Ferrari en Autriche : Leclerc miraculé, Vettel naufragé
On l’attendait depuis plus de sept mois, et enfin la saison 2020 a démarré en Autriche. Ce premier Grand Prix de la saison nous a offert un scénario absolument dingue du premier au dernier tour, et permis d’établir une première hiérarchie des forces en présence. Elle a également confirmé certaines tendances, comme la domination des Mercedes à la régulière, ou les problèmes de performances de la nouvelle Ferrari. Retour sur le week-end des pilotes de la Scuderia, qui ont connu des fortunes diverses.
Ferrari avait terminé l’année 2019 en eau de boudin, avec notamment cet incroyable accrochage au Brésil entre Vettel et Leclerc, une première dans l’histoire de l’écurie ! La SF90 était incapable de battre les Mercedes à la régulière, excepté sur des tracés ultrarapides comme Spa ou Monza grâce à la puissance de son moteur. Qui plus est, Mattia Binotto n’avait pas réussi à instaurer une hiérarchie dans l’écurie, ce qui a conduit à bien des tensions entre l’ambitieux Leclerc et l’expérimenté Vettel.
2020 doit être l’année du renouveau pour les Rouges, qui doivent célébrer leur 1000ème Grand Prix cette saison. C’est ainsi que le nom est tout trouvé pour leur nouvelle monoplace, la SF1000 sur laquelle reposent tous les espoirs de reconquête. Mais dès les essais de présaison, Binotto et ses pilotes se montrent inquiets quant à la performance de la voiture. Elle semble en effet mal née, avec notamment de sérieux problèmes aérodynamiques qui la placent loin derrière les Mercedes. Binotto confesse ainsi que les Ferrari seront derrière les Flèches d’Argent, et tout le monde espère alors un coup de bluff…
Des qualifications catastrophiques
Avec la crise du coronavirus, il aura fallu attendre le 3 juillet pour enfin commencer à entrevoir le potentiel des diverses voitures sur la grille. Les séances d’essais montrent les Mercedes largement devant le reste du peloton, mais les Ferrari sont elles engluées dans le milieu de classement. Cependant, il faut attendre les qualifications pour avoir une première idée de la performance réelle sur un tour des monoplaces.
Si la Q1 se passe sans trop d’encombres, éliminant les Williams, les Alfa Romeo et une Haas, la Q2 elle agit comme un couperet. Vettel est tout bonnement 11ème et éliminé, en rendant plus d’une demi-seconde à son chrono de Q2 de l’an dernier ! Il n’est décidément pas verni en Autriche… Leclerc lui sauve sa peau mais avec seulement le 10ème et dernier temps qualificatif pour la Q3. Il ne peut ainsi réprimer un « That’s crazy » empli de dépit, avant d’arracher la septième place sur la grille. Il rend près d’une seconde à sa pole de l’an passé malgré tout…
Leclerc : un podium sorti de nulle part
Avec une septième place sur la grille et une voiture en clair déficit de performance, le Monégasque peut espérer viser un top 5 avec une bonne stratégie et un peu de casse à l’avant. Le podium est lui totalement inaccessible à la régulière au vu des performances des Mercedes et des Red Bull, notamment Verstappen.
Le départ le voit ainsi se battre avec la Racing Point de Pérez et la McLaren de Sainz, des voitures qu’il aurait dépassées comme de vulgaires plots l’année passée ! Conscient des limites de sa voiture, il décide de jouer la carte de la sagesse et résiste aux assauts de la McLaren tout en suivant la Racing Point. Il passe sixième dans le 13ème tour avec la première casse : celle de Verstappen qui est le premier à abandonner en 2020.
Dans le 26ème tour, Magnussen casse un disque de frein et sort de la piste, provoquant la sortie de la voiture de sécurité. Leclerc suit la marche générale et rentre aux stands pour mettre des pneus durs et ainsi finir la course sans plus s’arrêter. Cependant, son prochain objectif n’est plus Pérez mais Norris, qui a cédé sous les assauts de la Racing Point du Mexicain. Il résiste cependant toujours à Sainz, qui doit se demander si rejoindre Ferrari en 2021 était un si bon choix en fin de compte…
La casse moteur de Russell provoque une nouvelle voiture de sécurité dans le 51ème tour et jette toutes les voitures dans les stands pour le second arrêt. Si certains comme les Mercedes remettent les pneus durs, Leclerc choisit comme Norris et d’autres de passer les gommes médiums, pour essayer de remonter rapidement sur la tête au restart. Au restart quatre tours plus tard, Räikkönen perd une roue et fait ressortir la voiture de sécurité, et Leclerc passe de nouveau par les stands pour remettre de la gomme fraîche. Il ne reste plus que 11 tours à parcourir, et il n’est que sixième.
Au restart, Albon est bien plus rapide que Hamilton grâce à ses gommes tendres et tente de passer Hamilton, mais l’Anglais le percute et l’envoie dans les graviers, ce qui fait passer Charles cinquième. Il passe alors à l’attaque et dépasse Norris dans le 64ème tour, avant de profiter de ses gommes plus tendres et plus fraîches pour réaliser un dépassement magnifique sur Sergio Pérez deux tours plus tard. Sa troisième place inespérée devient une seconde place à la suite de la pénalité reçue par Hamilton après son accrochage avec Albon.
Cette deuxième place est une véritable exploit et montre tout le talent du Monégasque. Au volant d’une monoplace ratée, il a su réaliser une course sage et sans erreurs pour se montrer offensif en fin de course avec des pneus en meilleur état. Il a parfaitement su composer avec les divers faits de course pour remonter peu à peu et s’offrir le plus beau podium de sa carrière. Personne n’aurait misé sur un tel résultat au vu de l’absence totale de performance en qualifications…
Vettel : un naufrage complet
Qualifié seulement 11ème sur la grille, Vettel n’a pour lui que le choix des pneus pour le départ et doit essayer de remonter à l’avant du peloton, tout du moins aussi haut qu’il le peut. Il réalise ainsi un départ correct en dépassant Ricciardo mais se retrouve ensuite bloqué derrière Stroll… C’est dire si la hiérarchie peut être bousculée d’une saison à une autre.
Comme Leclerc, il gagne une place avec l’abandon de Verstappen, puis un problème moteur contraint Stroll à l’abandon. Il est donc huitième, deux places derrière son coéquipier et la voiture de sécurité provoquée par Magnussen permet au peloton de se regrouper. Mais le restart vire au cauchemar pour l’Allemand. Dans le 31ème tour, Sainz tente d’attaquer Leclerc dans le virage 3, et Vettel plonge à l’intérieur pour espérer passer l’Espagnol. Ce dernier ferme la porte, et l’Allemand doit monter sur les freins pour éviter l’accrochage et part en tête à queue… comme si rien n’avait changé depuis les années précédentes.
Condamné à laisser passer tout le monde ou presque, il ne repart que 15ème, ne devançant que Latifi ! Et au contraire de son coéquipier capable de remonter sur le podium, il se retrouve bloqué en queue de peloton, à se battre contre Grosjean, Giovinazzi, Kvyat… Il ne doit qu’une certaine sorte de salut au déluge d’abandons en fin de course pour aller chercher le point de la dixième place, derrière Giovinazzi et son Alfa Romeo à la rue en Q1…
Il faut croire que Vettel a été rattrapé par ses vieux démons une fois de plus. Incapable de se mettre dans le rythme, son tête-à-queue l’a renvoyé dans les profondeurs du classement et il a été tout simplement incapable de remonter à la régulière. Si sa voiture souffre de nombreux problèmes de performance, il a lui aussi montré ses limites une fois de plus. Un véritable crève-cœur quand on pense qu’il est quadruple champion du monde…
Binotto a-t-il pris la bonne décision d’écarter Vettel pour 2021 ?
Ce Grand Prix ne peut prétendre répondre à la question à lui seul et il faudra attendre la fin de saison pour essayer d’avoir une idée plus précise. Mais il est clair que la comparaison fait terriblement mal au quadruple champion du monde allemand. Hors du coup tout le week-end, incapable de hausser son niveau en course et coupable d’erreurs indignes de son statut, le point qu’il ramène est miraculeux, mais pas dans le même sens que le podium de son coéquipier. Si sa place n’est nullement en danger pour cette saison compte tenu de son statut, il va clairement devoir rapidement se mettre au diapason pour éviter de s’attirer les foudres des tifosi.
Il ne peut cependant être tenu pour seul responsable d’un tel naufrage. La SF1000 est arrivée sans améliorations depuis les essais hivernaux et le nouveau pack aérodynamique n’est pas prévu avant la Hongrie. L’écart de performances avec la SF90 est flagrant et montre une régression spectaculaire des performances là où les autres écuries ont progressé. Il ne reste plus qu’à espérer que la Scuderia redressera la barre… ou la SF1000 rejoindra la liste des monoplaces ratées, avec la 312 B3 « Spazzaneve », la 312 T5 ou encore la F92A.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.