Australie nostalgie : 2014, finira, finira pas ?
Depuis 1996, le Grand Prix d’Australie est celui qui inaugure traditionnellement la saison de Formule 1. Seul le Covid-19, les Jeux du Commonwealth en 2006 et la saison 2010 lui ont empêché d’assumer ce statut. Disputé depuis cette date à Melbourne, il a offert des courses parfois ennuyeuses, parfois riches en rebondissements. L’édition 2014 est ainsi marquée par un changement de réglementation majeur : l’arrivée du V6 hybride turbocompressé.
Cette saison 2014 est marquée par un retour d’envergure : celui du turbocompresseur, 26 ans après avoir été banni après la saison 1988. Adieu les V8 atmosphériques hurlant à 19000 tr/min, et bonjour aux V6 hybrides turbocompressés hybrides limités à 15000 tr/min.
Ils sont désormais équipés de deux systèmes de récupération d’énergie (thermique et cinétique). Ceci confère 160 chevaux supplémentaires pour une trentaine de secondes par tour, une belle évolution par rapport au KERS utilisé entre 2009 et 2011 (80 chevaux pendant six secondes et demie). Les réactions ne se font pas attendre : nombre de fans sont déçus par le son de ces nouvelles unités de puissance, bien moins bruyantes que les anciens V8 et V10. Il faudra pourtant s’y faire pour cette saison et celles à venir…
Les nouvelles F1 sont également dotées de boîtes de vitesse à huit rapports et ont pris pas moins de 50 kg par rapport à la saison précédente… ce qui annonce une chute des performances ? Quoi qu’il en soit, la question principale concerne ces nouveaux moteurs V6, dont tout le monde se demande s’ils vont tenir la distance d’un Grand Prix sans casser ! Et dire que chaque pilote n’a que cinq moteurs pour toute la saison…
Niveau écuries, il y a eu du changement dans bon nombre de paires de pilotes. Ainsi Red Bull a recruté le jeune Australien Daniel Ricciardo en remplacement de son compatriote Mark Webber, parti rejoindre Porsche en Endurance. L’écurie autrichienne fait cependant face à de sérieux problèmes avec le V6 Renault et voit sa domination possiblement prendre fin… Lotus connaît le même problème avec en plus une voiture complètement larguée en performances, et l’écurie doit son salut à l’arrivée de Pastor Maldonado et de son sponsor PDVSA. Autant dire que le salut est purement relatif quand on connaît le Vénézuélien…
Chez Ferrari, c’est Kimi Räikkönen qui fait son retour après deux saisons en WRC puis deux saisons pleines chez Lotus. Il côtoie donc Fernando Alonso, toujours en quête d’un troisième titre mondial. Mais il semble bien que l’écurie qui va tout gagner cette saison est Mercedes. Après une montée en puissance progressive depuis 2010, il semble que l’écurie allemande est enfin arrivée au sommet. Le V6 Mercedes semble être le meilleur de la grille, tant et si bien qu’Hamilton et Rosberg ont écrasé les séances d’essais de pré saison. Visionnaires, certains journalistes se demandent déjà qui des deux pilotes sera sacré en fin de saison…
Williams et McLaren espèrent aussi tirer profit de ce moteur Mercedes pour retrouver le devant de la scène. L’écurie de Grove a de nouveau connu une saison 2013 catastrophique et doit se relancer avec l’arrivée de Felipe Massa aux côtés de Valtteri Bottas. McLaren lance aux côtés de Jenson Button un nom ayant déjà arpenté les grilles de Formule 1 dans les années 90. Après Jan, c’est au tour de son fils Kevin de faire ses débuts dans la discipline. Promis à un grand avenir comme son père, il faut cependant espérer que sa carrière suive un chemin différent… Jan n’avait jamais confirmé ce statut au point de ne courir qu’une saison et demie chez Stewart avant d’être licencié et remplacé par Jos Verstappen.
Ce Grand Prix d’Australie 2014 est toutefois marqué par la préoccupation autour de l’état de santé de Michael Schumacher. Le Kaiser a été victime d’un terrible accident de ski en décembre dernier et a été gravement blessé à la tête. Personne ne sait alors s’il se réveillera, et si oui dans quel état… Cruel et douloureux destin pour celui qui avait régné sans partage sur la discipline, avec pour plus grave blessure en piste une jambe cassée lors du Grand Prix de Grande Bretagne 1999.
Les essais et les qualifications confirment les prédictions des essais : les Mercedes sont devant, mais la pluie arrivée pour la Q2 a quelque peu brouillé les cartes. Hamilton est en pole devant Ricciardo, qui confirme à domicile son potentiel entrevu chez Toro Rosso, son coéquipier Rosberg et le néophyte Magnussen, qui signe une superbe quatrième place… ce qui restera la meilleure qualification de toute sa carrière. Il devance Alonso qui se sort pas trop mal des qualifications, tandis que leurs équipiers Button et Räikkönen sont 11ème et 12ème sur la grille… devant Vettel ! La saison commence bien mal pour le quadruple champion du monde en titre… Il est même largement devancé par les Toro Rosso, avec Vergne qualifié sixième, deux places devant Kvyat, autre néophyte de tout juste 19 ans.
Le soleil est revenu sur l’Albert Park pour la course le dimanche, et désormais tout le monde pronostique sur le nombre de voitures à l’arrivée. Assisterons-nous à une course par élimination, ou au contraire aurons-nous la majorité des voitures à l’arrivée ? Le résultat sera donné après cette course de 58 tours… réduite à 57 tours à cause des Marussia qui perturbent malgré elles la procédure de départ depuis le fond de grille auquel elles sont abonnées pour la cinquième saison consécutive. Chilton est ainsi poussé vers les stands lors du tour de formation, alors que Bianchi est bloqué lors de la mise en grille. Début de saison compliqué pour l’écurie russe, qui rejoint Romain Grosjean dans les stands…
Le départ est enfin donné, et c’est Nico Rosberg qui prend le meilleur envol devant Ricciardo et Hamilton. Derrière, Magnussen manque de peu de créer un immense carambolage mais rattrape sa McLaren et reste miraculeusement quatrième tandis qu’en fond de grille, les accidents se multiplient. Kobayashi part tout droit dans le premier virage et percute Massa, terminant la course des deux pilotes. Gutiérrez et Pérez eux se touchent dans le troisième virage, envoyant le premier cité en tête-à-queue. Hamilton lui semble en difficulté puisqu’il est doublé par Magnussen. Il n’est pas le seul : Alonso se bat avec Vergne alors que Vettel est incapable de faire fonctionner son moteur correctement…
L’Anglais est rapidement fixé sur son sort : le stand Mercedes lui demande de rentrer aux stands pour sauver son moteur et abandonner ! Il refuse dans un premier temps de rentrer mais s’exécute dans le troisième tour : son V6 n’était plus qu’un V5… Il est suivi par Vettel, qui était incapable de suivre qui que ce soit en ce début de course. Cela fait déjà deux favoris hors course, alors qu’en tête Rosberg s’envole en tête avec l’autre Mercedes, devant Ricciardo et Magnussen sur la première McLaren. La course s’anime de nouveau vers le 10ème tour. Alors sixième et en chasse d’Alonso et d’Hülkenberg, Bottas percute le mur et déchape à l’arrière-droit. S’il peut rentrer aux stands et repartir, les restes de son pneu sont eux en pleine piste… ce qui occasionne la première sortie de la voiture de sécurité cette année. Et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est Jenson Button qui est le grand gagnant de toute l’opération puisqu’il anticipe l’arrivée de cette neutralisation. Il s’arrête plus tôt que tout le monde et repasse en sixième position, à la place de Bottas.
La relance ne change rien, Rosberg s’envole de nouveau devant Ricciardo et Magnussen. Derrière la course se calme et tournerait presque à la procession, avec cependant un peu d’action dans le 35ème tour avec la bataille des Finlandais. Pendant la seconde vague d’arrêts aux stands, Bottas est revenu dans le sillage de Räikkönen pour la cinquième position, et profite d’une erreur du pilote Ferrari pour le doubler. Il s’arrête deux tours plus tard et repart huitième, une belle performance au vu de sa crevaison de début de course…
La fin de course est aux antipodes du départ, tant et si bien que Rosberg s’impose en toute tranquillité devant Ricciardo et les deux McLaren. Le pilote australien est ainsi le premier à monter sur le podium devant son public. Cinquième, Alonso sauve les meubles devant Bottas, qui a signé une belle remontée. On trouve ensuite Hülkenberg, Vergne, Räikkönen et Kvyat, qui rentre alors dans l’histoire comme le plus jeune pilote à marquer des points à 19 ans, 10 mois et 8 jours.
Toutefois, la joie de Ricciardo est de courte durée car il est disqualifié après la course. Sa Red Bull n’a pas respecté la nouvelle réglementation en matière de consommation d’essence malgré plusieurs rappels de la direction de course. Kevin Magnussen termine donc second de son premier Grand Prix devant Button, et signe le même résultat que Villeneuve 18 ans avant lui. Il est le 18ème pilote à signer un podium pour son premier Grand Prix… mais il ne refera plus un seul top 4 de sa carrière. Un énième espoir déçu, mais personne ne le sait encore. Quant à McLaren, tout le monde pense voir renaître l’écurie de Woking après une saison 2013 ratée… mais il faudra attendre près de six ans avant de revoir une McLaren sur un podium. Pour le moment Nico Rosberg est le grand gagnant de cette course avec un 25-0 infligé à Hamilton, tandis que McLaren mène le championnat constructeurs avec ce double podium. La domination Mercedes commence à prendre forme…
Partager :
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Telegram(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Plus
- Cliquez pour partager sur Reddit(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Skype(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pocket(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
Articles similaires
Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.