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Les plus belles courses de Moss : Grande-Bretagne 1957, impossible n’est pas Moss

Le 12 avril dernier, le monde de la Formule 1 pleurait la mort de Stirling Moss, parti à 90 des suites d’une longue maladie. Celui qu’on surnomme « le champion sans couronne » reste l’un des meilleurs pilotes de son époque voire même de tous les temps. Il ne manque qu’un titre mondial à un palmarès que nombre de pilotes lui envieraient. Nous allons ainsi revenir sur certaines courses marquantes de sa carrière, avec cette semaine un come-back phénoménal sur ses terres anglaises pour une victoire 100% britannique.

A la fin de la saison 1955, les deux meilleurs pilotes du monde que sont Fangio et Moss se retrouvent sans volant pour 1956. Fortement ébranlée par le terrible accident de Pierre Levegh lors des 24 Heures du Mans, qui fit plus de 80 morts (dont Levegh) et plus de 200 blessés, Mercedes décide de se retirer du sport automobile en fin de saison. Ce retrait laisse les Italiens aux affaires, et chacun essaie d’attirer l’une des deux légendes dans son giron.

Ferrari recrute Fangio, en plus de récupérer les Lancia D50 par suite du retrait de la marque. L’Argentin dispose de la meilleure voiture du plateau maintenant que les Mercedes W196 ne courent plus, et compte pour équipiers les redoutables Collins et Musso, auxquels viennent parfois s’ajouter Gendebien, Castellotti ou encore de Portago. Moss est quant à lui parti chez Maserati et peut compter sur l’excellent Behra, ou encore Cesare Perdisa.

Cette saison 1956 le voit de nouveau couronné vice-champion du monde derrière Fangio, malgré des victoires à Monaco et à Monza. S’il est toujours aussi rapide et apte à jouer les premiers rôles, sa Maserati n’est pas aussi fiable que les Ferrari et il laisse échapper malgré lui plusieurs bons résultats, trahi par sa mécanique, dont un podium en Argentine et un autre en Grande-Bretagne qui lui coûtent le titre. Il fait aussi face au jeu d’équipe de Ferrari et à l’immense fair-play de Peter Collins : l’Anglais cède volontairement sa voiture à Fangio pour assurer le titre à l’Argentin. Ce dernier termine second derrière Moss et coiffe sa quatrième couronne mondiale, la troisième consécutive.

Fangio à Silverstone en 1956

Cependant, les relations entre Ferrari et Fangio sont plus que tendues. A la suite de problèmes de fiabilité récurrents en début de saison, l’Argentin en a été jusqu’à accuser ouvertement l’écurie italienne de saboter ses monoplaces pour favoriser le jeune Peter Collins. S’il décroche malgré tout le titre en fin de saison, il ne supporte plus l’ambiance délétère qui règne dans l’écurie au cheval cabré et retourne chez Maserati en 1957.

Moss et Fangio se retrouvent de nouveau coéquipiers, mais le temps d’une course seulement. Le Grand Prix d’Argentine tourne au fiasco pour l’Anglais, puisqu’il endommage sa voiture en ratant son départ, ce qui le contraint à une longue réparation. Il termine ainsi huitième à sept tours, et ne sauve que le point du meilleur tour en course alors que Fangio gagne la course.

Il rejoint ainsi Vanwall dès le Grand Prix suivant à Monaco en compagnie de Tony Brooks. Il pense enfin tenir sa chance de devenir champion du monde avec une écurie anglaise, lui qui jusque-là avait dû piloter pour Maserati et Mercedes pour connaître les lauriers de la victoire. La Vanwall VW 5 a réussi quelques coups d’éclat hors-championnat en fin d’année dernière, et confiée à deux des meilleurs pilotes du royaume, elle semble prête à jouer les premiers rôles.

Fangio et Moss
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Monaco annonce déjà la couleur des possibles performances de ces voitures. Moss mène les premiers tours avant de s’accidenter avec ses compatriotes Collins et Hawthorn, tandis que Brooks termine second derrière Fangio qui s’envole au championnat du monde. En France, Vanwall décide d’aligner Salvadori et Lewis-Evans, ce qui profite à Fangio qui gagne pour la troisième fois en trois courses. Bien qu’il reste quatre courses à disputer, le titre semble déjà plus ou moins joué en faveur de l’Argentin.

C’est alors qu’arrive le Grand Prix de Grande-Bretagne, et Vanwall vient en force avec pas moins de trois voitures confiées à Moss, Brooks et Lewis-Evans. L’objectif est clair : briller à domicile et pourquoi pas aller chercher la victoire. Tous les espoirs sont permis après la belle démonstration de Monaco, et les qualifications donnent raison à l’écurie de Tony Vanderbilt. Moss arrache la pole devant Behra et Brooks, tandis que Lewis-Evans est sixième avec la troisième voiture. De bon augure avant ce deuxième Grand Prix disputé à Aintree, qui avait souri à Moss deux ans plus tôt.

Le début de course donne raison au champion sans couronne : s’il est passé par Behra au départ, il reprend rapidement son bien et passe le premier tour en tête devant le Niçois et Brooks, tandis que Lewis-Evans n’est que 11ème. Derrière, Brooks perd place après place : blessé lors des dernières 24 Heures du Mans, il est incapable de piloter à 100 % tandis que Lewis-Evans reprend du poil de la bête et remonte dans le classement jusqu’à prendre la cinquième place à Brooks dans le quinzième tour.

Stirling Moss et Tony Vanderwell patron de l'écurie Vanwall en 1957

Mais dans le 22ème tour, le premier coup de théâtre survient : Moss, qui jusque-là dominait tranquillement son sujet est victime d’un problème moteur. Il passe par les stands pour faire examiner son alternateur, mais il doit mettre pied à terre un tour plus tard, son moteur ne tournant toujours pas rond. Aujourd’hui, cela aurait signifié un abandon définitif… mais à cette époque, un pilote pouvait laisser sa place à un autre pendant la course (ce qui impliquait un partage des points).

Or cela tombe bien pour Moss, Brooks est cinquième avec sa Vanwall qui tourne comme une horloge. Sachant que ce dernier ne peut piloter à 100%, il est rappelé aux stands à la fin du 28ème tour et échange de voiture avec Moss. Ce dernier repart neuvième à plus d’une minute de la tête de course, alors que Brooks repart avec l’ancienne voiture de Moss malgré un moteur agonisant.

Le double vice-champion du monde en titre ne ménage pas sa peine pour remonter au classement et double Menditéguy et Schell dès son retour en piste. Suivent Fangio, victime de problèmes moteur, Musso et Collins, mais à la régulière il ne peut faire mieux que troisième. Behra mène la course a sa main avec une dizaine de secondes sur Hawthorn et une quarantaine sur Lewis-Evans et Moss, qui fond sur son jeune coéquipier.

Moss heureux

Mais le 69ème tour est le théâtre d’un nouveau rebondissement dans cette course décidément bien animée. Solide leader jusqu’ici, Behra voit l’embrayage de sa Maserati 250F exploser brutalement, ce qui le contraint à l’abandon. Derrière, Hawthorn prend la tête… mais il roule sur des débris de la Maserati et crève, ce qui l’oblige à repasser par les stands. La foule est en extase, tels les tifosi à Monza : Moss est en tête devant Lewis-Evans ! Qui plus est, Hawthorn est reparti derrière Musso, qui est à plus d’une minute du duo de tête. Mais quelques boucles plus loin, c’est Lewis-Evans qui disparaît des avant-postes, à la suite de la casse de son câble d’accélérateur. Il parvient à rentrer aux stands pour réparer, mais repart à plusieurs tours de la tête, laissant Moss seul devant les Ferrari de Musso, Hawthorn et Trintignant. Fort d’une large avance, il laisse Musso faire le forcing pour tranquillement remporter son premier Grand Prix de la saison, le quatrième de sa carrière devant les trois Ferrari.

Fêté comme un héros dans son pays, il est cependant transparent en Allemagne où il ne termine que cinquième, tandis que Fangio réalise la course de sa vie pour aller triompher des Ferrari d’Hawthorn et de Collins. Il met cependant un point d’honneur à gagner les deux dernières courses de la saison à Pescara et à Monza. Sur le circuit le plus long jamais emprunté par la Formule 1 (plus de 25 kilomètres !), il prend la tête dès le deuxième tour et s’impose avec plus de trois minutes d’avance sur Fangio, non sans avoir égalé le chrono de la pole en course. A Monza, après s’être battu contre ses coéquipiers, Behra et Fangio en début de course, il prend la tête vers le quart de l’épreuve pour ne plus jamais la lâcher et gagner sa troisième course de la saison.

Il termine de nouveau vice-champion du monde derrière Fangio, cette fois à distance respectable de l’Argentin, mais la Vanwall VW 5 a enfin démontré tout son potentiel. Avec trois victoires sur les quatre dernières courses et trois pilotes à la pointe de leur art, l’écurie de Tony Vanderbilt peut viser encore plus haut l’an prochain. Le championnat constructeurs étant créé pour la saison 1958, Moss et Vanwall seront les deux favoris des deux championnats.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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