Dans les allées du Paddock,  Formule 1

Toro Rosso : voie de garage pour espoirs déçus ?

L’annonce de Red Bull a secoué le petit monde de la F1 : Pierre Gasly échange de baquet avec Alexander Albon avec effet immédiat ! Le jeune Thaïlandais va donc courir chez Red Bull à partir du Grand Prix de Belgique, tandis que le Normand fait son retour chez Toro Rosso. Il y retrouve un certain Daniil Kyvat, qui lui aussi a auparavant fait les frais des caprices de l’écurie autrichienne.

C’est l’info de la journée : après 11 Grands Prix décevants, Pierre Gasly se voit rétrogradé chez Toro Rosso et remplacé non pas par Daniil Kyvat, qui semblait le plus en vue pour remplacer le Normand, mais Alexander Albon. Il s’agit du premier changement de line-up depuis le Grand Prix du Mexique 2017, où Kvyat avait alors été viré de Toro Rosso et remplacé pour de bon par Gasly.

Une filière Red Bull en perte de vitesse ?

Depuis le début des années 2000, le Red Bull Junior Team encadre de jeunes talents pour les faire monter jusqu’en F1. Le premier fut Enrique Bernoldi, totalement oublié aujourd’hui après une saison et demie chez Arrows en 2001 et 2002. Fin 2004, l’écurie Jaguar est rachetée et rebaptisée Red Bull. L’équipe engage l’expérimenté David Coulthard pour épauler les jeunes Vitantonio Liuzzi et Christian Klien, qui se disputent le second volant.

C’est ainsi que fin 2005, la vénérable Scuderia Minardi est rachetée par Red Bull pour devenir la Scuderia Toro Rosso afin d’offrir un volant à tous ses espoirs. De nombreux pilotes vont y passer, et Sebastian Vettel va être le premier produit de cette filière à exploser aux yeux de la F1. Victorieux à Monza en 2008, il passe chez Red Bull l’année suivante et profite des changements de réglementation pour aller chercher 4 titres mondiaux entre 2010 et 2013.

C’est ainsi que fin 2005, la vénérable Scuderia Minardi est rachetée par Red Bull pour devenir la Scuderia Toro Rosso afin d’offrir un volant à tous ses espoirs. De nombreux pilotes vont y passer, et Sebastian Vettel va être le premier produit de cette filière à exploser aux yeux de la F1. Victorieux à Monza en 2008, il passe chez Red Bull l’année suivante et profite des changements de réglementation pour aller chercher 4 titres mondiaux entre 2010 et 2013.

Daniel Ricciardo et Max Verstappen sont les deux autres pépites de la filière autrichienne, le Hollandais battant tous les records de précocité année après année. Pourtant, à côté de ces deux pilotes, aucun autre n’a réussi à réellement percer en F1. Buemi, Algersuari, Bourdais, Speed n’ont pas réussi à rouler ailleurs que dans l’écurie de Faenza. Kyvat et Gasly ont eu leur chance dans l’écurie autrichienne, mais les deux n’ont pas eu suffisamment l’occasion pour faire leurs preuves. Surprise à la clé, Red Bull a réengagé Brendon Hartley en 2017 après l’avoir lâché, il y a de ça des années. L’écurie a également licencié il y a peu, Dan Ticktum, auteur d’une saison anonyme en Super Formula au Japon. Quant à Sainz, il a poursuivi sa carrière chez Renault puis McLaren, et s’affirme désormais comme le meilleur des « autres », devant Räikkonën.

En F1, il n’y a que deux volants par écurie et vingt voitures sur la grille pour des centaines de milliers de pilotes. Les filières ne peuvent avoir un volant pour tous leurs pilotes et trouver la perle rare relève du défi. Tout le monde n’a pas le talent de Vettel, Ricciardo ou Verstappen, et Red Bull a souvent du mal à trouver des remplaçants à la hauteur. S’il avait été assez aisé de remplacer Webber par Ricciardo, Kvyat n’a été qu’une sorte d’intérim jusqu’à l’arrivée de Verstappen. Et Gasly subit le même sort à la suite du départ inattendu de Ricciardo. Le Français était le choix par défaut, Hartley étant viré de l’écurie. Ses performances n’ont pas été à la hauteur des attentes, ce qui a résulté en sa dégradation chez Toro Rosso.

Albon, jeté dans la cage aux lions ?

 

 

On croirait à un coup de poker désespéré pour sauver ce qui peut l’être. Alors que tout le monde pensait voir Gasly rester jusqu’en fin de saison chez Red Bull, l’écurie autrichienne a revu ses plans et parié sur le jeune Thaïlandais. C’est une décision plus que surprenante, et qui comprend le risque de soit détruire la carrière d’Albon, soit de la propulser vers les sommets.

Troisième du dernier championnat du monde F2 derrière Russell et Norris, il avait déjà été le recrutement surprise de cette année 2019, en remplacement de Brendon Hartley reparti en Endurance et en Formule E. Le voilà désormais au volant de la troisième meilleure voiture du plateau… mais avec seulement 11 Grands Prix disputés, contre 26 pour Gasly avant cette saison ou 19 pour Kvyat. Bien que ce manque d’expérience peut ne pas être un frein (23 courses pour Verstappen, 21 pour Leclerc), il va sans dire qu’il ne va pas avoir la tâche facile.

 

Certains jugent qu’Albon ne sera qu’un Gasly 2.0, d’autant plus que le Français a plus de références que le Thaïlandais. Mais comme l’a prouvé Stoffel Vandoorne, les titres en formules de promotion ne garantissent pas de devenir un top pilote en F1. Il vaut mieux laisser la saison se poursuivre et voir de quoi le rookie sera capable au volant d’une telle monoplace.

Gasly-Kvyat : le duo des rétrogradés.

Ce retour chez Toro Rosso va certainement miner le moral du Français, dont les performances n’ont jamais été à la hauteur de son illustre coéquipier. Il pourra cependant compter sur le soutien de Daniil Kyvat, qui connait mieux que personne les conséquences des caprices de Marko et Horner, d’autant plus que ce dernier doit voir la promotion d’Albon comme un énième camouflet.

Il est, et de loin, le plus expérimenté des trois, avec 84 Grands Prix et trois podiums, dont un lors du dernier Grand Prix d’Allemagne. Surnommé « la torpille » depuis son double accrochage avec Vettel lors de son Grand Prix national en 2016, il a connu plus de bas que de hauts, mais pensait avoir enfin retrouvé la lumière et une place potentielle de titulaire chez Red Bull. Il n’en est finalement rien, et ce duo Kvyat-Gasly va devoir batailler jusqu’à la fin de saison pour espérer au moins rester chez Toro Rosso.

Et en 2020 ?

Ce remplacement prématuré de Gasly redistribue pas mal de cartes au niveau des transferts, à supposer qu’Albon soit effectivement une copie carbone de Gasly au niveau performances. Si le Thaïlandais n’obtient pas le niveau demandé, nombreux sont les pilotes qui vont convoiter une place dans l’écurie autrichienne. Carlos Sainz, auteur d’une sublime première partie de saison, pourrait ainsi revenir dans le giron Red Bull et retrouver Verstappen, eux qui ont fait cause commune chez Toro Rosso jusqu’à la promotion du Hollandais. Aucun de ses jeunes talents n’étant prêt, un pilote venant d’une autre écurie pourrait obtenir ce volant. Nico Hülkenberg avait été un temps évoqué par certaines rumeurs, tout comme un retour de Daniel Ricciardo ou de Sebastian Vettel, tous démentis. Resterait la piste Kyvat, mais vu comment elle a été écartée, ce dernier ne devrait pas bouger de chez Toro Rosso.

Quoi qu’il en soit, tout ceci n’est que spéculation tant qu’Albon n’a pas roulé avec la Red Bull. S’il va devoir rapidement s’adapter à la monoplace autrichienne, il peut étonner son monde et pourquoi pas faire mieux que le prince Bira en devenant le premier Thaïlandais à monter sur un podium de F1. Reste à voir s’il fera oublier Gasly ou si Marko et Horner vont devoir se casser la tête pour la prochaine saison.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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