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La course de leur vie : Force India 2009, deux coups d’éclats et puis s’en va

Dans l’histoire de la Formule 1, nombreux sont les pilotes à connaître des saisons médiocres à catastrophiques. Abandons à la chaîne, accidents, casses mécaniques, ils ne sont pas toujours responsables de leurs déboires. Cependant, il arrive pour certains de briller sur une course, comme une heureuse anomalie qui vient sauver un ensemble peu reluisant. La série se termine aujourd’hui sur la saison 2009 de Force India, avec un exploit par pilote titulaire.

Après une saison 2008 catastrophique exception faite du Grand Prix de Monaco (voir ici), Force India prend un nouveau départ pour la saison 2009. L’écurie indienne rompt son partenariat avec Ferrari et passe chez Mercedes pour motoriser sa VJM02. Giancarlo Fisichella et Adrian Sutil sont conservés pour faire face au nouveau règlement technique, qui change radicalement l’apparence des monoplaces. Ces dernières sont plus épurées, moins bardées d’ailerons que celles de la saison 2008 et sont équipées de pneus slicks, une première depuis 1997.

À chaque changement de réglementation aussi radical, les fans espèrent souvent voir une écurie de milieu ou de fond de grille rebattre les cartes et bouleverser l’ordre établi. Force India, malgré quelques progrès ne sera pas celle-ci, tandis que Brawn surprend l’intégralité de la grille et que Red Bull réalise un sensible pas en avant comparé aux quatre années précédentes. Ainsi, Sutil termine à la porte des points en Australie, mais doit cette neuvième place à l’accrochage Vettel-Kubica et au déclassement d’Hamilton. Fisichella lui se classe onzième.

La première performance survient au Grand Prix de Chine. Dans des conditions similaires à celles de Monaco, Adrian Sutil parvient à profiter de la pluie pour se hisser en sixième position, entre les McLaren d’Hamilton et de Kovalainen ! Hélas, comme à Monaco il ne voit pas l’arrivée, puisqu’il part à la faute à six tours de la fin et doit abandonner. Il est néanmoins classé 17ème, trois places derrière Fisichella.

Sutil en Chine 2009

Les deux monoplaces, bien que plus fiables que la VJM01, sont toujours aussi lentes et ne décollent que rarement des dernières lignes. Pour voir une autre performance de ces voitures, il faut attendre Monaco et une bataille serrée entre Fisichella et Bourdais pour la huitième place. Le Romain se retrouve ainsi coincé derrière le Manceau pendant plus de vingt tours sans jamais pouvoir le dépasser et doit se contenter de la neuvième place.

Lorsque le championnat arrive en Belgique, tout le monde est sous le choc suite à l’accident de Massa en Hongrie. Le Brésilien est à l’hôpital dans un état grave après avoir pris un ressort de suspension dans le casque à 250 km/h. Il est ainsi remplacé par le vétéran Luca Badoer, qui n’a pas couru en Grand Prix depuis dix ans bien qu’il ait parcouru près de 140.000 kilomètres en essais privés pour le compte de Ferrari. Cependant, une autre sensation est à l’ordre du jour.

En effet, le poleman n’est autre que Giancarlo Fisichella, avec une voiture qui n’avait atteint la Q3 qu’à une seule reprise (Sutil en Allemagne) ! La première ligne est ainsi 100% italienne puisqu’il devance Trulli, Heidfeld et Barrichello. Personne ne sait pourquoi la Force India marche soudainement aussi bien alors qu’elle passe le plus clair de son temps en fond de grille…

Fisichella, poleman en Belgique 2009

Cependant, la monoplace indienne ne dispose pas du KERS, ce qui va lui être fatal pour la victoire. Dans le premier tour, un énorme carambolage implique plusieurs voitures, dont la Brawn du leader du championnat du monde Jenson Button. Fisichella mène ainsi le temps que la voiture de sécurité reste en piste, mais dans le cinquième tour, Räikkönen prend l’aspiration du Romain, et le double à l’aide de son KERS pour prendre la tête des opérations.

Malgré tout, Fisichella n’abdique pas et se lance à la poursuite de la Ferrari du Finlandais, mais ne le repassera pas de toute la course. Vettel et Rosberg parviennent à mener quelques tours au jeu des arrêts aux stands, mais seul l’Allemand de Red Bull parvient à terminer sur le podium, le tout en signant le meilleur tour en course. Devant lui, Kimi Räikkönen s’impose pour la quatrième fois de sa carrière à Spa-Francorchamps, devant un Giancarlo Fisichella que personne n’attendait à pareille fête. Le Romain échoue à moins d’une seconde de la Ferrari et paye l’absence de KERS, car les 80 chevaux supplémentaires pendant six secondes et demi permettent à Räikkönen de préserver sa place au bout de la ligne droite de Kemmel.

Comme un symbole, l’hymne italien retentit sur le podium en l’honneur de Ferrari, mais également d’un incroyable Fisichella, qui était LA grosse cote du week-end. Une fois de plus, il montre qu’il est capable avec une voiture plus que moyenne de signer une performance incroyable. Cette course reste cependant sa dernière pour Force India. Ferrari, consciente que Badoer est totalement hors du coup, décide de l’engager jusqu’à la fin de la saison. Vitantonio Liuzzi, anciennement pilote pour Toro Rosso et jusqu’ici troisième pilote obtient donc un volant jusqu’à la fin de saison.

Fisichella sur le podium du Grand Prix de Belgique 2009

Visiblement à l’aise sur les tracés rapides, Sutil démontre tout le potentiel de la VJM02 en se plaçant en première ligne en Italie. Derrière, Liuzzi parvient à se qualifier septième, une superbe performance compte tenu du matériel dont il dispose. Comme à Spa avec Fisichella, Sutil est doublé dans le premier tour par Kimi Räikkönen (encore lui) et se retrouve troisième, derrière le Finlandais et le leader Hamilton, mais devant les Brawn de Barrichello et de Button.

Le trio de tête est le seul à opter pour une stratégie à trois arrêts, contre seulement deux pour le reste du peloton, et les Brawn vont ainsi faire une démonstration de force. Parties derrière ce trio à la stratégie agressive, leur stratégie combinée à leur niveau de performance leur permet de tranquillement prendre la tête devant le trio Hamilton-Räikkönen-Sutil qui ne bouge pas de la course. Liuzzi lui abandonne sur une rupture de transmission au 21ème tour alors qu’il était quatrième et en lice pour marquer de gros points.

Les deux Brawn, seules au monde signent un superbe doublé sur les terres de Ferrari, tandis que le trio Hamilton-Räikkönen-Sutil (qui n’a pas bougé de la course !) se voit réduit à un duo dans le dernier tour. Illustrant la maxime de son patron Ron Dennis « si vous voulez finir premier, premièrement vous devez finir », Hamilton part à la faute dans les Lesmo en voulant rattraper Button. C’est ainsi qu’il laisse filer le podium, qui échoit à Räikkönen. Sutil termine donc au pied du podium, ce qui reste son meilleur résultat en 124 Grands Prix. Il parvient néanmoins à arracher le meilleur tour en course, le premier de l’écurie.

Hélas, Spa et Monza représentent une oasis au milieu du désert. Sutil et Liuzzi ne marquent plus le moindre point lors des dernières courses. L’Allemand parvient à se qualifier troisième à l’occasion du Grand Prix du Brésil, mais il s’accroche avec Trulli dans le premier tour avant de percuter Alonso de plein fouet, perdant tout le bénéfice de sa qualification. L’Italien vient même l’enguirlander une fois les pilotes sortis de leurs voitures, l’Allemand ayant tassé la Toyota sur l’herbe et provoqué le carambolage.

Trulli en colère contre Sutil qui a provoqué un accident au Grand Prix du Brésil 2009

Force India termine donc la saison 2009 en neuvième position avec 13 points, cinq de plus que Toro Rosso qui se retrouve dernière. Il faut dire qu’exception faite de quelques performances ci et là, la saison dans son ensemble est plus que décevante avec une irrégularité chronique. Fisichella et Sutil n’ont fini qu’une seule fois dans les points chacun, mais avec la manière malgré tout. L’écurie indienne doit cependant gagner en régularité et non se cantonner à des exploits isolés si elle veut rester dans la discipline sur la durée. Pour l’anecdote, le week-end belge de Fisichella reste la meilleure performance de l’écurie en F1 (seule pole et seule deuxième place, les cinq autres podiums tous signés Sergio Pérez sont des troisièmes places).

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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