Les comebacks en F1 : Nigel Mansell, la blague Mclaren
Alors que la saison 2018 touche à sa fin, le mercato 2019 se clôture tout juste. Deux retours que l’on pensait impossibles viennent animer la grille: celui de Robert Kubica, neuf ans après sa dernière aventure avec Renault, ainsi que celui de Daniil Kvyat avec Toro Rosso, après une pause plus courte. Ils ne sont cependant pas les premiers pilotes à faire leur retour dans l’histoire de la Formule 1, d’autres l’ont fait avant eux. Ce dernier épisode revient sur l’aventure de Nigel Mansell.
Nigel Mansell est de ceux qui ont dû s’armer de patience pour décrocher un titre mondial dans la discipline. Après plusieurs années de galère et quelques coups d’éclat, 1980 signes ses premiers virages en F1 au sein de l’écurie Lotus en connaissant. Il doit attendre la fin de saison 1985 avec Williams pour signer ses premiers succès en carrière. Les saisons 1986 et 1987 le couronnent vice-champion du monde, privé du titre suite à l’éclatement d’un pneu en Australie. Dernier pilote Ferrari choisi par Enzo Ferrari, il reste deux ans chez les Rouges, gagnant trois Grand Prix, avant de revenir chez Williams.
De nouveau vice-champion du monde en 1991, il réalise une saison 1992 de tous les records. Au volant d’une Williams FW14 littéralement intouchable, il signe quatorze pole positions, neuf victoires et huit meilleurs tours en course. Malgré cette saison exceptionnelle, Frank Williams le met à la porte et préfère engager Alain Prost ainsi que le prometteur Damon Hill, le fils du défunt Graham.
Exil aux Etats-Unis
Vexé, Mansell décide donc de chercher un volant ailleurs. En 1993, il se retrouve donc dans le championnat américain de monoplaces, le CART. Il pilote aux côtés de Mario Andretti dans le team Newman-Haas. Il signe une victoire dès la première manche de la saison à Surfers Paradise, l’Anglais va rapidement se distinguer dans la discipline. Gagnant quatre autres courses et accumulant les places d’honneur (dont une troisième place aux 500 Miles d’Indianapolis), il termine l’année champion de la discipline.
Nouvelle saison, et retour chez Williams
La saison 1994 n’est hélas pas du même acabit. Malgré une deuxième place lors de la manche inaugurale, Mansell ne peut se battre contre les meilleurs. Alternant le bon et le moins bon, il revient avec Williams à l’occasion du Grand Prix de France, rappelé notamment par Bernie Ecclestone. La Formule 1 est alors bouleversée par le décès de Senna, d’autant plus que Schumacher écrase la concurrence. Il fera au total quatre piges dans la saison, et s’imposera même à Adélaïde. C’est à ce jour la dernière victoire en Formule 1 d’un pilote quadragénaire.
La blague McLaren
A la surprise générale, Mansell choisit de rejoindre McLaren pour la saison 1995. Il est pourtant de notoriété publique que Ron Dennis n’apprécie pas du tout Mansell. La saison commence mal pour l’Anglais ; il est trop corpulent pour se glisser dans la monoplace ! Il rate ainsi les deux premiers Grands Prix de la saison, le temps de construire une voiture adaptée. A Imola, pour ses débuts avec l’écurie britannique, il est cinquième jusqu’au 47ème tour, où il s’accroche avec Irvine pour terminer seulement dixième. En Espagne, victime d’une voiture inconduisible, il est contraint à l’abandon. Jugeant qu’il ne pourra rien tirer de cette collaboration, Ron Dennis licencie Mansell. Nigel tentera de rebondir face à cet échec au travers d’essais privés chez Jordan, mais ses chronos peu convaincants ne lui permettront pas de franchir à nouveau les portes du Paddock en combinaison de pilote. On reverra ce dernier notamment en Formule Masters, avec deux victoires.
Le retour de Nigel Mansell en F1 avait l’allure d’un parcours de combattant. Malgré une belle victoire à Adélaïde avec Williams, Nigel Mansell n’a rien pu faire de son épisode chez McLaren, qui a viré à la farce. Bien qu’il ait cumulé ces échecs et quatre années difficiles chez Lotus, il n’en reste pas moins l’un des plus grands pilotes de la discipline. Pour preuve, il est l’un des membres de la bande des quatre (avec Piquet, Senna et Prost) qui a trusté tous les titres mondiaux entre 1983 et 1993.
Pierre Laporte