Grand Prix de Grande-Bretagne : là où tout a commencé
Ce week-end, la F1 effectue comme chaque année son passage dans le berceau qui l’a vu naître: la Grande-Bretagne. Retour sur l’histoire d’un Grand Prix qui se révèle plus jeune que son actuelle souveraine.
Le projet de recréer un championnat du monde de monoplaces revient rapidement au menu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En Angleterre, on choisit donc d’aménager un circuit sur l’ancienne base aérienne de Silverstone, propriété de la Royal Air Force. La première course est organisée en 1948 sur un tracé qui voit les voitures se croiser, ce qui représente un danger non négligeable. Après cette course gagnée par Luigi Villoresi, la décision est prise d’organiser les courses uniquement sur la partie extérieure de la base.
C’est ainsi que deux ans plus tard, Silverstone est le théâtre du premier Grand Prix F1 de l’histoire, et Giuseppe Farina devient le premier pilote à gagner dans le championnat. Cette course se transforme rapidement en balade des Alfa Romeo, les Ferrari étant absentes pour cette manche pour des raisons financières. Farina gagne devant Fagioli et Parnell, Fangio abandonne sur casse moteur.
Cependant, en 1955, Silverstone se voit obligé de partager l’accueil du Grand Prix avec un autre circuit. C’est ainsi que la cohabitation se fera avec Aintree de 1955 à 1962, puis Brands Hatch de 1964 à 1986. Aintree, situé au nord-est de Liverpool, comprenait une partie tracée sur un hippodrome ! Preuve que les pilotes de F1 ne craignaient rien ou presque en ces années-là… Il n’accueillera que cinq courses, mais les vainqueurs sont tout de même prestigieux, entre Moss, Brabham, Phil Hill et Clark.
Brands Hatch est quant à lui bien plus connu des aficionados de sport automobile. Construit lui aussi en 1948 et refait à neuf en 1960, il accueille son premier Grand Prix en 1964, remporté alors par le prodige écossais Jim Clark. Réputé des pilotes et des fans, ce tourniquet ultra-rapide est aussi reconnu pour son premier virage baptisé Paddock Hill. Il s’agit d’un long droite plongeant sur l’épingle de Druids, où il faut mettre du cœur pour aller vite. Cependant, les infrastructures ne suivent pas, et le tracé est finalement abandonné après l’accident du départ de l’édition 1986.
À partir de 1987, Silverstone redevient donc le seul circuit à accueillir la F1 pour le Grand Prix de Grande-Bretagne. Cependant, le tracé, encore très proche de l’original avec de nombreuses lignes droites va être victime de nombreux changements. Mais paradoxalement, ces changements vont améliorer le circuit (à contrario de bien d’autres pistes). C’est ainsi que le désormais mythique enchaînement de Maggots, Becketts et Chapel, débarque en 1991, avec d’autres modifications vers Luffield. Le tracé devient certes plus lent, mais aussi plus technique et plus sélectif qu’auparavant.
Il est ainsi modifié plusieurs fois jusqu’en 1997, où le tracé va rester identique pour plus d’une dizaine d’années. Entretemps, la F1 a fait un détour par Donington en 1993 pour le Grand Prix d’Europe… que Senna a su rendre mémorable. Un départ canon, en tête à la fin du premier tour, une victoire écrasante et un meilleur tour en course en passant par les stands, « Magic » venait de ridiculiser le monde de la F1.
En 2010, une nouvelle portion est dessinée pour le MotoGP, qui est également homologuée pour la F1, ce qui rallonge le tracé mais n’enlève rien à sa sélectivité ni à son caractère. Théâtre de courses toujours mouvementées, Silverstone n’a cependant vu aucun décès en championnat du monde F1, contrairement à d’autres pistes comme Spa ou Suzuka. Si Hamilton a gagné cinq fois ce Grand Prix, dont quatre fois consécutives, c’est bien Sebastian Vettel qui en est le vainqueur en titre. Va-t-il signer sa première victoire de la saison, ou est-ce que Hamilton va redevenir prophète en son pays ? Réponse dimanche vers 15h45.
Et pour ceux qui craignaient de voir disparaître Silverstone du calendrier, il n’en est rien, puisque le contrat entre le circuit et la FOM vient d’être renouvelé pour cinq années supplémentaires. On verra donc pendant quelques années au moins les F1 parcourir les 5,819 km de cette piste mythique, un circuit au caractère absent de bien d’autres tracés modernes d’Hermann Tilke.
Revivez les dix moments les plus forts du Grand Prix de Grande-Bretagne
Le 14 juillet, 162 ans après la Bastille en France, c’est Alfa Romeo qui tombe face à Ferrari et Jose Froilan Gonzalez, qui s’impose devant Fangio. Face à cette victoire, Enzo Ferrari aura ces mots célèbres, « j’ai tué ma mère ! » en référence à la Scuderia Ferrari des années 30 qui faisait courir des Alfa Romeo.
Dans le premier tour de course, Jody Scheckter, qui est alors un rookie, part à la faute dans le premier tour à Woodcote. Immobilisé en milieu de piste, il agite ses bras pour prévenir de sa présence, mais il n’empêche pas un terrible carambolage qui implique pas moins de huit voitures. Seul Andrea de Adamich sera blessé (à la cheville), et Scheckter sera tenu pour responsable de l’accident.
Dans le premier tour, Regazzoni se rate en voulant dépasser Lauda, et le Suisse se fait percuter par Hunt et Laffite, ce qui provoque un drapeau rouge. Initialement non autorisés à reprendre la course en vertu du règlement, la colère du public anglais désireux de voir Hunt en piste fait céder la direction de course pour éviter une émeute. Le playboy anglais gagne la course avant d’être déclassé en septembre.
Ce Grand Prix est à marquer d’une pierre blanche, puisque Renault aligne en course la Renault RS01, qui n’est autre que la première F1 à moteur turbo de l’histoire. Elle sera surnommée la « yellow tea-pot » ou théière jaune par les journalistes anglais, en raison de casses moteurs à répétition.
Sur l’ancien tracé de Silverstone, Keke Rosberg claque la pole à presque 260 km/h de vitesse moyenne ! Il faudra attendre 2004 et Juan Pablo Montoya à Monza pour voir ce record battu.
Dernier Grand Prix à Brands Hatch, lorsqu’un énorme carambolage au départ survient, provoqué par Boutsen. Tout le monde s’en sort indemne, sauf Jacques Laffite, envoyé dans les barrières Armco par Johansson qui cherchait à éviter l’accident. Les deux jambes sérieusement touchées, Laffite doit mettre un terme à sa carrière, alors qu’il égalait Graham Hill au nombre de Grand Prix disputés (176).
Initialement classé second, Schumacher est finalement déclassé et disqualifié pour les deux Grands Prix suivants, officiellement pour non-respect d’une pénalité et d’un drapeau noir. Officieusement, il s’agit d’une tentative désespérée de relancer un championnat écrasé par l’Allemand et meurtri par la mort de Senna.
Fin de course rocambolesque à Silverstone, sous la pluie. Schumacher double Fisichella avant la fin de procédure de la safety car à 11 tours de la fin, et reçoit une pénalité dans le 59ème tour. Il décide alors de s’arrêter dans le 60ème tour, franchissant la ligne d’arrivée dans les stands et gagnant le Grand Prix ! McLaren, s’estimant lésée, pose un recours contre la FIA, mais le résultat est entériné.
Alors qu’il tente de dépasser Irvine dans le premier tour, Schumacher part à la faute et percute un mur de pneus à pleine vitesse. Il se casse les deux jambes et rate les six Grands Prix suivants, où il est remplacé par Mika Salo. Revenu en Malaisie, il se mue en lieutenant d’Irvine, en vain puisque Häkkinën devient champion du monde.
Alors que Jarno Trulli mène la course, un prêtre irlandais déboule en plein milieu de Hangar Straight dans le 13ème tour bardé de pancartes vantant la Bible et ses vertus ! Rapidement évacué par un commissaire, il provoque une neutralisation de la course, qui voit les deux Toyota en tête, Da Matta devant Panis. Le Brésilien mènera ainsi 17 tours avant de retomber dans le classement et de terminer 7ème d’une course remportée par Rubens Barrichello.
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Pierre Laporte
Né avec le rêve de rejoindre Schumacher, Senna ou encore Prost au firmament de la Formule 1, aujourd'hui j'essaie de raconter leur histoire, ainsi que celle de tous les pilotes et de toutes les écuries qui ont fait, font et feront la légende d'un des plus beaux sports du monde.