Les quatre couronnes de Vettel : Inde 2013, l’égal de Prost et vers de nouveaux records
C’est LA nouvelle de ces dernières semaines dans le monde de la Formule 1 : Sebastian Vettel ne renouvellera pas son contrat chez Ferrari pour 2021. Si cette décision a ainsi lancé la silly season avant même qu’elle débute réellement, on risque fort de ne plus voir le quadruple champion du monde allemand sur la grille après 2020. Il n’envisage actuellement que deux options : rejoindre Mercedes ou partir à la retraite. Comme nous avions réalisé une série sur ses erreurs lors de la saison 2018, nous allons cette fois revenir sur ses quatre titres mondiaux, avec cette fois à l’honneur la saison 2012.
Avec trois titres consécutifs, Sebastian Vettel et Red Bull sont le pilote et l’écurie à vaincre à tout prix. Avec une réglementation qui n’évolue qu’assez peu entre 2012 et 2013 (limitation de l’utilisation du DRS), il y a fort à parier que la hiérarchie de la grille ne devrait guère évoluer, à un détail près. En effet, après six ans et un titre mondial chez McLaren, Lewis Hamilton change pour la première fois d’écurie et part ainsi chez Mercedes. Il remplace Michael Schumacher qui part à la retraite pour de bon cette fois et se retrouve associé à Nico Rosberg.
McLaren elle a fait appel à la révélation de la saison précédente Sergio Pérez, qui se voit ainsi récompensé de ses trois podiums avec Sauber. En fond de grille, on note la disparition de HRT, qui de toute façon ne laissera pas un souvenir impérissable dans la discipline si ce n’est d’avoir permis à un certain Daniel Ricciardo d’avoir effectué ses débuts.
Les essais de présaison voient ainsi Rosberg signer le meilleur temps de l’ensemble des journées d’essai devant Alonso, ce qui peut rassurer Hamilton sur ce qu’il peut accomplir avec sa nouvelle voiture. Mais en Australie, c’est Räikkönen qui s’en va cueillir les lauriers devant Alonso et Vettel, dans une course qui aura vu notamment Sutil mener quelques tours avec sa Force India. L’Allemand de Red Bull remet les pendules à l’heure en Malaisie en s’imposant et en prenant les commandes du championnat. Personne ne le sait encore, mais il ne les lâchera plus de la saison.
Cependant, ce Grand Prix de Malaisie va virer au malaise entre les deux coéquipiers de Red Bull. L’ordre est donné par Christian Horner de geler les positions entre Webber en tête et Vettel second pour assurer le doublé. Mais Vettel fait fi des consignes et s’en va chercher la victoire au détriment de son coéquipier australien. Ce dernier ne cesse ainsi de répéter « Multi 21 » à Vettel, pour lui rappeler que les positions avaient été gelées en sa faveur.
La saison reste réellement disputée pour le titre jusqu’en Espagne, où Vettel ne compte que quatre points d’avance sur Räikkönen, tandis qu’Alonso gagne son 32ème et dernier Grand Prix. Dès l’épreuve suivante à Monaco, Vettel prend ses distances avec le reste du peloton en terminant second derrière Rosberg avant de gagner au Canada : il compte alors 36 points d’avance sur Alonso ! Il connaît un coup d’arrêt à Silverstone, victime d’un rare problème de fiabilité qui remet l’Espagnol de chez Ferrari à 21 points. Cependant, il ne sait pas qu’il ne lui reprendra plus le moindre point.
« Baby Schumi » s’impose ainsi à domicile en Allemagne, avant de terminer troisième en Hongrie derrière Räikkönen et Hamilton qui gagne sa première course avec Mercedes. Les Flèches d’Argent en sont ainsi à trois victoires cette saison, et Vettel mène le championnat du monde avec 36 points d’avance sur Räikkönen, 37 sur Alonso et 46 sur Hamilton. Rien n’est encore joué, mais personne ne se doute que la machine Vettel va se mettre en route et rouler sur la concurrence sans lui laisser la moindre miette.
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L’Allemand s’impose ainsi en Belgique sur son scénario habituel : il prend la tête au départ et s’envole sans laisser l’ombre d’une chance à ses rivaux. Il récidive en Italie et à Singapour, se payant même le luxe de réaliser le Grand Chelem lors de ce dernier Grand Prix. Il était ainsi capable de tourner en moyenne deux secondes plus vite que la concurrence ! Derrière, seul Alonso survit en terminant second de ces trois courses. Il est relégué à 60 points, contre 88 pour Hamilton…
Alors qu’il n’avait réalisé que deux Grands Chelem avant Singapour, Vettel en signe deux consécutifs en dominant le Grand Prix de Corée du Sud, qu’il remporte devant les deux Lotus-Renault. La question n’est plus de savoir qui sera titré en fin de saison, mais quand Vettel sera l’égal de Prost ? Et avec encore cinq Grands Prix à disputer, peut-il tous les gagner et battre le record de victoires consécutives en une saison ? S’il y parvenait, il battrait le record de Michael Schumacher (sept en 2004). Il égalerait aussi un record d’Alberto Ascari, qui avait remporté neuf courses consécutivement entre 1952 et 1953 avec la Ferrari 500 F2.
L’Allemand fait la passe de cinq au Japon en dominant Webber et Grosjean, alors qu’Alonso sauve mathématiquement sa tête en terminant quatrième. Avec 90 points de retard et quatre Grands Prix restants, il n’a que deux solutions à la probabilité nulle :
- Il gagne les quatre courses et Vettel ne marque pas plus de neuf points
- Il en gagne trois et finit une fois deuxième, et Vettel ne marque pas plus de deux points
Au vu de la forme de l’Allemand et de sa voiture, Alonso devra se contenter du titre de vice-champion, mais à combien de points de Vettel ?
Le petit monde de la F1 se déplace ainsi en Inde pour la quinzième manche de la saison. Sebastian Vettel est quasiment assuré d’y glaner sa quatrième couronne mondiale, vu qu’un top 5 lui suffit pour éteindre les derniers (faibles) espoirs d’Alonso. Il met du cœur à l’ouvrage avant même la course : il signe le meilleur temps de toutes les séances d’essais et de qualification, à l’exception de la Q1 qu’il laisse à Button. Il signe la pole avec plus de sept dixièmes d’avance sur Rosberg et Hamilton et se donne de bonnes chances d’aller chercher la victoire.
Cependant, il part en pneus tendres comme les Mercedes et ces derniers sont extrêmement fragiles, incapables de tenir plus de quelques tours. Il se retrouvera donc englué dans le peloton et risque fort de ne pas pouvoir remonter jusqu’aux avant-postes. Il prend cependant un bon départ, suffisant pour garder l’avantage sur Hamilton et s’arrête après seulement deux tours pour récupérer des gommes dures bien plus efficaces.
Toutefois, il n’est finalement pas tant handicapé par sa stratégie car nombre d’autres pilotes ont fait le même choix. Au douzième tour, il se retrouve quatrième d’une course menée par son coéquipier Webber devant Pérez et Ricciardo. Ces deux derniers pilotes ont profité de ne pas avoir pu rejoindre la Q3 pour partir en pneus durs et donc passer un peu de temps dans les premières places. Ils ne résistent cependant pas longtemps à un Vettel inarrêtable qui est deuxième dans le 21ème tour et virtuellement leader devant Webber qui doit passer aux stands. Les Mercedes elles sont incapables de suivre le rythme de la Red Bull et lui concèdent en moyenne une seconde au tour…
Entre le 28ème et le 34ème tour, c’est la quasi-totalité du peloton qui passe par les stands pour changer de pneus une nouvelle fois, la dernière pour certains, notamment les Red Bull. Comme prévu, c’est Vettel qui prend la tête des opérations devant Webber. Ils devancent un étonnant Sutil qui profite de sa stratégie à un arrêt, Räikkönen et Rosberg. Si la victoire semble jouée sauf problème de fiabilité pour Vettel, le classement derrière n’est en rien figé.
Ainsi Webber tombe en panne d’alternateur, Sutil ravitaille et chute quelque peu au classement, tandis que Räikkönen voit ses gommes s’effondrer en fin de course. Il dégringole au classement et sort même des points ! Devant, Vettel remporte sa dixième course de la saison, la sixième consécutive devant Rosberg et Grosjean. Il s’assure définitivement de sa quatrième couronne mondiale et rejoint Prost au palmarès, un titre derrière Fangio. Il est également le troisième pilote à conserver sa couronne quatre saisons de suite, ce qui n’est pas un mince exploit.
Toutefois, il lui reste encore trois courses et des records à aller chercher. S’il ne signe pas la pole à Abu Dhabi, il prend la tête dans le premier tour et domine la course pour aller chercher sa septième victoire consécutive et égaler le record de Michael Schumacher en 2004. Il bat ce record à Austin avec la manière en réalisant le huitième hat-trick de sa carrière, ne manquant le Grand Chelem que pour deux tours en tête abandonnés à Romain Grosjean. Pour finir la saison en beauté, il domine le dernier Grand Prix de la saison au Brésil, ne laissant que le meilleur tour en course à Webber.
Cette saison 2013 de Sebastian Vettel est encore plus impressionnante sur certains points par rapport à sa campagne 2011. Il a ainsi gagné 13 courses, dont les 9 dernières de la saison consécutivement et relègue son plus proche poursuivant, Fernando Alonso, à 155 points, soit plus de six victoires d’écart ! Avec 397 points, il a marqué encore plus de points qu’en 2011 (392) mais a surtout roulé davantage sur la concurrence. Seul Alonso a marqué plus de 200 points, Kimi Räikkönen en est resté à 199 points sans avoir pu participer aux deux dernières courses de la saison.
Cette insolente domination a comme au temps du Baron Rouge fait chuter les audiences de la discipline et provoqué l’ire des fans, dépités de voir le prodige allemand écraser chaque course sans forcer son talent ou presque. Cependant, un bouleversement de réglementation est prévu pour 2014 avec notamment le passage au V6 turbo hybride. Et comme tout le monde le sait, cette motorisation a sonné le glas de l’ère Vettel pour instaurer l’ère Mercedes… qui dure depuis désormais six ans.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.