deux départs, alors qu’il ne devait pas courir de la saison. Il n’est cependant pas le premier pilote dans ce cas, et nous allons revenir ce mois-ci sur ces « super-subs ». Sans volant pour la saison comme Hülkenberg, ou propulsés du jour au lendemain dans une écurie de pointe, ils ont pour point commun d’avoir réalisé des performances extraordinaires. Focus aujourd’hui sur Jarno Trulli, propulsé de Minardi à Prost lors de la saison 1997.
Grand Prix du Canada 1997. 52ème tour. 7e manche de la saison. Tout est à jouer dans ce championnat qui voit Jacques Villeneuve et Michael Schumacher se disputer la tête du championnat pilotes. A cet instant précis, Coulthard vient de rentrer aux stands et de laisser le commandement à Schumacher, alors que Villeneuve est out dès le premier tour. Mais alors que l’Ecossais est bloqué aux stands suite à un problème d’embrayage, c’est le troisième du championnat qui est dans le mur. Panis s’est mis dans le mur après une casse mécanique et a tapé très fort dans un mur de pneus. Il essaie de sortir de sa Prost JS45, mais se rend compte avec horreur que ses jambes ne répondent plus.
La course est arrêtée, et alors que Schumacher reprend la tête du championnat avec cette victoire, le pilote grenoblois est transporté à l’hôpital de Montréal et le diagnostic est sans appel : double fracture tibia-péroné à la jambe gauche, ainsi qu’une fracture du tibia à la jambe droite. Sa saison est logiquement mise entre parenthèses pour plusieurs courses minimum, et Alain Prost doit lui trouver un remplaçant au plus vite. Deux pilotes vont alors se confronter en essais privés pour ce baquet.
Le favori initial de Prost est le Français Emmanuel Collard, mais Briatore suggère au quadruple champion du monde le nom de Jarno Trulli. Actuellement chez Minardi, ce jeune italien de 22 ans se morfond en queue de peloton au volant d’une voiture peu performante. Il est cependant réputé pour être talentueux, et il est donc confronté à Collard lors d’essais privés à Magny-Cours. Si sur la piste les deux pilotes réalisent des temps similaires, en coulisses leur comportement va favoriser le choix de l’écurie. Arrogant et trop sûr de lui, Collard se comporte en diva alors que Trulli est totalement impliqué avec l’écurie dès ces essais. Bien lui en prend, puisqu’il est choisi par Prost pour épauler Nakano. Ce dernier se retrouve dans une situation similaire à celle de Satoru Nakajima il y a 10 ans : imposé par Honda et réalisant des performances plus que moyennes. Il a cependant marqué son premier point en F1 à l’occasion de ce Grand Prix du Canada.
Il confirme rapidement les espoirs mis en lui pour son premier Grand Prix avec Prost en France, avec une sixième place sur la grille de départ ! Hélas, il est quelque peu piégé par les conditions changeantes et ne termine que dixième. Ses premiers points arrivent cependant en Allemagne, où il termine quatrième après une course solide. Sans des problèmes de freins, il aurait même pu jouer le podium ! Pendant ce temps, Panis se remet de ses blessures et accélère sa rééducation pour être de retour avant la fin de la saison. Trulli sait qu’il n’a plus que quelques courses pour faire parler son talent, et la dernière d’entre elles sera la plus belle.
Alors que la lutte pour le titre continue de faire rage entre Schumacher et Villeneuve qui se livrent malgré eux une sorte de guerre froide, Trulli exploite à merveille ses pneus Bridgestone en qualifications. Il signe le troisième meilleur temps derrière Villeneuve et Häkkinen, et devant Frentzen et les Stewart ! Mais le début de course est encore plus fou, puisque l’Italien s’empare des commandes devant Barrichello, Villeneuve et Magnussen ! Les pneus Bridgestone sont décidément à la fête sur le tracé autrichien, de retour au calendrier après 10 ans d’absence.
Non content de mener la course, Trulli enchaîne les meilleurs tour et s’envole en tête. Deuxième, Barrichello n’est pas aussi rapide et fait bouchon devant Villeneuve, qui klaxonne derrière le Brésilien. Les premiers arrêts aux stands permettent de libérer le Québécois, qui commence alors à réduire l’écart sur un Trulli survolté. Ce dernier ravitaille dans le 36ème tour, quatre tours avant Villeneuve mais la logique reprend le dessus : le pilote Williams a repris la tête.
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Une fois tout le monde passé par son stand, Trulli tient malgré tout une superbe seconde place, digne des plus belles performances d’Olivier Panis en début de saison. Il reste à quelques secondes de Villeneuve, et personne n’est en mesure de le menacer. Il se dirige vers son premier podium… mais tout bascule dans le 58ème tour. Nakano puis Trulli cassent leurs moteurs dans ce tour et doivent abandonner. Si le Japonais évoluait à une lointaine 14ème place, c’est un véritable crève-cœur pour l’Italien qui perd une occasion unique de monter sur le podium.
De plus, son intérim prend fin au soir de ce week-end autrichien. Olivier Panis a terminé sa rééducation et reprend donc le volant de la Prost à compter du Grand Prix du Luxembourg. Trulli est donc sans volant pour la fin de saison, mais ses performances ne sont pas passées inaperçues. Ainsi, Prost active une option de son contrat et le signe pour la saison 1998 aux côtés d’Olivier Panis. Les monoplaces bleues étant désormais motorisées par Peugeot, l’écurie française n’a plus besoin du pilote japonais qui rebondit chez Minardi.
Avec cet intérim de quelques courses ponctuées par une quatrième place en Allemagne et une superbe course en Autriche, Jarno Trulli venait de réellement lancer sa carrière F1. Il restera ainsi 14 saisons supplémentaires dans la discipline chez Prost, Jordan, Renault, Toyota et Lotus. Le point d’orgue de sa carrière reste assurément sa victoire de prestige à Monaco en 2004, la seule obtenue en 256 Grands Prix. Pilote rapide en qualifications mais ne confirmant pas toujours en course, il n’en reste pas moins l’un des plus appréciés et reconnus de son époque.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.