Séries

Les outsiders des 80ies: Larrousse F1 team, un oiseau frappé en plein vol

Si on retient surtout de la fin des années 1980 et du début des années 1990 le duel Prost-Senna ou la domination de McLaren puis de Williams avec Ferrari en éternel outsider, cette période ne s’arrête pas à ces trois écuries. Derrière ces tops-teams, et d’autres outsiders tels que Benetton, Lotus ou Tyrrell, une kyrielle d’autres écuries ont rempli les grilles de départ des Grand Prix, avec plus ou moins de réussite.

 

Gérard Larrousse est à l’origine un pilote ayant mieux réussi en Endurance qu’en Formule 1. Sa carrière dans la discipline reine se limite à deux forfaits, une non-qualification et un abandon. En Endurance, il est entre autres double vainqueur des 24 Heures du Mans en 1973 et 1974 (associé à Henri Pescarolo), et il a terminé second de l’épreuve en 1969 et 1970. Nommé directeur sportif de Renault Sport en 1976 (rallye, sport-prototype et Formule 1), il supervise ainsi le développement du moteur turbo de la Renault RS01. Après l’arrêt du programme F1 en 1985, il part un an chez Ligier, avant de fonder sa propre écurie pour la saison 1987.

 

         Philippe Alliot    Le pilote français né en 1954 remporte le championnat de Formule Renault en 1978. Ensuite, il roule aux cotés de Jean Alesi en F3, il se lance en F2 en même temps qu’il dispute les 24 Heures du Mans qu’il termine à la 3e place aux côtés de Mario et Michael Andretti. La F1 lui tend les bras en 1984, il s’y engage pour 9 saisons. Passé par RAM Racing, Ligier et Larrousse, , il n’inscrira que très peu de points (7), la fiabilité n’étant pas au rendez-vous.

L’écurie est alors nommée Larrousse-Calmels : le pilote français s’associe à Didier Calmels, homme d’affaires et avocat français féru de vitesse. L’écurie n’aligne initialement qu’une seule voiture pour Philippe Alliot, qui parvient à arracher trois points au volant de sa Larrousse LC87. Yannick Dalmas parvient à terminer 5ème du Grand Prix d’Australie, mais sa voiture n’étant pas initialement inscrite, l’écurie ne marque aucun point.

La saison 1988 se révèle plus délicate pour l’écurie française ; la Larrousse LC88 est un raté total. Laide et peu fiable, Alliot et Dalmas vont cumuler casses mécaniques et accidents à son volant durant toute la saison, l’écurie renflouant les caisses de Lola à force de devoir racheter coque sur coque. Aucun des deux pilotes ne marquera de points à son volant, Dalmas ne faisant pas mieux que deux fois septième.

1989 ne démarre pas mieux pour l’écurie française. Calmels étant condamné à six ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa première femme, Larrousse se retrouve seul aux manettes. Malgré l’arrivée de Gérard Ducarouge et d’un V12 Lamborghini conçu par Mauro Forghieri, les résultats ne décollent pas. Le développement du moteur prend du retard, ce qui gèle le développement général de la voiture, tant et si bien qu’à mi-saison, Larrousse doit de nouveau disputer les préqualifications. Il faudra attendre l’Espagne pour voir Alliot finir dans les points.

1990 reste la meilleure année de l’écurie. Dotées d’un V12 enfin au point et d’un châssis plus performant, les deux voitures entrent de plus en plus régulièrement dans les points, et Aguri Suzuki termine la saison en apothéose. Bénéficiant des abandons des Ferrari et des McLaren, il va hisser sa voiture sur le podium de son Grand Prix national et devenir un héros auprès des fans japonais. Mais une erreur administrative condamne Larrousse, l’écurie a oublié de préciser que Lola était le constructeur des châssis.

Elle perd donc tous ses points acquis ainsi que tous les avantages liés à sa sixième place au classement constructeurs. A partir de ce moment, l’écurie s’embarque dans quatre années de galère. Larrousse va ainsi tenter un partenariat avec Venturi en 1992, avant de choisir de construire ses propres châssis en 1993 et 1994. Durant ces quatre années, seul Alliot offrira un top 5 à l’écurie en arrivant cinquième à Imola en 1993. Il ne marquera en tout que huit points sur cette période.

Entre dettes abyssales, absence de subventions et de partenaires, litige entre Larrousse et ses associés (dont Patrick Tambay) ou encore débauchage de personnel, Larrousse ne pourra finalement disputer la saison 1995. Clap de fin sur une écurie prometteuse, qui, sans une petite erreur administrative aurait peut-être pu atteindre les sommets de la Formule 1, et lancer la carrière d’autres pilotes français, après Eric Bernard ou encore Yannick Dalmas.

Pierre Laporte

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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