Les outsiders des 80ies : Onyx-Moneytron, un essai non transformé
Si l’on retient surtout de la fin des années 1980 et du début des années 1990 le duel Prost-Senna ou la domination de McLaren puis de Williams avec Ferrari en éternel outsider, cette période ne s’arrête pas à ces trois écuries. Derrière ces tops-teams, et d’autres outsiders tels que Benetton, Lotus ou Tyrrell, une kyrielle d’autres écuries ont rempli les grilles de départ des Grand Prix, avec plus ou moins de réussite.
A l’instar de nombreuses autres petites écuries de cette époque, Onyx a d’abord évolué dans l’antichambre de la Formule 1. L’écurie fondée par Mike Earle va ainsi voir Stefano Modena remporter le championnat intercontinental de Formule 3000 1987 pour le compte de l’écurie. Devant ce succès d’envergure, l’ingénieur anglais va lancer un programme en Formule 1, initialement prévu pour 1988 mais qui sera finalement reporté d’un an.
C’est ainsi que l’Onyx ORE-1 fait ses débuts au Grand Prix du Brésil 1989, aux mains de l’expérimenté Stefan Johansson (ex-Ferrari), et du néophyte Bertrand Gachot. Designée par Alan Jenkins (ex-McLaren), la voiture est en manque de roulage et ne se préqualifie pour aucun des trois premiers Grands Prix de la saison. Johansson parvient finalement à qualifier la voiture au Mexique, mais ne peut voir l’arrivée.
Il faut attendre le Grand Prix de France pour noter de réels progrès sur la voiture, Johansson (13ème) et Gachot (11ème) parviennent tous deux à se qualifier (Gachot signant par ailleurs la meilleure qualification d’une Onyx en Formule 1). En course, le Belge ne peut faire mieux que 13ème, victime d’un problème de batterie alors qu’il se battait contre Alesi (qui termine 4ème pour son premier Grand Prix), tandis que Johansson arrache les deux points de la 5ème place, les premiers de l’écurie.
Les voitures parviennent ensuite à se qualifier régulièrement, malgré la crise interne due au principal sponsor de l’écurie, Moneytron, et de son dirigeant Jean-Pierre Van Rossem. Gourou de la finance, il était celui ayant permis à l’écurie d’obtenir les fonds nécessaires à l’accession en Formule 1. Amateur de belles voitures, de femmes et de fête, il fut l’un des premiers avant Flavio Briatore à utiliser le bling-bling pour faire la promotion de son écurie. Etant devenu actionnaire majoritaire de l’écurie, il décide de licencier Bertrand Gachot avant le Grand Prix du Portugal, jugeant ses résultats insuffisants et le remplace par le Finlandais Jyrki Järvilehto (plus connu comme JJ Lehto).
Ce Grand Prix reste dans l’histoire de la petite écurie comme celui de son plus grand exploit. Dans une course complètement folle qui voit Minardi mener le seul tour de ses 20 ans d’histoire, ou encore Mansell qui accroche Senna après avoir été disqualifié, Johansson termine troisième. Parti 12ème sur la grille, il signe alors le seul podium de l’écurie et son dernier podium dans la discipline, profitant des divers faits de course et d’une stratégie parfaite, calculée au tour près puisque la voiture tombe en panne sèche peu après avoir franchi la ligne d’arrivée.
Mais début 1990, Van Rossem est rattrapé par la justice pour divers scandales financiers et doit abandonner son écurie. Finalement vendue à Peter Monterverdi, elle se contentera de sombrer dans les profondeurs du peloton, le Suisse désorganisant totalement le staff technique et licenciant l’expérimenté Johansson pour les deniers de Gregor Foitek. Le pilote suisse termine 7ème à Monaco en passant à 4 tours de marquer un point : alors 6ème, il est mis dans le mur par la Larrousse d’Eric Bernard, qui scorera ce précieux point. L’écurie sera renommée Monteverdi pour le Grand Prix d’Allemagne, le dernier de l’écurie, les pilotes refusant de conduire une voiture aux pièces usées et non changées.
Un temps capable de jouer les trouble-fêtes, Onyx a finalement été victime du départ de Van Rossem et de la gestion calamiteuse de Peter Monteverdi, qui a réduit à néant les efforts initiaux de Mike Earle. Elle reste aujourd’hui comme l’une de ces petites équipes capables parfois du meilleur, mais qui comme d’autres a connu l’obstacle des préqualifications et surtout du manque d’argent.