Dans les allées du Paddock

Les voitures autonomes : l’avenir du sport automobile ?

Depuis désormais quelques années, les technologies enchaînent les bonds en avant, et l’intelligence artificielle n’est pas en reste. On peut désormais voir des voitures autonomes, et même des voitures de course qui se pilotent elles-mêmes ! Mais est-ce que cette technologie pourrait à terme remplacer les pilotes en Formule 1 ?

Roborace est le projet le plus avancé en matière de voitures de course autonomes. Cela fait désormais deux ans que la première course entre machines de ce genre a eu lieu et un projet de championnat a été évoqué à ce moment. On peut voir ces voitures rouler notamment à Goodwood, et cette année, la Devbot 2.0 qui va inaugurer le premier championnat Roborace a défié la célèbre course de côte. Un challenge relevé en 66 secondes, avec une vitesse de pointe de 162 km/h. Un score est plus que respectable puisqu’il bat de 8 secondes le temps de la première Devbot.

Ce championnat Roborace, nommé Saison Alpha, va être une totale expérimentation. L’idée de départ est simple: une dizaine d’équipes en jeu et chacune dispose de deux voitures. Ces dernières seront toutes identiques, les gagnants devenant alors les plus aptes à programmer l’intelligence artificielle pour aller le plus vite sans erreur. Le format reste encore à déterminer, mais nous devrions en savoir plus dans les mois à venir.

Mais est-ce que ces voitures autonomes sont réellement une bonne chose pour le sport automobile ? Il est impossible d’avoir une réponse tranchée tant ces voitures en sont à leurs balbutiements, mais il va être intéressant de voir la direction prise par ce championnat, les divers règlements ainsi que la manière dont va être considérée l’absence de pilote au volant.

Il y a fort à parier que comme la Formule E, nous aurons là un laboratoire géant dont le championnat n’est qu’un prétexte pour tester de nouvelles technologies qui seront ensuite applicables aux voitures de série. Un Dakar ou Rallye des Mille Pistes 2.0 en quelque sorte, qui devrait être suivi entre autres par des constructeurs comme Tesla. La célèbre marque expérimente déjà la conduite autonome aux Etats-Unis et des fonctions d’autopilotage en Europe, qui nécessitent cependant la vigilance du conducteur.

D’un point de vue purement sportif, enlever le pilote de la voiture offre tout un tas de nouvelles possibilités aux designers et concepteurs, comme l’a prouvé la première DevBot. Cependant, la DevBot 2.0 garde un design bien plus dans la lignée des prototypes actuels (réussi par ailleurs), et peut accueillir un pilote à son bord. D’ici quelques années, il est fort probable que ces voitures aillent plus vite que les F1, simplement car la sécurité du pilote ne sera plus à prendre en compte, ce ne sera qu’une question de matériel cassé. On peut donc s’attendre à voir des Intelligences Artificielles repousser les limites de l’aérodynamique, de la vitesse, et supprimer celles du pilote pour montrer de quoi les ingénieurs sont désormais capables.

C’est ainsi qu’il y aurait une possibilité de tester tout un tas de nouvelles technologies et de solutions aéro ou encore moteur. Il est même envisageable que des écuries comme Ferrari ou Mercedes récupèrent des IA pour essayer toutes les évolutions apportées à leurs monoplaces d’ici 10-15 ans en lieu et place des pilotes d’essais !

Cependant, d’ici à voir un championnat du monde de F1, d’endurance ou de rallye avec uniquement des robots, il y a un grand pas à franchir que la robotique ne peut faire : celui de l’humain. Depuis toujours, le sport automobile a glorifié les pilotes plus que les machines. Des noms tels que Senna, Schumacher, Ickx évoquent immédiatement des courses, des titres, des numéros de pilotage sur le fil de l’accident, voire de la mort, aussi car ils sont faits de chair et d’os. Ils sont malgré tout humains et ont fait des erreurs. Ils ont eu des accidents et ont fait rêver des générations entières.

On peut avoir l’envie de ressembler à ces pilotes de légende mais pas à un robot uniquement composé d’électronique et dénué de toute émotion. Jamais, un enfant vous dira qu’il a envie de ressembler à DevBot, mais plutôt aujourd’hui à Hamilton, Vettel ou encore Verstappen.

De plus, les robots sont programmés pour faire le moins d’erreurs possibles et si les débuts seront chaotiques, à long terme, les courses n’auront plus grand intérêt si une marge d’erreur n’est pas respectée. Un être humain n’est jamais à l’abri de commettre une erreur et la probabilité est toujours plus forte puisqu’il peut être distrait ou déconcentré. Un robot n’est programmé que pour courir et rien d’autre, pas de sentiments, de pression ressentie par les dirigeants…

Mis à part des hommes tels que Ross Brawn ou encore Rory Bryne, les ingénieurs ne sont pas autant mis en avant que les pilotes, qui sont les seuls, ou presque, que l’on retient. Pour preuve, la chronologie des constructeurs champions n’est pas aussi bien connue que celle des pilotes champions en F1, alors imaginez pour les hommes qui conçoivent les voitures… Les écuries qui engagent ces voitures autonomes n’auront jamais la renommée de Ferrari, McLaren, Williams, Brabham, car même si elles signent un palmarès similaire, elles n’auront pas les pilotes qui vont de pair, qu’ils soient champions du monde ou pas (ex. Gilles Villeneuve avec Ferrari).

Mais de toute façon, nous sommes loin d’en être à de telles problématiques, car les performances des voitures autonomes sont loin de celles réalisées par de vrais pilotes. Il va falloir voir à quel point la technologie sera évoluée dans les années à venir pour en déterminer les usages possibles au quotidien comme en compétition.

Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.

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