Séries

Le titre joué de justesse: 1984, Lauda pour un demi-point

Si cette année 2019 est bien partie pour être un récital d’Hamilton, au vu de ses cinq victoires en sept Grand Prix, tous les championnats n’ont pas eu d’issue aussi prévisible en 70 saisons. Retour ce mois-ci sur ces saisons où le titre s’est joué dans la dernière course, voire parfois même dans les derniers virages.

Si l’on se souvient de la saison 1984 pour son Grand Prix de Monaco dantesque, où se révélèrent Ayrton Senna sur sa Toleman, et Stefan Bellof sur sa Tyrrell, il est bon de rappeler qu’elle ne s’est pas limitée à ce seul Grand Prix. On peut citer l’affaire Tyrrell, où les voitures couraient sous le poids réglementaire avant d’être lestées à l’arrivée afin de passer les contrôles de pesée. Ils seront disqualifiés une fois le simulacre démasqué. Les Grands Prix disputés aux Etats-Unis furent aussi une belle mascarade, sur des circuits à l’état déplorable où les Grands Prix devenaient des courses par élimination. Celui disputé à Dallas verra même Mansell s’écrouler en tentant de faire franchir la ligne à sa Lotus dont la boîte venait de rendre l’âme.

Le duel McLaren

Mais 1984, ce fut aussi un duel entre les deux pilotes de chez McLaren, entre le vétéran Niki Lauda, de retour en F1 depuis 1982, et l’étoile montante Alain Prost, vice-champion du monde en titre de la discipline. Le Français a mal digéré cet échec récent d’autant plus qu’il comptait quatorze points d’avance sur Piquet à trois Grands Prix de la fin, avant de tout perdre dans la dernière course. Il est donc bien décidé à prendre sa revanche cette saison.

Dans un premier temps, c’est Prost qui prend les devants, et après neuf Grands Prix, le classement est assez serré. Si le Français mène le championnat avec 35.50 points (il n’a marqué que 4.5 points à Monaco), il compte neuf points d’avance sur Elio de Angelis, régulier à défaut de gagner. Lauda est alors troisième avec 24 points, un point devant Arnoux et 3.5 points devant Rosberg, qui vient de gagner à Dallas.

Mais lors des cinq courses suivantes, Lauda se rebiffe et marque 39 points sur 45 possibles, soit 21 de plus que Prost. Il gagne en Grande-Bretagne, en Autriche et en Italie, et termine second derrière le Français en Allemagne et aux Pays-Bas. Prost s’imposant en Europe et Lauda terminant quatrième, l’Autrichien se retrouve avec 3.5 points d’avance sur le Français avant le dernier Grand Prix de la saison. Pour l’occasion, la F1 revient au Portugal après 24 ans d’absence, sur le tout nouveau tracé d’Estoril.

Prost - Lauda : le championnat sur le fil des calculs

Au niveau du championnat, Prost doit soit gagner et voir Lauda pas mieux que troisième, soit finir second, avec Lauda au mieux cinquième, ou finir troisième et que l’Autrichien termine hors des points. Les qualifications donnent qui plus est l’avantage au Français, qui se qualifie second derrière Piquet, tandis que Lauda, en proie à des soucis mécaniques, ne se qualifie pas mieux que onzième.

Le départ est alors donné et Rosberg et Mansell signent un départ canon, prenant la tête dans cet ordre devant Prost. Prudent, Lauda perd deux places et se retrouve treizième. Dès le tour suivant, Prost passe Mansell et se retrouve deuxième, alors que Lauda a retrouvé sa onzième place. Le Français passe Rosberg dans le neuvième tour et se retrouve leader, tandis que l’Autrichien est bloqué derrière la Toleman de Johansson, bien décidé à ne rien céder.

Au 27ème tour, Lauda et Johansson s’accrochent mais le pilote McLaren peut continuer sa remontée tandis que le Suédois voit sa course ruinée, son aileron avant est cassé. Enfin débarrassé de la Toleman, il passe Alboreto, Rosberg puis Senna, et se retrouve troisième derrière Prost, qui domine toujours. Mansell semble inatteignable sauf s’il est victime d’un problème mécanique. Les tours s’enchaînent, les écarts se stabilisent…

Mansell, le décisionnaire involontaire

Mais à 18 tours de la fin, c’est la stupeur générale lorsque Mansell se retrouve en panne de freins. Il est obligé d’abandonner et Lauda se retrouve deuxième, et donc… champion ! Devant, Prost continue de mener, en espérant un problème mécanique pour l’Autrichien, qui n’arrivera jamais. Malgré une septième victoire cette saison, égalant le record de Jim Clark, Prost doit s’incliner face à Lauda pour un demi-point, conséquence de la course tronquée de Monaco.

Lauda réalise alors un immense exploit, un de plus dans son incroyable carrière. Pour son second comeback, il se paye le luxe de s’offrir un troisième titre de champion, en battant Prost pour un demi-point. A ce jour, cet écart entre les deux premiers reste le plus faible jamais enregistré, d’autres saisons ayant vu des écarts d’un point (la saison 2008 a failli voir une égalité, mais c’est une autre histoire…).

Cependant, c’est le chant du cygne de Lauda, qui gagnera une dernière fois aux Pays-Bas avant de prendre sa retraite fin 1985, seule éclaircie d’une dernière saison calamiteuse. De son côté, Prost dominera cette saison et glanera le premier de ses quatre titres mondiaux, avant le choc des titans contre Senna.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

2 commentaires

  • Yann Le Clère

    Dans les années 80, malgré des voitures trop puissante et des pilotes en manque d’expérience de maîtrise de ces bolides comme le disais Niki Lauda ce fût de belle saison ou la course primais sur la politique et ça c’est ce que j’aime rien que de la course

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