Séries

Les pilotes F1 qui ont brillé ailleurs : Alessandro Zanardi, le miraculé du Lausitzring

Le monde de la Formule 1 n’est pas spécialement réputé pour être tendre envers les pilotes, en particulier s’ils courent en fond de grille. C’est ainsi qu’au fil des années, nombre d’entre eux n’ont pu exprimer leur réel talent au volant d’une F1, faute d’un matériel performant. Mais le monde du sport automobile ne se limite pas à la F1, et bon nombre de pilotes ont pris une éclatante revanche pour devenir des grands de ce monde très sélectif.

Après Gabriele Tarquini, c’est au tour d’un autre italien d’être mis à l’honneur dans cette série en la personne d’Alessandro Zanardi. Né à Bologne en 1966, sa carrière avant la Formule 1 est on ne peut plus classique, passant plusieurs années dans le monde du karting avant de rejoindre les rangs de la Formule 3 italienne. Il gagnera une manche de F3 européenne au Mans en 1989, puis courra deux ans en Formule 3000 européenne, terminant vice-champion en 1991.

Cette même année, il profite du passage de Roberto Moreno chez Benetton pour faire ses débuts dans la discipline reine chez Jordan. Cependant, il n’est pas retenu par l’écurie irlandaise et en parallèle, il occupe un poste de pilote-essayeur chez Benetton. Il ne dispute que deux Grands Prix de la saison 1992 chez Minardi, profitant de la blessure de Christian Fittipaldi. Il ne parvient hélas pas à se qualifier et doit ronger son frein en attendant la saison 1993.

Lotus décide alors de l’engager comme pilote titulaire et il ne marque qu’un point, son seul et unique dans la discipline lors du Grand Prix du Brésil. Hélas, sa saison prend fin à Spa-Francorchamps, où il est victime d’un terrible accident à plus de 240 km/h. Remplacé par Pedro Lamy, il récupèrera le baquet du Portugais en fin de saison 1994, dans une écurie Lotus financièrement au bord du gouffre. Malgré tous ses efforts, il ne marque pas de points et Lotus met la clé sous la porte, contraignant le natif de Bologne à abandonner la F1.

Reconversion

Sa première reconversion a ainsi lieu aux Etats-Unis en 1996, où il s’exile dans le réputé championnat CART. Après un début de saison assez difficile, où il apprend les subtilités de la discipline, il termine la saison avec trois victoires et quatre pole positions. 1997 et 1998 vont le voir sacré en battant plusieurs records, dont celui du nombre de pole positions consécutives (six entre 1996 et 1997). De telles performances ne passent pas inaperçues, et Williams décide alors de lui offrir un contrat de trois ans. Revoilà Zanardi dans la discipline reine du sport automobile !

Malheureusement, sa saison 1999 va tourner au cauchemar. Alors que Ralf Schumacher enchaîne les bons résultats et les podiums, Zanardi ne termine aucune course dans les points, ne brillant qu’en Italie où il termine septième et à la porte des points en étant parti quatrième. Complètement dominé par l’Allemand et ayant déçu les patrons de Williams, il est remplacé par le jeune Jenson Button pour la saison 2000, et il décide donc de retourner aux Etats-Unis.

Après une année sans courir, 2001 n’est pas à la hauteur de ses espérances, se retrouvant loin de son niveau d’avant Williams. Le 15 septembre 2001, sur l’ovale du Lauzitsring, Zanardi est percuté à 320 km/h par la monoplace d’Alex Tagliani. Sous la violence du choc, la partie avant de sa voiture est totalement disloquée et Zanardi se retrouve inconscient dans sa voiture, les jambes broyées et perdant beaucoup de sang à même la piste. Hélitreuillé en urgence à l’hôpital de Berlin, son cas est critique, au point qu’il reçoit les derniers sacrements. Mais comme Niki Lauda avant lui, Zanardi va survivre à cet accident, se réveillant aux côtés de sa femme cinq jours après. Il s’estime alors heureux d’être en vie, même si pour cela il a dû être amputé des deux jambes.

Deux ans plus tard, il boucle symboliquement les treize derniers tours de la course du Lausitzring dans une voiture adaptée à son handicap, et signe alors un temps qui l’aurait classé cinquième sur la grille. Il décide alors de reprendre la compétition automobile, rejoignant Tarquini en ETCC puis WTCC. En cinq ans, il parviendra à gagner quatre victoires avec toujours une voiture adaptée.

 

C’est alors qu’il va se lancer dans une reconversion assez surprenante, en décidant de se mettre au cyclisme handisport. En deux éditions des Jeux Paralympiques (Londres 2012 et Rio 2016), il va gagner six médailles olympiques, dont quatre en or, le ramenant à ses heures les plus glorieuses du championnat CART. Il décide alors de retourner de nouveau à la course automobile, avec comme dernière course en date les 24h de Daytona 2019.

Malgré une carrière en F1 ratée, Alessandro Zanardi a su réussir dans un premier temps aux Etats-Unis, avant Sébastien Bourdais, avant de se relever d’un terrible accident pour non seulement recourir en sport automobile, ensuite devenir champion paralympique de cyclisme à quatre reprises. Bien plus que tout autre pilote, il incarne la persévérance et cette folle envie de ne jamais laisser tomber, qui auront su le porter au sommet du sport mondial.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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