La visière des femmes

L’endurance fait une belle place aux femmes

Contrairement à la monoplace, en particulier la Formule 1, l’endurance a toujours su faire la part belle aux femmes. Désiré Wilson, Lella Lombardi, Vanina Ickx, Claudia Hürtgen ou encore Lilian Bryner, nombreuses sont celles qui ont brillé sur des courses de 6 heures ou 1000 kilomètres, voire 24 heures, comme au Mans ou à Spa-Francorchamps.

Si la F1 n’a vu que cinq femmes tenter de prendre un départ et seulement deux y parvenir, les épreuves d’endurance quant à elles ont vu de nombreuses pilotes briller à tous les niveaux. Parmi les exploits les plus notables, on peut citer Lilian Bryner, seule femme à gagner les 24 Heures de Spa en 2004, Désiré Wilson qui connut plusieurs succès en compagnie d’Alain de Cadenet, Lella Lombardi qui gagna également quelques courses d’endurance…

Les femmes pilotes depuis toujours

Aux 24 Heures du Mans, les femmes courent pratiquement depuis que l’épreuve existe. Les meilleurs résultats au général pour des femmes dans l’épreuve mancelle remontent aux années 30 ! Odette Siko et Marguerite Mareuse terminent 7èmes en 1930, le meilleur résultat d’un équipage 100% féminin, avant qu’Odette s’offre le luxe de terminer 4ème deux ans plus tard, ce qui reste le meilleur classement pour une femme.

En 1935, une écurie britannique engage 3 MG Midget PA, uniquement conduites par des femmes. Les trois voitures termineront les unes derrière les autres, aux 24ème, 25ème et 26ème rang. On revoit quelques femmes courir après la guerre, dont Gilberte Thirion en 1954, la première pilote belge à courir sur les 24 Heures. Elle reste cependant la dernière femme à piloter au Mans pour plus de 15 ans.

Gilberte Thirion

Il faut en effet attendre 1971 pour revoir une femme au départ en la personne de Marie-Claude Beaumont. La jeune pilote française n’a pas froid aux yeux, puisqu’elle est la coéquipière d’Henri Greder, qui engage des Chevrolet Corvette Stingray ! Elle participera six fois aux 24 Heures du Mans, avec une 12ème place comme meilleur résultat. A noter qu’elle a couru sur une Porsche 936 usine en 1976, terminant 16ème en compagnie des regrettés Bob Wollek et Didier Pironi.

Le retour d’un équipage féminin

En 1974 s’écrit l’une des plus belles pages du sport automobile féminin, avec le retour d’un équipage 100% féminin pour la première fois depuis 23 ans. Associées à la Française Marie Laurent, les Belges Christine Becker et Yvette Fontaine terminent 17èmes au général, et remportent la catégorie Sport 2L (seule survivante de sa catégorie). Les trois femmes deviennent les premières à remporter un succès de catégorie aux 24 Heures.

L’année suivante, ce sont trois équipages féminins qui s’alignent au départ, dont Marie-Claude Beaumont et Lella Lombardi sur une Alpine A441 d’usine, qui abandonnent. Anne-Charlotte Verney (recordwomen du nombre de participations au nombre de 10) termine 11ème en compagnie d’Yvette Fontaine et de Corinne Tarnaud, mais le bel exploit revient à la petite Moynet LM75. Pilotée par Marianne Hoepfner, Christine Dacremont et une certaine Michèle Mouton, elle remporte la catégorie Sport 2L avec quatre tours d’avance sur son plus proche poursuivant. En 1977, Lella Lombardi et Christine Beckers se voient offrir le volant d’une des Inaltera. L’Italienne et la Belge finiront ainsi 11èmes et quatrièmes de leur catégorie, un joli résultat en somme.

Michèle Mouton

Période moins faste

Les équipages 100 % féminins vont se raréfier à partir des années 80, les femmes courant généralement avec les hommes. Désiré Wilson termine ainsi 7ème en 1983 lors du triomphe absolu de la Porsche 956 (huit Porsche 956 aux 8 premières places et 9 dans le top 10 !). Ensuite, Liliane Bryner termine 9ème en 1994 et seconde en GT2. Entre temps, une Spice avec un équipage 100% féminin s’est présentée aux 24 Heures 1991, le tout pour un abandon. Il faudra attendre 2010 pour retrouver un équipage avec seulement des femmes (les Suissesses Rahel Frey, Natacha Gachnang et Cyndie Allemann) sur Ford GT, qui se conclura par un abandon.

Vanina Ickx, sur un équipage 100% belge en compagnie de Bas Leinders et Maxime Martin devient la cinquième femme à finir dans le top 10 de l’épreuve en 2011 (7ème place finale). C’est la première pilote belge à réussir pareil exploit. D’autres femmes vont ainsi courir entre 2010 et 2018, Natacha Gachnang termine 13ème en 2013 et Keiko Ihara 14ème en 2014, mais toujours en compagnie d’hommes.

2019 reprend le flambeau

2019 voit donc le retour d’un équipage 100% féminin. Le Kessel Racing engage donc deux Ferrari 488 GTB en catégorie GTE Am, dont une (n°83) pour Rahel Frey (de retour après l’édition 2010) et les débutantes Michelle Gatting et Manuela Gostner. Si les filles n’échouent qu’à un peu plus d’une demi-seconde de la voiture sœur en qualifications, elles partent cependant 60èmes et avant-dernières, ne devançant que la Ferrari du Clearwater Racing. Mais après une course sage et sans histoire, elles terminent 41èmes et 10èmes en GTE Am, le tout en collant six tours à la n°60, conduite par trois hommes. Retrouvez leurs performances ici.

Si les femmes ont toujours eu plus d’opportunités en Endurance, comme en témoignent leurs résultats ou encore le fait que certaines ont été pilotes d’usine, il en manque encore un peu pour qu’une femme finisse sur le podium, voire remporte la classique mancelle. Cependant, l’Endurance a toujours donné une importance notable aux femmes, et cela devrait encore continuer pour de longues années au vu de leurs résultats.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

%d blogueurs aiment cette page :