Dans les yeux de Pierre : Monza 2008, « Baby Schumi » au paradis
Être journaliste F1 implique presque toujours d’être passionné et de suivre le sport depuis un certain nombre d’années. Pour ma part, je regarde la discipline depuis 2004, aussi loin que je me rappelle, alors que je n’avais que 5 ans. Cette époque, il me reste des flashs, des moments précis gravés en ma mémoire. Bien que ces courses n’aient pas toujours eu une signification particulière ou un retentissement immense, lors de cette série spéciale, nous allons les revivre ensemble.
Nous arrivons donc en Italie pour la 14ème manche de la saison en Italie, et au championnat Hamilton est toujours devant Massa, mais pour seulement deux points (76 à 74). En effet, l’Anglais a été pénalisé à la fin du Grand Prix de Belgique, et a perdu deux places pour finir troisième et offrir la victoire à Massa sur tapis vert. C’était pour ma part un double coup dur quelque peu atténué par cette pénalité pour McLaren. Longtemps en tête, Räikkonën a fini dans le mur en fin de course, piégé par la pluie. Mais le plus déchirant reste la chute inexorable de Sébastien Bourdais. A un tour près, il aurait été le premier Français à monter sur un podium de F1, dix ans presque jour pour jour après Alesi en 1998. Hélas, en pneus secs sous la pluie, il perd quatre places dans le dernier tour et ne termine que septième. La scoumoune française ferait-elle là une nouvelle victime ?
Quoi qu’il en soit, nous sommes en terre Ferrari et la logique des choses voudrait voir les bolides de Maranello occuper le haut de la feuille des temps. Toutefois, Dame Nature décide de mettre son grain de sel, et la pluie va perturber ces qualifications pour nous donner une grille de départ totalement improbable. Ce sont bien des monoplaces italiennes qui brillent… mais ce sont celles de Faenza ! Vettel signe la pole à la surprise générale, devant Kovalainen qui sauve l’honneur des top teams, Webber et Bourdais ! Pour dire, jamais Minardi (rachetée par Red Bull fin 2005) en 340 Grands Prix n’avait connu pareille performance, sa star Pierluigi Martini ayant cependant arraché la première ligne au Grand Prix des Etats-Unis 1990 derrière la McLaren de Gerhard Berger.
Au niveau du championnat, c’est Massa qui réalise la bonne affaire en se qualifiant 6ème, loin devant Kubica (11ème), Räikkonën (14ème) et Hamilton (15ème), tous piégés en Q2 ! Un scénario qui aujourd’hui est totalement improbable compte tenu de l’écart entre le top 6 et le reste du plateau… Toutefois, une question est sur toutes les lèvres : est-ce que Vettel va pouvoir jouer la victoire avec sa modeste Toro Rosso ? Pour ma part, j’espère voir un doublé avec si possible Bourdais victorieux…
Mais de nouveau, la poisse française s’abat sur le pilote français de Toro Rosso : il cale au départ ! Comment ne pas insulter la Terre entière à voir ça, sérieusement! C’est à croire que tout se ligue contre lui pour qu’il se fasse écraser par Vettel… Il parvient malgré tout à repartir, mais avec un tour de retard sur tout le monde, en gros sa course est ruinée avant même d’avoir commencé. Je reporte donc mes espoirs sur Vettel, qui mène le peloton derrière la safety car déployée en raison de la pluie.
Cette dernière s’écarte au bout de trois tours et l’Allemand montre immédiatement toute l’étendue de son talent au volant d’une voiture performante ce jour-là. Il s’envole en tête, devant l’intégralité des cadors qui eux se battent pour remonter dans le peloton. A l’autre bout du classement, Bourdais tourne dans le vide, condamné à finir loin de son coéquipier mais tournant dans des temps qui lui permettraient largement de jouer devant… Maudit calage du départ.
Derrière, le classement évolue majoritairement en fonction des arrêts aux stands de chacun. Ainsi Kovalainen prend la tête pour quelques tours (du 19 au 22ème tour) avant de s’arrêter et de laisser Vettel reprendre la tête de course. Hamilton pointe ainsi plusieurs fois en seconde position, tandis que huit pilotes différents passeront en troisième position au fur et à mesure de la course, parfois seulement pour un tour comme les deux Renault. Il faut attendre le 37ème tour pour obtenir le top 8 définitif.
« Baby Schumi », comme on le surnomme déjà, me subjugue par sa performance absolument exceptionnelle. Il mène 49 tours sur 53 et parvient finalement à s’imposer, devant Kovalainen et Kubica qui n’ont jamais pu le menacer. Cette victoire est d’autant plus incroyable que la grande sœur, Red Bull n’a encore jamais gagné en Grand Prix ! Vettel bat également un record de précocité tenu auparavant par McLaren puis Alonso, en gagnant à 21 ans, 2 mois et 11 jours (record qui sera battu par Max Verstappen au Grand Prix d’Espagne 2016). Et dire qu’avant ça, Minardi n’avait mené qu’un tour (40ème tour du GP du Portugal 1989, avec Martini), sans jamais signer le moindre podium…
C’est ainsi que l’hymne italien retentit sur le podium, et pour la première fois depuis le triomphe Maserati de 1957, il ne résonne pas pour la Scuderia Ferrari ! Cette dernière place ses voitures 6ème (Massa) et 9ème (Räikkonën), mais le Brésilien reprend un point à Hamilton, 7ème. Pour ma part, je suis vraiment partagé au niveau de mes émotions. D’une part, Vettel a su faire triompher David de fort belle manière, avec un talent voué à le propulser au rang de légende. De l’autre, Bourdais a fait les frais d’une malédiction française, qui lui a coûté deux podiums et une quatrième place… mais le pire reste à venir.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.
Un commentaire
Yann Le Clère
Je me souviendrais toujours de ce grand prix d’Italie 2008 ou j’ai découvert plus qu’un pilote mais une équipe de fond de grille ce révéler et de devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Sebastian Vettel j’avais entendu parler de lui par ces performances remarquables, la 4ème place qu’il a fait en Chine en 2007 m’a mis bouche bée, à partir de ce moment je me suis dit que cela allait être un pilote à surveiller de très près, cela ce confirme lors de ce week-end à Monza ou il gère la pression de façon extraordinaire.