Dans les allées du Paddock

Williams, récit d’une descente aux enfers

Bien que l’histoire de Williams n’ait pas toujours été un long fleuve tranquille, en particulier à ses débuts, l’écurie sombre d’année en année depuis presque 15 ans désormais. Autrefois écurie de premier plan, la voilà aujourd’hui à des années-lumière du reste du peloton.

Des débuts dans l’anonymat du peloton

L’histoire de Williams est quelque peu analogue à celle de Ferrari, dans le sens où elle fut une écurie avant de devenir constructeur de châssis à part entière. L’écurie est donc fondée en 1966. À cette période Frank Williams prépare et fait courir des Brabham en Formule 2 et en Formule 3. En 1969, il saute le pas et passe en F1. On voit ainsi courir entre 1969 et 1972 une Brabham BT26A, une De Tomaso 505, deux March et une Politoys FX3. Cette dernière devient la base de la première Williams car Franck change de stratégie au vu des résultats déplorables de ses voitures. Devenue Iso-Marlboro l’année suivante, l’association cesse en 1975, où Williams est rachetée par le milliardaire canadien Walter Wolf. Le partenariat ne dure qu’un an avant que Wolf ne mette Williams dehors fin 1976.

En compagnie de Patrick Head, Frank Williams fonde sa propre écurie de course, et commence à faire rouler ses propres châssis en 1978. L’année suivante est celle de l’éclosion, Regazzoni gagnant en Grande-Bretagne avant que Jones ne gagne quatre Grands Prix, dont trois d’affilée. 1980 marque la consécration, Alan Jones devient champion du monde pilotes et Williams rafle le titre constructeurs, qu’elle conserve en 1981 bien que Reutemann perd le titre pilotes dans la dernière course. Nouveau titre pilote en 1982 avec Keke Rosberg, à la fin d’une saison aussi indécise que tragique, avant deux années de transition difficiles.

Heures fastes

L’arrivée du V6 turbo Honda en 1984 puis celle de Mansell en 1985 marque le renouveau de Williams: Mansell et Rosberg gagnent quatre courses en 1985. Les deux années suivantes verront un affrontement entre Piquet et Mansell. Et si Williams gagne les deux titres constructeurs, Prost subtilise le titre pilote en 1986 après une crevaison de Mansell, avant que ce dernier soit victime d’un accident aux essais du Grand Prix du Japon 1987, donnant le titre à Piquet. L’année 1986 est par ailleurs marquée par le terrible accident de Frank Williams, dont il restera paralysé.

Après une saison 1988 difficile (seulement deux podiums pour Mansell avec le moteur Judd), 1989 voit l’arrivée de Renault comme motoriste, et Williams devient la deuxième force du plateau, avec deux victoires de Boutsen. L’écurie de Grove accroche deux succès supplémentaires avec Patrese et Boutsen en 1990, avant qu’un certain Nigel Mansell fasse son retour. 1991 annonce la couleur, avec sept victoires dont cinq rien que pour « Il Leone », malgré des erreurs incroyables comme au Grand Prix du Canada, où il cale dans le dernier tour en saluant la foule !

La période 1992-1997 reste la plus faste de l’histoire de Williams, l’association avec Renault apportant neuf titres sur douze possibles. Mansell écrase la saison 1992 avec neuf victoires, tandis que Patrese en ajoute une dixième. Bis repetita en 1993, avec de nouveau dix victoires (sept pour Prost, champion du monde et trois pour Hill). Malgré six victoires en 1994, Damon Hill est percuté par Schumacher à Adélaïde et rate le titre pilotes pour un point. Williams se console en gagnant le titre constructeurs, à la fin d’une année dramatique où la FW16 fut mise sous le feu des projecteurs à la suite de la mort de Senna. 1995 voit Hill et Coulthard gagner cinq courses, mais ils ne peuvent rien faire face à la supériorité de Schumacher et de sa Benetton. Hill prend sa revanche l’année suivante, en gagnant huit courses et le titre devant son coéquipier Jacques Villeneuve qui lui, gagne quatre Grands Prix. Enfin, le Québécois gagne le titre 1997 dans les derniers tours du Grand Prix d’Europe, avec en tout sept victoires, huit pour Williams qui gagne de nouveau les deux titres.

Le début du déclin

Hélas, Renault lâche Williams pour la saison 1998. Villeneuve et Frentzen n’arrachent que trois podiums à eux deux, devant la troisième place au championnat constructeurs à leur régularité. Ralf Schumacher et Alessandro Zanardi sont recrutés pour 1999 mais le petit frère de Michael marque tous les points de l’écurie, dont trois podiums. Après la saison 2000 qui voit Jenson Button faire ses débuts en F1, l’écurie anglaise retrouve le chemin de la victoire en 2001 avec quatre victoires, dont trois pour Ralf Schumacher. Juan Pablo Montoya se retrouve même un temps dans la course au titre 2003, avant de perdre pied lors des deux derniers Grands Prix. Il signe également la dernière victoire de Williams-BMW au Brésil en 2004.

Les saisons s’enchaînent ensuite et ne montrent aucune amélioration, les voitures n’accrochant que quelques podiums ci et là, avec cependant quelques miracles comme la pole d’Hülkenberg au Brésil en 2010. 2011 voit l’écurie de Grove clairement toucher le fond une première fois, Maldonado et Barrichello ne marquent que cinq points ! Et pourtant, le moteur Renault permet à Pastor Maldonado de gagner à la surprise générale le Grand Prix d’Espagne 2012, devant Alonso et Räikkonën. Le Vénézuélien aurait pu signer d’autres beaux résultats s’il ne partait pas si souvent à la faute… Hélas, l’éclaircie est de courte durée et Williams ne marque que cinq points en 2013, sauvée par une 8ème place de Bottas au Grand Prix des USA.

Le changement de réglementation pour la saison 2014 permet à Williams de revenir au premier plan avec neuf podiums (six pour Bottas, trois pour Massa), une pole de Massa en Autriche et une place dans le top 4. Hélas, ce nombre passe à quatre en 2015, puis un, en 2016. Un seul également en 2017 qui relève du miracle. Lance Stroll termine en effet troisième à Bakou après une course complètement folle et fait alors baisser d’un ton tous ses détracteurs. Mais 2018 se révèle pire encore, Stroll ne finit que deux fois dans les points, et Sirotkin, le remplaçant de Massa marque un point sur tapis vert en Italie.

Cette saison 2019 relève de la farce pour l’écurie reprise par Claire Williams, fille de Frank. La voiture n’est pas prête pour le début des essais de présaison et ne prend la piste que le mardi après-midi, soit un jour et demi après tout le monde ! La Williams FW42 traîne ainsi sa misère en queue de peloton. Et si Georges Russell parvient à sortir quelques belles courses (15ème à Monaco devant Stroll et les Sauber), Robert Kubica, qui fait son grand retour en F1 ne parvient pas à suivre son jeune coéquipier et semble complètement perdu. De plus, l’écurie est à court de pièces de rechange, si bien que ce sont parfois des pièces utilisées à Barcelone pour les tests qui sont utilisées ! Et niveau temps de qualifications, les Williams rendent plus de trois secondes aux leaders…

A l’instar de McLaren au moment d’adopter le moteur Honda en 2015, Williams a sombré dans la hiérarchie du sport, devenant presque la risée du plateau à cause de sa lenteur. Quoi qu’on en dise, cela fait mal au cœur de voir une équipe avec un tel passé dans une situation aussi alarmante. De grosses évolutions sont cependant attendues en cours d’année, à voir si elles auront l’effet escompté.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

Un commentaire

  • Lionel Rosière

    Il serait possible qu’en guise d’essai pour le site, je vous joigne, un petit article sur la tentative américaine de Sir Frank en Indycar via le partenariat avec Bobby Hillin et l’équipe Longhorn, mon hommage perso à Franj, il y a 40 ans. Plus court qu’une belle bio de Cheryl Grass la première afro américaine pilote dont on aurait fêter les 60 ans la veille de noel. ça sera fait mercredi ou jeudi.

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