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Les faux espoirs hivernaux : McLaren MP4-30, à l’opposé de sa gloire passée

Depuis des années déjà, les essais d’intersaison sont l’occasion pour les différentes écuries de tester leur voiture pour la saison qui arrive. Tout le monde essaie ainsi de se situer par rapport au reste du peloton, pour savoir où leur création va passer la majeure partie de son temps. Il arrive cependant que leurs espoirs soient douchés dès la première course, voire même dès les premiers tours de roue. La série se clôt ainsi sur le remariage raté entre McLaren et Honda en 2015.

Pour tous les passionnés de Formule 1, McLaren-Honda est bien souvent synonyme de l’apogée du duel entre Prost et Senna. Il faut dire que le pilote brésilien et le motoriste japonais sont arrivés en même temps dans l’officine britannique, soit en 1988. En cinq ans, ce partenariat va tout gagner et propulser Senna et Prost au rang d’icônes de la discipline. La McLaren MP4-4 est si performante que l’écurie passe à deux tours du Grand Chelem, avec l’accrochage Senna-Schlesser à Monza.

Ce partenariat, après huit titres gagnés sur huit possibles entre 1988 et 1991, s’essouffle quelque peu en 1992 avec l’ultra-domination de la Williams FW14B de Mansell et Patrese. Senna et Berger gagnent à eux deux cinq courses, mais se font devancer par le jeune Michael Schumacher, qui en est alors à sa première saison complète dans la discipline. C’est ainsi que Honda se retire de la discipline à la fin de cette année et laisse McLaren sans moteur. Senna fait ainsi toute la saison 1993 avec un moteur Ford client, ce qui ne lui laissera aucune chance face à Prost malgré cinq victoires.

Cependant, bien des choses ont changé en 20 ans. Honda est ainsi revenu entre 2000 et 2008, tout d’abord comme motoriste de BAR puis en tant qu’écurie en 2006. Après deux saisons catastrophiques, l’écurie disparaît fin 2008 pour devenir le miracle Brawn GP. McLaren elle a connu des hauts (duel Häkkinën-Schumacher), mais depuis deux ans surtout des bas. Pour la saison 2013, la MP4-28 est construite de zéro, malgré la rapidité avérée de la MP4-27 et la faible évolution de la réglementation technique. En conséquence, McLaren ne signe pas un seul podium de la saison, une première depuis 1980 ! Button ne fait pas mieux que quatrième au Brésil…

Jenson Button 2013 Malaysia FP2

2014 marque l’arrivée des V6 hybrides et la dernière année du partenariat McLaren-Mercedes après 20 saisons. La MP4-29 semble mieux née que sa devancière, puisque Kevin Magnussen termine deuxième en Australie pour son premier Grand Prix ! Il devance Button qui profite de la disqualification de Ricciardo pour monter sur ce qui reste son dernier podium en F1. Cependant, si Button multiplie les places d’honneur, Magnussen est plus en difficulté et ne retrouve le top 5 qu’en Russie, derrière Button.

À la fin de cette saison 2014, McLaren annonce remplacer Magnussen par ni plus ni moins que Fernando Alonso. Lassé de courir après le titre sans jamais l’obtenir, il tente donc un pari plus que risqué en rejoignant une écurie McLaren qui tente de retrouver les sommets. Avec Alonso et Button, l’écurie britannique n’a ni plus ni moins que le line-up le plus expérimenté de la grille, avec deux pilotes présents depuis 15 ans dans la discipline.

Cependant, toutes les discussions convergent vers le nouveau partenariat moteur. 23 ans après avoir quitté McLaren et sept ans après avoir quitté la discipline, Honda est de retour en Formule 1 ! Le partenariat avait été scellé dès 2013, mais McLaren avait choisi de courir avec des V6 Mercedes en 2014 pour laisser le temps à Honda de développer son moteur. C’est ainsi que les souvenirs de l’âge d’or Senna-Prost reviennent à tout le monde, et nombreux sont ceux qui voient Alonso et Button se battre aux avant-postes. Mais il ne faut pas oublier qu’entre 2008 et 2015, la réglementation a énormément progressé et que le constructeur nippon part de zéro… La livrée argent et rouge s’inspire quelque peu des voitures de l’ère Hamilton, et tout est fait dans la promotion pour rappeler le passé glorieux de McLaren. Un passé auquel elle ne pourra que se raccrocher, tant la désillusion va être immense.

McLaren MP4-30

Dans les autres articles, les voitures évoquées ont réussi à faire illusion aux essais. La McLaren MP4-30 n’a ainsi entretenu le suspense que jusqu’à ses premiers tours de piste. La motivation de Button et d’Alonso va chuter de façon vertigineuse au fil des essais tant le V6 Honda est une usine à gaz. Aussi fragile que peu performant, les deux pilotes ne peuvent enchaîner les tours sans casser quelque chose, tant et si bien qu’ils n’alignent pas plus de 12 tours à la suite ! Cerise sur le gâteau qui n’en avait pas besoin, Alonso est victime d’une violente sortie de route et se voit remplacé en catastrophe par Kevin Magnussen.

Ainsi à son arrivée en Australie, la voiture n’a parcouru que 350km en quatre jours, plombée par les soucis mécaniques. Alonso a beau essayer de rester confiant face aux journalistes, la réalité est que cette voiture n’a aucun rythme. Ainsi en Australie, Button et Magnussen se retrouvent à plus de cinq secondes de la pole ! Le Danois ne peut même pas prendre le départ de sa seule course de la saison à cause d’un problème mécanique… Button lui voit l’arrivée, mais il termine 11ème et dernier à deux tours sans avoir pu utiliser son moteur à 100%…

C’est ainsi que les McLaren passent leur temps en fond de grille, à ne devancer que les encore plus lentes Marussia. En Espagne, les voitures arborent une nouvelle livrée où le noir remplace l’argent, et Button parvient à terminer sixième à Monaco, les premiers points de la saison. La seule vraie performance de la saison survient en Hongrie, où Alonso profite des divers faits de course pour terminer cinquième devant les Mercedes, et Button finit neuvième pour ce qui est la seule course avec les deux McLaren dans les points.

Fernando Alonso au GP de Hongrie 2015

Pour le reste de la saison, seul Button arrive à marquer quelques points ci et là, tandis qu’Alonso laisse éclater sa frustration au Japon. Doublé par une Toro Rosso, il ne peut s’empêcher de comparer le V6 nippon à un moteur de GP2. McLaren termine la saison avec seulement 27 points et beaucoup de pain sur la planche : même Sauber est devant grâce à Nasr ! Ce moteur est une calamité absolue, si bien que jamais les deux pilotes n’ont atteint la Q3. Il faut aussi ajouter les pénalités à répétition liées aux casses moteurs, avec parfois un changement de moteur complet à la clé. Il s’agit purement et simplement de la pire saison jamais réalisée depuis… 35 ans !

Le partenariat avec Honda durera ainsi deux ans de plus, et à une saison 2016 plus convaincante succèdera une cuvée 2017 catastrophique. Depuis, les deux parties se sont séparées et retrouvent les sommets, notamment Honda avec Toro Rosso puis Red Bull avec plusieurs victoires à la clé. Rancunier, le constructeur nippon se fend d’un « GP2 victories » après le succès de Verstappen en Allemagne, avant de mettre son veto à la venue de l’Espagnol chez Andretti en Indycar, qu’il motorise. Au Brésil, Gasly permet à Honda avec la victoire de Verstappen de signer son premier doublé depuis le Grand Prix du Japon… 1991 !

 

Norris et Sainz les pilotes du "rétablissement" de McLaren

Quant à McLaren, se séparer d’Alonso et de repenser la structure de l’écurie a fait ses preuves. Le duo Norris-Sainz se révèle somme toutes parfait, entre grosses performances en piste et parfaite entente entre les deux pilotes. L’Anglais et l’Espagnol ne manquent ainsi jamais une occasion de se moquer de l’autre sur les réseaux sociaux, avec de bonnes doses d’humour et de second degré. Preuve de tous ces progrès, Sainz a fini troisième au Brésil et sixième du championnat du monde, devant Gasly et Albon.

Les essais de présaison n’ayant pas montré les réelles performances de tout le monde, il va falloir attendre le mois de juin et le Grand Prix du Canada au minimum pour jauger les forces en présence. Gageons que Norris et Sainz vont essayer de jouer au moins le haut de tableau de la Formule 1.5 (hors Top 6), tandis que Max devrait au moins gagner quelques courses et Albon lui pourrait entrevoir ses premiers podiums.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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