Dans les allées du Paddock

Sebastian Vettel serait-il sur la fin ?

On avait perdu l’habitude de voir Vettel partir à la faute, la dernière erreur de sa part remontant à Bahreïn avec un tête à queue alors qu’il était dépassé par Hamilton. Avec ce nouvel accrochage, est-il vraiment à l’aise chez Ferrari ? Beaucoup se demandent où est passé ce pilote capable de triompher deux fois d’Alonso…

A l’époque Toro Rosso puis Red Bull, Sebastian Vettel était LE champion à battre. Quatre titres mondiaux, des poles positions et des victoires en cascade, des records battus les uns après les autres… Le poulain de Red Bull confirmait alors toutes les ambitions de l’écurie autrichienne, et ce jusqu’à fin 2013.

2014 et l’introduction des V6 turbo hybrides a porté un premier coup d’arrêt à sa domination. Incapable de lutter contre la domination Mercedes, il est également largué par son nouveau coéquipier Daniel Ricciardo, qui gagne trois courses là ou il ne fait pas mieux que second à Singapour. Il décide donc de partir pour Ferrari en 2015, pour refaire comme son idole Schumacher : devenir champion du monde avec la marque au cheval cabré.

GP Canada 2013 - Sebastian Vettel - ©Red Bull Racing

Après deux saisons dans l’ombre des Mercedes, 2017 marque un réel tournant, car enfin, Seb peut se battre pour le titre face à Lewis. Mais Singapour va entièrement changer la donne, puisque Vettel envoie Räikonnën et Verstappen au tapis, ouvrant une voie royale aux Mercedes qui étaient alors dominées. Handicapé par des problèmes mécaniques et des erreurs de pilotage, il perd pied et le titre revient au pilote Mercedes.

On a ainsi pu voir la fébrilité du pilote allemand à plusieurs reprises avant cette occasion plus que manquée. Deux exemples notables sont à souligner: le Mexique 2016 où il insulte Verstappen et Whiting après que le Néerlandais ait coupé un virage sans être sanctionné, et Bakou 2017, où il adresse un coup de roue à Hamilton derrière la safety car dans un mouvement d’humeur.

2018 devait être l’année Vettel, mais il n’en fut rien. L’Allemand paraît plus nerveux, a une tendance au surpilotage, et commet faute sur faute à vouloir rester devant à n’importe quel prix (nous en avions fait une série que vous pouvez voir ici). Beaucoup suspectent alors que le quadruple champion du monde n’est pas à l’aise chez Ferrari, d’autant plus que Red Bull était comme une seconde famille pour lui, la marque de boissons énergisantes le soutenant depuis 2004.

Après les essais de pré-saison 2019, on pense Ferrari revenu au sommet et capable de dominer Mercedes… Après 10 grands prix, seul Bottas peut menacer Hamilton, Verstappen est à 87 points, Vettel à 100 et Leclerc à 103 ! L’Allemand connaît une saison aussi compliquée qu’en 2014, avec l’explosion de Leclerc qui, à 21 ans, lui donne bien du fil à retordre. La mort de Charlie Whiting en début d’année, dont il était très proche l’a possiblement affecté, et sa Ferrari éprouve les pires difficultés à rivaliser avec les Flèches d’Argent.

Sebastian Vettel à Monaco - ©Vid Vorsic

Après un superbe tête à queue à Barheïn dans la lignée de ce qu’il faisait l’année précédente, le Grand Prix du Canada l’a achevé un peu plus. Pénalisé pour avoir coupé la route à Hamilton alors qu’il était en tête de la course et qu’il avait commis une petite faute, il n’avait pu retenir sa colère. S’exprimant longuement à la radio après avoir franchi la ligne, il avait ainsi foncé directement dans le motorhome Ferrari avant de finalement revenir sur le podium  « par respect pour Lewis, Charles et Ferrari », mais non sans échanger les plots indiquant le vainqueur et le second, un geste aussi vain que symbolique de l’opinion du pilote allemand sur le sujet.

Cette nouvelle erreur à Silverstone, où il percute Max Verstappen en loupant son freinage est symptomatique d’un pilote qui n’a plus son niveau d’antan. Les rumeurs le voient ainsi partir à la retraite, voire revenir au bercail chez Red Bull ! Bien que ces bruits de couloir aient été démentis par Vettel et Binotto, il va sans dire qu’on peut se demander s’il se sent toujours à sa place en F1. Il est le seul pilote de la grille à ne pas être présent sur les réseaux sociaux, qu’il avoue ne pas comprendre, il assume également que la F1 actuelle n’est pas celle dont il est tombé amoureux, et puis la pression mise par Ferrari est énorme, peu de pilotes peuvent facilement l’encaisser. Gaëtan Vigneron, commentateur belge F1, parle de Vettel en ces termes :

« Vettel est plus sensible qu’on ne l’imagine, c’est un gars un peu ancienne école, très famille, pas branché réseaux sociaux, il ne comprend rien à toutes ces histoires. Il n’est pas en phase avec certaines choses qu’on voit dans le monde aujourd’hui dans la F1 moderne, de la manière dont les pénalités sont parfois imposées, et donc tout cela commence à lui peser. Il y a presque aussi une différence de génération, il se retrouve avec des gars de 21 ans qui ne sont pas les mêmes que lui, et donc il se pose des questions. Il est plus sensible et fragile qu’on ne l’imagine. Il a aussi un côté humain assez attachant, c’est un chouette gars. J’ai eu plusieurs exemples ces derniers temps vécus où il a été vraiment très chouette. »

En effet, il critiquait le règlement en piste il y a peu, jugeant qu’il était bien trop complexe et qu’il devrait tenir sur deux feuilles A4… ce qui est déjà le cas ! Le réel problème est que ce règlement est bien trop vague et que l’application des pénalités repose sur l’interprétation des commissaires. Et puis, avec deux filles depuis quelques années et un mariage récent, Vettel songe peut-être à prendre plus de temps pour lui et pour elles, à l’image de Nico Rosberg en 2016. Quoi qu’il en soit, il va devoir se ressaisir à domicile, en Allemagne, là où l’an dernier, il était parti à la faute dans le Stadium alors qu’il avait course gagnée.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

2 commentaires

  • Yann Le Clère

    Sebastian Vettel est un pilote à très fort potentiel, seulement chez Ferrari la pression est beaucoup plus forte que chez n’importe quelle autre écurie du plateau, et ça il n’arrive pas à gérer, quand il avait la possibilité de triompher en 2017 et 2018 il se loupe. Cette saison est très compliqué dans le sens entre la ferrari qui marchait fort aux essais hivernaux et la ferrari qu’on voit sur les grands prix y a une différence énorme + l’arrivée de Charles Leclerc dans l’écurie n’arrange rien pour Vettel et ça je me doutais que Charles allait être à son niveau donc toute ces choses font qu’il n’est pas à son aise.

    • Angélique Belokopytov

      Oui exactement ! Ferrari, c’est le travail à l’italienne, avec le pressing qui s’en suit.
      Exactement, vous avez raison! D’un coup, Vettel doit faire face à beaucoup de nouveaux éléments difficilement contrôlables et il doit réussir à s’y faire. Il parait qu’il rend souvent visite toujours aujourd’hui chez Red Bull qu’il considère comme une vraie famille. Peut-être a-t-il besoin d’un espèce de « cocon » pour évoluer efficacement?
      En tout cas, on espère vraiment le voir rapidement revenir au top de sa forme, parce qu’il n’y a rien de mieux qu’un championnat disputé entre plusieurs pilotes talentueux 🙂

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