Et 24 ans après, Gasly succède à Panis
La force de la Formule 1 est de pouvoir proposer des scénarios abracadabrantesques au moment où l’on s’y attend le moins. Ce Grand Prix d’Italie restera dans l’histoire comme celui où un Français a triomphé pour la première fois depuis plus de 24 ans dans la discipline. Pierre Gasly a ainsi triomphé après un final à suspense face à Carlos Sainz, mais pour cela il aura fallu un sacré coup de pouce du destin…
Quiconque ayant misé sur une victoire de Pierre Gasly devant Carlos Sainz et Lance Stroll doit actuellement compter les millions qui ont été gagnés sur un pari aussi fou. Rien, mais absolument rien ne pouvait préparer quiconque à un scénario aussi surprenant jusqu’à la mi-course, vu que tout ou presque s’était déroulé normalement jusqu’ici.
Les essais ainsi que les qualifications n’ont rien montré de surprenant ou presque. Les Mercedes se sont ainsi promenées comme à leur habitude, mais derrière c’est Carlos Sainz qui arrache la troisième place des qualifications. Verstappen n’est que cinquième sur la grille derrière Pérez, et les Ferrari sont encore plus mal classées qu’à Spa… Leclerc se qualifie de nouveau 13ème, alors que Vettel ne part que 17ème. Jamais dans leur histoire les Ferrari ne s’étaient aussi mal qualifiées en Italie…
Gasly lui parvient à atteindre la Q3 pour partir en 10ème position, mais rien ne le prédestine à aller chercher la victoire. Au départ, il maintient sa position tandis que Hamilton s’envole en tête. Etonnamment, Bottas ne suit pas le rythme et chute en sixième position, derrière les McLaren, Perez et même Ricciardo ! Les voitures orange sont décidément en grande forme puisqu’elles se retrouvent même deuxième et troisième derrière Hamilton, qui continue sa balade dominicale.
Derrière, les Ferrari n’en finissent plus de couler. Sebastian Vettel abandonne sur un gros problème de freins sans avoir pu bouger de sa 17ème place. Quant à Leclerc, il se maintient en 13ème position, mais derrière l’Alfa Romeo de Räikkönen… En fond de classement, on décide de s’arrêter plus tôt pour changer de gommes, mais Gasly décide aussi de le faire pour repartir en durs. Au vu de la suite des événements, cela s’avèrera être un coup stratégique décisif.
Alors que de nombreux fans pensaient se diriger vers une sieste tranquille pour se réveiller sur une nouvelle victoire Mercedes, Kevin Magnussen va bien malgré lui rebattre les cartes. Dans le 20ème tour, sa Haas casse et il ne peut rejoindre les stands en roue libre. Il la gare donc le plus près possible, mais il occasionne le déploiement de la voiture de sécurité ainsi que la fermeture de la pit-lane.
Tranquille leader jusqu’ici, Hamilton profite du déploiement de cette voiture de sécurité pour changer ses gommes. Il repart second derrière Sainz, qui ne s’est pas arrêté comme tout le reste du peloton. La raison est simple : la voie des stands est actuellement fermée pour que les commissaires puissent retirer la voiture de Magnussen. Un tour plus tard, Giovinazzi commet la même erreur que Hamilton et s’arrête avant la réouverture des stands. Ces deux pilotes se retrouvent sous investigation tandis que le reste du peloton s’arrête à son tour. Le classement est des plus surprenants : Hamilton mène devant Stroll et Gasly qui s’est déjà arrêté !
Et dans le tour de relance, Leclerc semble retrouver des couleurs puisqu’il passe les deux Alfa Romeo pour pointer au quatrième rang ! Hélas, il perd le contrôle de sa Ferrari dans la Parabolique et la fracasse dans les pneus. Plus de peur que de mal pour le Monégasque qui sort indemne de ce spectaculaire accident, contrairement à sa Ferrari SF1000. La voiture de sécurité ressort ainsi de nouveau, avant que le drapeau rouge soit brandi. Ce dernier permet ainsi aux commissaires de réparer les protections dans la Parabolique pour éviter un autre accident possiblement plus grave.
Ainsi, Hamilton est toujours en tête devant Stroll, Gasly et les Alfa Romeo. Mais soudain, c’est un coup de tonnerre qui s’abat sur le sextuple champion du monde anglais puisque son arrêt aux stands pendant la fermeture de ceux-ci lui vaut un stop and go de 10 secondes ! Giovinazzi écope de la même sanction, et ce coup de théâtre chamboule totalement le scénario de ce Grand Prix. Il reste une moitié de course à parcourir, et la course est plus que jamais ouverte. Hamilton dernier, Bottas hors du coup et Verstappen loin derrière, qui peut aller chercher la victoire ?
Quatre pilotes peuvent prétendre décrocher la timbale désormais : Stroll et Gasly, qui ont eu énormément de chance avec leur stratégie, ainsi que les pilotes McLaren. Stroll ne s’était pas arrêté, alors que Gasly avait effectué son arrêt avant l’abandon de Magnussen. Quant aux McLaren, elles sont rapides depuis vendredi et ont montré qu’elles pouvaient jouer le podium à la régulière.
Tout le monde met des pneus neufs pour cette deuxième partie de course, qui voit un départ arrêté. Hamilton sait qu’il va perdre gros en sombrant bon dernier, mais prend malgré tout la tête des opérations. Derrière, c’est Gasly qui réalise le gros coup en prenant la deuxième place devant les Alfa Romeo. Stroll s’est raté et se retrouve en cinquième position derrière Giovinazzi. Une fois la Mercedes de l’Anglais aux stands pour effectuer sa pénalité, Gasly prend pour la première fois de sa carrière les commandes d’un Grand Prix. Il faut remonter au Grand Prix des Etats-Unis 2013 pour trouver trace d’un Français en tête en la personne de Romain Grosjean.
Il se trouve des alliés de circonstance avec les Alfa Romeo, qui sont sensiblement plus lentes que le reste du peloton. Si Giovinazzi rentre rapidement pour effectuer sa pénalité, Räikkönen montre qu’à presque 41 ans, il n’a rien perdu de son talent et de sa combativité. Il résiste autant que possible à Sainz puis Stroll mais ne peut rien faire pour réellement défendre sa position. Quand Sainz passe en seconde position, il compte quatre secondes de retard sur Gasly, qui a géré son départ à la perfection. L’Espagnol a désormais 19 tours pour rattraper le Français et signer la première victoire de McLaren depuis le GP du Brésil 2012.
Certes, la McLaren est plus rapide que l’AlphaTauri, mais excepté quelques tours où la monoplace italienne concède six dixièmes, Sainz ne reprend que deux à trois dixièmes au tour au maximum. C’est ainsi que certains commencent à croire que Gasly va tenir face à l’Espagnol, et faire triompher AlphaTauri au même endroit que Toro Rosso douze ans plus tôt. L’écart passe à trois secondes, puis deux, mais la McLaren ne parvient pas à se mettre dans la zone de DRS.
Pendant ce temps, Hamilton remonte dans le peloton mais sans espoir de victoire. Il gagne cependant place sur place pour finalement dépasser Ocon en fin de course et terminer septième. Bottas est certes cinquième et donc mieux classé, mais quelle course catastrophoque… Il fut incapable de dépasser Norris ou Ricciardo à la régulière, contrairement à Hamilton en fin de course qui faisait passer n’importe quelle autre voiture pour un vulgaire plot. Il reprend malgré tout la seconde place au classement pilotes, puisque Verstappen a été contraint à l’abandon. Un week-end à oublier pour les top-teams… Pendant ce temps, Sainz poursuit son effort et rentre dans la zone de DRS dans le dernier tour, mais il est trop tard pour lui. Pierre Gasly gagne ce Grand Prix d’Italie et rentre ainsi dans l’histoire de la discipline :
- 109ème pilote à gagner un Grand Prix (le 99ème en réalité si l’on oublie les vainqueurs des 500 Miles d’Indianapolis entre 1950 et 1960)
- 13ème pilote français à gagner un Grand Prix
- Premier pilote à gagner un Grand Prix depuis Olivier Panis à Monaco en 1996
Carlos Sainz réalise son meilleur résultat en course en terminant deuxième, mais ne pouvait cacher une certaine déception à l’idée d’être passé aussi près de sa première victoire. Lance Stroll égale sa performance de Bakou il y a trois ans et signe le premier podium de Racing Point en F1. Norris avec sa quatrième place complète un superbe résultat pour McLaren, qui marque ainsi 30 points en un week-end. Mais très clairement, l’exploit de Gasly dépasse tout cela et lui offre une revanche magnifique sur le destin.
Il y a un peu plus d’un an, il perdait son ami Anthoine Hubert, tué dans un terrible accident à Spa l’an dernier lors de la course F2. Dans le même temps, il était rétrogradé chez Toro Rosso alors que Helmut Marko lui avait promis qu’il resterait jusqu’à la fin de la saison. Un an plus tard, la roue a bien tourné pour le Normand. Il y avait d’abord eu ce superbe podium au Brésil, avec une résistance acharnée face à Lewis Hamilton pour aller chercher une deuxième place inespérée. Et aujourd’hui, il montre avec cette superbe victoire que oui, il méritait cette place chez Red Bull et que dans un avenir proche, il pourrait peut-être essayer de rejoindre un top team. Ce sont messieurs Horner et Marko qui doivent ruminer leur déception, surtout que les Red Bull ont été hors du coup toute la course…
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.