Les quatre couronnes de Vettel : Brésil 2012, une remontada pour une troisième couronne
C’est LA nouvelle de ces dernières semaines dans le monde de la Formule 1 : Sebastian Vettel ne renouvellera pas son contrat chez Ferrari pour 2021. Si cette décision a ainsi lancé la silly season avant même qu’elle débute réellement, on risque fort de ne plus voir le quadruple champion du monde allemand sur la grille après 2020. Il n’envisage actuellement que deux options : rejoindre Mercedes ou partir à la retraite. Comme nous avions réalisé une série sur ses erreurs lors de la saison 2018, nous allons cette fois revenir sur ses quatre titres mondiaux, avec cette fois à l’honneur la saison 2012.
Titré quatre courses avant la fin de la saison 2011, Sebastian Vettel a ainsi montré que non content de devenir champion du monde, il pouvait le faire en écrasant la concurrence. Il devient alors le neuvième pilote de l’histoire à conserver son titre, et est le favori à sa propre succession. Seuls Fangio et Schumacher ont réussi à remporter plus de deux titres consécutifs à cette époque, et cela rajouterait une ligne au palmarès déjà bien fourni du jeune Allemand.
En face, la concurrence s’organise pour s’éviter un scénario similaire à celui de 2011. On prend les mêmes ou presque et on recommence : le seul changement majeur à l’avant du peloton est l’absorption de Renault par Lotus, qui en cette saison 2012 présente la E20. Le duo de pilotes a été également revu, Bruno Senna est parti chez Williams et Vitaly Petrov chez Catheram. On retrouve alors Kimi Räikkönen, qui fait son grand retour en F1 après deux ans en WRC et Romain Grosjean, qui détient enfin une chance de montrer son talent dans la discipline. Il avait remplacé Nelsinho Piquet chez Renault en 2009, mais n’avait pu marquer le moindre point avec une R29 rétive et lente.
C’est ainsi que les douze écuries du plateau se présentent en Australie avec chacune leurs ambitions : le titre pour les écuries de devant, les points pour Catheram et consorts. Button remporte ce Grand Prix devant Vettel, Hamilton, Webber et Alonso, soit les cinq candidats les plus crédibles au titre. Alonso a cependant fini faillir dans le mur, poursuivi par un Maldonado aussi rapide que brouillon qui a ruiné sa course dans le dernier tour. Le Vénézuélien de chez Williams n’a cependant pas fini de faire parler de lui…
À la surprise générale, les vainqueurs différents vont s’enchaîner et ce pendant sept Grands Prix, un record ! Alonso s’impose ainsi face à Pérez en Malaisie avec une F2012 plus que moyenne, Rosberg gagne pour la première fois de sa carrière en Chine, puis Vettel s’impose à Barheïn. Cette course marque aussi le premier podium de Romain Grosjean en F1, et le premier d’un Français depuis Alesi au Grand Prix de Belgique 1998 !
Mais le Grand Prix d’Espagne réserve une surprise sans précédent. Initialement poleman, Hamilton est pénalisé par les commissaires de course… et la pole échoit à Pastor Maldonado ! Tout le monde pense alors que le Vénézuélien va s’effondrer et/ou finir dans le mur… mais il poursuit son rêve et parvient à s’imposer devant Alonso et Räikkönen ! Hélas, cette première victoire de Williams depuis huit ans sera gâchée par un incendie dans les stands de l’écurie de Grove.
Après Webber à Monaco et Hamilton au Canada, c’est Alonso qui devient le premier pilote à gagner deux fois à l’occasion du Grand Prix d’Europe. Qualifié seulement 11ème (après une Q2 si serrée qu’il ne comptait que 0.212 secondes de retard sur le meilleur temps de la séance !), il parvient à signer une superbe remontée jusqu’à la victoire. Il profite aussi des ennuis mécaniques de Vettel et Grosjean ainsi que d’une erreur de Maldonado (qui met Hamilton dans le mur) pour s’envoler au championnat. Il compte alors 20 points d’avance sur Webber, quatrième après être parti seulement 19ème à la suite d’un problème de DRS. Cette course voit aussi Michael Schumacher monter sur le podium pour la 155ème et dernière fois de sa carrière.
À partir de cette course, Alonso prend les commandes du championnat du monde et distance ses rivaux épreuve après épreuve, profitant de sa régularité. En Hongrie, il ne compte pas moins de 40 points d’avance sur Webber et 42 sur Vettel, et semble lancé pour aller conquérir un troisième titre mondial, qui serait son premier avec Ferrari. L’écart avec Vettel commence à se réduire à partir du Grand Prix suivant, en Belgique. L’Espagnol est victime de l’erreur de Grosjean au départ et voit la Lotus du Français lui passer juste devant le casque. Il en est quitte pour une belle frayeur et voit Vettel revenir à 24 points, l’Allemand ayant fini second derrière Button.
L’Italie sourit à moitié aux Ferrari, car si Vettel abandonne, Alonso ne finit que troisième, notamment doublé par Pérez dans les derniers tours. Avec 37 points d’avance sur Hamilton, 38 sur un étonnant Räikkönen et 39 sur Vettel, on pense déjà avoir le champion et ceux qui se battront pour les honneurs… mais c’est à partir de l’épreuve suivante que Vettel met les gaz. Il gagne à Singapour, Suzuka, Yeongam et New Delhi et reprend la tête des opérations pour 13 points face à Alonso. L’Espagnol a notamment fini dans le bac à graviers dans le premier virage au Japon, harponné par Räikkönen au départ…
Vettel sauve sa tête à Abu Dhabi de fort belle manière : contraint de partir des stands, il parvient à signer une superbe troisième place derrière Räikkönen qui signe sa première victoire depuis son retour et Alonso qui ne reprend que trois petits points. L’Allemand les reprend lors du retour du Grand Prix des Etats-Unis, où il finit second devant Alonso alors qu’Hamilton gagne sa dernière course pour McLaren.
Treize points, tel est l’écart entre Vettel et Alonso au départ du Grand Prix du Brésil, dernière manche de la saison. Contrairement à 2010, c’est cette fois l’Espagnol qui est dans la position du chasseur, et seulement trois scénarios se présentent à lui :
- Il gagne et Vettel ne fait pas mieux que cinquième
- Il finit second et Vettel ne fait pas mieux que huitième
- Il finit troisième et Vettel ne fait pas mieux que dixième
Vettel peut se contenter d’un top 4, car il serait sacré en cas d’égalité de points : cinq victoires contre quatre au maximum pour Alonso.
Les qualifications sont cependant compliquées pour l’Espagnol, qui ne fait pas mieux que huitième contre quatrième pour son rival allemand de chez Red Bull, qui met toutes les chances de son côté pour s’assurer d’un troisième titre mondial. Mais un coup de théâtre survient au départ : Vettel est pris dans un énorme accrochage et se retrouve en queue de peloton ! Dans son malheur il joue de chance car sa Red Bull RB8 n’est pas sérieusement endommagée, mais il a perdu énormément de temps dans cette mésaventure.
Qui plus est, Alonso a gagné quelques places et pointe troisième dans les premiers tours (et donc virtuellement champion du monde), mais l’Allemand remonte rapidement et l’Espagnol se fait notamment doubler par un Nico Hülkenberg survolté et bien décidé à réaliser la course de sa vie. Button et Hülkenberg prennent la tête des opérations avec des monolpaces chaussées en slicks malgré la pluie fine qui tombe sur le circuit et qui a poussé nombre de pilotes à mettre des intermédiaires. La safety car provoquée par Rosberg dans le 22ème tour les pousse à s’arrêter mais leur permet de garder la tête avec des pneus neufs. A ce moment, Hülkenberg mène devant les deux McLaren, Alonso et Vettel.
Une fois la voiture de sécurité rentrée aux stands, Vettel se fait doubler par Kobayashi et Massa et chute au septième rang, mais reste champion avec Alonso seulement quatrième. Toutefois, la pluie s’intensifie et la balance penche dangereusement du côté de l’Espagnol : Vettel remet des slicks par erreur et chute hors des points tandis qu’en tête Hamilton et Hülkenberg s’accrochent alors qu’ils se battent pour la tête de la course. Si l’Anglais abandonne, l’Allemand poursuit sa route derrière Alonso mais devant Vettel une fois pénalisé.
Cependant, Vettel est parvenu à remonter en septième position lorsque Massa laisse passer Alonso pour la deuxième place. L’Espagnol est cependant loin de Button et ne parviendra pas à le rattraper, alors que l’Allemand dépasse Schumacher en fin de course pour la sixième place. L’accident de Di Resta en fin de course scelle le classement sous safety car et couronne Sebastian Vettel pour trois points face à Fernando Alonso. Une image reste de l’après-course : Alonso, toujours casqué, figé et le regard perdu dans le vide, qui réalise qu’il vient de nouveau de perdre le titre de peu.
Ferrari tentera de récupérer le titre sur tapis vert en invoquant un dépassement de Vettel sur Vergne sous drapeau jaune. Cela occasionnerait une pénalité suffisante pour faire reculer le pilote Red Bull en huitième position et donc donner le titre à Alonso. Hélas pour la Scuderia, la FIA reste sourde à ces supplications et entérine le classement. Vettel devient ainsi le plus jeune triple champion du monde de l’histoire et le troisième pilote à conserver son titre trois saisons consécutives.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.