Formule 1,  Séries

Les faux espoirs hivernaux : Toyota TF107, du gaspillage d’argent en règle

Depuis des années déjà, les essais d’intersaison sont l’occasion pour les différentes écuries de tester leur voiture pour la saison qui arrive. Tout le monde essaie ainsi de se situer par rapport au reste du peloton, pour savoir où leur création va passer la majeure partie de son temps. Il arrive cependant que leurs espoirs soient douchés dès la première course, voire même dès les premiers tours de roue. Retour cette fois en 2007, avec la décevante Toyota TF107.

Pour résumer rapidement le passage de Toyota en Formule 1, on peut le définir comme des centaines de millions d’euros investis sans jamais recevoir des résultats réellement à la hauteur. L’aventure a duré huit ans, entre 2002 et 2009, mais jamais l’écurie ne parviendra à gagner le moindre Grand Prix. Malgré les sommes investies, les divers pilotes engagés au fil des ans et plusieurs poles positions, la firme échouera là où Honda triompha en tant que constructeur à trois reprises.

Le programme Toyota F1 est ainsi lancé après les 24 Heures du Mans 1999 et une troisième seconde place en sept ans : la GT-One de pointe a crevé à seulement une heure de la fin. Allan McNish et Mika Salo sont donc choisis dès avril 2000 pour être les premiers pilotes de la firme nippone, mais la première monoplace, la Toyota TF101 ne courra jamais en Grand Prix. Elle servira de base d’essais roulante tout au long de l’année 2001 pour envisager un engagement en 2002.

C’est ainsi que Mika Salo et Allan McNish prennent le volant des TF102 pour la saison 2002, et Salo termine sixième en Australie. Il doit cependant plus ce résultat au déluge d’abandons en piste… d’autant plus qu’il échoue à dépasser le rookie Mark Webber, qui court pour Minardi ! Il obtient un autre point au Brésil, le dernier de la saison pour Toyota puisque McNish ne fera pas mieux que septième en Malaisie. Le line-up est renouvelé pour la saison 2003 avec Olivier Panis et Cristiano Da Matta, mais les voitures restent hors du coup la plupart du temps à l’exception de coups d’éclat passagers.

Ralf Schumacher - Toyota 2005

Il faut en réalité attendre 2005 pour voir les premiers réels coups d’éclat de la firme japonaise. Ralf Schumacher rejoint ainsi Jarno Trulli, qui a déjà disputé les deux dernières courses de la saison 2004 avec Toyota à la suite de son licenciement de chez Renault. La TF105 marque enfin de réels progrès par rapport à ses devancières. L’Italien signe ainsi trois podiums lors des cinq premières courses de la saison, avant de quelque peu rentrer dans le rang. Schumacher, plus discret mais plus régulier dépasse finalement Trulli au championnat lors de la dernière course. Chaque pilote y va également de sa pole position, mais aucun ne peut la confirmer en course : Trulli est victime du forfait de Michelin à Indianapolis (après les accidents de ses coéquipiers), et Schumacher finit seulement huitième au Japon.Toyota est ainsi la quatrième force du plateau en cette fin de saison 2005, et tous les espoirs sont de mise pour la saison 2006. Hélas, la TF106 est loin d’être aussi performante que sa devancière, et l’écurie chute dans la hiérarchie. Schumacher ramène le seul podium de l’écurie en Australie, le dernier de sa carrière à la suite d’une hécatombe en piste. Toyota glisse de la quatrième à la sixième place du championnat constructeurs, avec seulement 35 points marqués contre 88 la saison précédente.

2007 doit donc être la saison du renouveau, pour retrouver le niveau de performance de 2005 voire mieux et enfin obtenir cette première victoire. Trulli et Schumacher sont bien évidemment conservés compte tenu de leur expérience et de leur talent. Lors des essais d’intersaison, la nouvelle Toyota TF107 se comporte bien et signe d’excellents chronos entre les mains des deux titulaires, ainsi que du pilote essayeur Franck Montagny. L’espoir est donc de mise chez les Japonais, mais certains s’inquiètent car la TF107 est plus une TF106B qu’autre chose. Cela impliquerait que ces temps réalisés aux essais ne sont que des leurres et que la voiture se traînerait en piste…

Hélas, les impressions de certains aux essais se confirment rapidement en piste. Schumacher et Trulli marquent cinq points lors des trois premières courses, puis neuf… sur tout le reste de la saison ! Aucun des deux pilotes ne fait mieux que sixième en course, et Williams porte le coup de grâce. L’écurie de Didcot est en effet cliente de l’écurie japonaise pour le groupe motopropulseur, et réalise de meilleurs résultats avec notamment un podium de Wurz au Canada. La preuve une fois de plus que les essais de présaison ne veulent absolument rien dire, et cela pointe du doigt l’échec total que fut ce châssis TF107. Bien que battue par une écurie cliente, l’écurie japonaise termine sixième du championnat constructeurs, deux places devant une écurie Honda qui a connu une chute encore plus spectaculaire. Button n’a marqué que six points dont quatre au Japon… et Barrichello n’a pas marqué le moindre point de la saison, une première dans sa carrière !

Cet échec conduira notamment à l’éviction de Ralf Schumacher et par extension à la fin de sa carrière, son niveau de performances ayant été pointé du doigt. Il est remplacé par Timo Glock, qui restera dans la légende lors de l’incroyable Grand Prix du Brésil. Resté en pneus secs sous la pluie, il se fait doubler par Hamilton dans le dernier virage et permet au natif de Stevenage d’être sacré champion du monde pour la première fois de sa carrière. La crise de 2008 aura finalement raison de Toyota, qui se retire fin 2009 malgré des performances à la hausse mais toujours pas de victoire.

Kamui Kobayashi-AbuDhabi 2009 ©Motor1

L’histoire se terminera avec la Toyota TF110, qui selon ses concepteurs, aurait pu jouer des victoires. Plusieurs écuries (Stefan GP, HRT) essaieront de récupérer le châssis, qui sera seulement utilisé pour des tests de pneumatiques Pirelli en 2010 avec Nick Heidfeld au volant. Elle rejoint ainsi la longue, très longue liste de tous les projets n’ayant pas abouti sur un engagement en championnat du monde.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

%d blogueurs aiment cette page :