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Le retour des Grands Prix légendaires : Portugal 1985, la première de « Magic »

Avec un calendrier complètement remanié à la suite de la crise du COVID-19, plusieurs circuits et Grand Prix font leur retour en cette année 2020. Le Nürburgring, Imola et Istanbul sont de la partie, ainsi que le tracé de Portimao qui verra la Formule 1 courir pour la première fois au Portugal depuis 1996. Nous allons ainsi revenir sur certaines des plus belles courses qui se sont déroulées sur ces pistes et à Estoril, qui a accueilli la discipline entre 1984 et 1996. Focus cette semaine sur le Grand Prix du Portugal 1985, qui a vu la première victoire d’un certain Ayrton Senna.

Le Grand Prix de Monaco 1984 fut le théâtre de la révélation d’un pilote : Ayrton Senna. Ce jeune Brésilien de 24 ans, champion britannique de F3 en titre devant Martin Brundle fut la sensation de cette épreuve disputée sous une pluie torrentielle. Alors que les cadors partaient dans le mur, le Brésilien était comme un poisson dans l’eau et fondait sur Prost, seul favori encore aux avant-postes. Hélas pour Senna, Jacky Ickx arrête la course dans le 32ème tour et donne Prost vainqueur devant le Brésilien et Bellof, qui grâce à son moteur atmosphérique remontait lui aussi sur les hommes de tête.

Deux podiums et une saison plus tard, le voilà désormais chez Lotus avec une voiture enfin capable de régulièrement jouer la gagne. Il sait cependant qu’il ne pourra pas jouer le titre 1985, car Lotus n’a pas les mêmes moyens financiers que Ferrari ou McLaren. Cependant, il peut créer la sensation sur certaines courses, ce qu’il va faire dès la deuxième manche au Portugal. Associé à l’expérimenté Elio de Angelis, il le devance pour la première course de la saison au Brésil, roulant en troisième position avant d’abandonner sur problème mécanique. Il démontre ainsi qu’il est prêt à accepter le combat et ne pas se laisser dominer par le talentueux Italien.

Estoril est ainsi le théâtre du Grand Prix du Portugal pour cette saison 1985. Cette année, la météo décide de faire des siennes dès le vendredi, où il pleut sur le circuit. Le lendemain, les conditions s’améliorent et Senna décroche la première de ses 65 poles en carrière. Il devance Prost, Rosberg et de Angelis, le tout en améliorant le record du tour établi par Piquet l’an dernier de 7 dixièmes. Qui plus est, il a dominé les deux séances qualificatives, ce qui le place dans les favoris pour la course.

Départ humide du Grand Prix du Portugal 1985

La pluie décide de revenir à Estoril le dimanche, et le circuit est littéralement noyé sous les eaux. La direction de course décide malgré tout de maintenir la course et les pilotes partent tous en pneus rainurés. C’est une longue épreuve qui attend les pilotes, surtout avec des moteurs turbos aussi puissants et propices au survirage à la moindre accélération mal contrôlée…Le départ n’est pas donné que Mansell et Martini doivent passer par les stands après avoir légèrement endommagé leurs monoplaces. Peu encourageant pour la suite… Chez Lotus en revanche, c’est le début de course rêvé : Senna s’envole en tête devant de Angelis qui a pris un excellent départ. Derrière, c’est la débandade et les accrochages, sorties de piste et abandons se multiplient à tous les niveaux de la course.

Le Pauliste prend ses aises en tête de course et distance l’Italien tour après tour, ce dernier se retrouvant sous la menace de Prost et d’Alboreto. La domination de Senna et son aisance sous la pluie sont impressionnantes : entre le 15ème et le 20ème tour, il prend 13 secondes à de Angelis, soit plus de deux secondes et demie au tour ! Ce dernier contient toujours Prost et Alboreto malgré quelques problèmes de pneus, tandis que le nombre de voitures dans le tour du leader diminue peu à peu.

Après 35 tours de course, il ne reste plus que 12 pilotes en piste et trois dans le même tour que Senna. Prost a abandonné il y a de cela quelques tours après avoir tenté de dépasser de Angelis. Sa McLaren est partie en aquaplanning et a fini sa course dans le mur. De Angelis est donc toujours second, devant Alboreto et Tambay qui sont les derniers dans le tour du leader. La Lotus de tête est soudain aperçue avec les quatre roues dans l’herbe deux tours plus tard, mais Senna la remet tranquillement en piste et reprend sa ronde infernale.

Senna au Grand Prix du Portugal 1985
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Le doublé Lotus s’envole lui dans le 43ème tour lorsque de Angelis part à la faute en essayant de suivre Alboreto qui vient de le doubler. Le Romain peut malgré tout repartir en troisième position, devant la Renault de Tambay. La pluie elle s’abat toujours plus fort sur le tracé d’Estoril mais contrairement à Monaco l’an dernier, la course ne sera pas arrêtée. Il faut vraiment être un funambule pour maintenir sa voiture en piste avec de telles conditions météo, et à ce jeu-là Senna est le roi. Il n’en est pas moins furieux contre la direction de course et le fait savoir en levant le poing à chacun de ses passages sur la ligne, en vain. Lauda et Ducarouge décident d’y aller en personne, pour trouver porte close.

La course ira à son terme oui, mais à son terme horaire car la limite des deux heures de course se rapproche de plus en plus. C’est ainsi que dans le 66ème tour, Senna se voit présenter un panneau lui indiquant qu’il n’a plus que deux tours à parcourir. Derrière Alboreto est le seul pilote dans le tour du Brésilien, tandis que Tambay est parvenu à doubler de Angelis, qui se bat contre des problèmes de pneus. Mansell lui est cinquième malgré ses déboires en début de course, devant Bellof qui ne dispose que d’un moteur atmosphérique…

Ces six hommes vont ainsi franchir la ligne dans cet ordre, devant Warwick, Johansson relégué à cinq tours, Ghinzani qui à six tours est le seul pilote chaussé de Pirelli à l’arrivée et Winckelhock… à 17 tours. L’Italien de chez Osella a réalisé un petit exploit quand on sait que Piquet, Laffite ou de Cesaris ont préféré abandonner tant ces gommes étaient inefficaces…

Senna remporte le Grand Prix du Portugal 1985

Si certains pilotes, notamment Lauda ont élevé la voix contre la décision de la direction de course de maintenir la course, une légende est née avec le récital de Senna. Personne n’a pu approcher la Lotus du Brésilien, littéralement impérial sous des conditions atroces dans lesquelles personne n’accepterait de courir aujourd’hui. Avec la pole position, le meilleur tour en course et la victoire, il réalise son premier hat-trick. Mieux, en menant en plus chaque tour du GP, il réalise son premier Grand Chelem. Ducarouge l’affirme sans ciller, ce phénomène sera également capable de gagner sur le sec.

Monaco 1984 puis Portugal 1985 : tels furent les deux actes de naissance de « Magic ». S’il dut attendre 1988 pour enfin avoir une voiture capable de jouer le titre, ces deux courses l’ont alors établi comme un futur champion du monde à moyen voire court terme, à juste titre. Elles furent le préambule d’une des plus belles carrières de l’histoire de la discipline.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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