Grand Prix d’Espagne : Fernando Alonso a ravi son public
Il est impossible de revivre ce week-end espagnol sans le double champion du monde, Fernando Alonso, bien présent sur ses terres natales. « Nando » a eu le temps de profiter de ses racines mais également de conclure un week-end solide.
Fraichement rentré victorieux des 6 Heures de Spa, Fernand avait le sourire à Montmélo. Le premier Grand Prix européen de la saison prend place et le Paddock retrouve ses classiques motor-homes. Les allées s’animent de danseuses flamenco, de chanteurs à la guitare et de drapeaux espagnols.
Fernando au contact
Qui dit week-end à la maison, dit journées chargées. Malgré tout, Alonso s’est montré très disponible pour son public. Présent lors des séances de dédicaces, il a également animé une démonstration en invitant les jeunes pilotes de son école de karting à rouler. Un événement qui l’a visiblement inspiré. Rouler à domicile, c’est aussi une certaine émotion pour un pilote. Fernando, avec son humour, a décidé de revenir sur sa carrière au travers d’une lettre qu’il s’est écrit à lui-même, version jeune Nando à la sortie de ses années de karting. Il revient sur les rencontres qui l’ont marqué, que ce soit humainement, professionnellement ou personnellement parlant, des personnalités telles que Flavio Briatore, Bernie Ecclestone ou encore Luca di Montezemolo. Il évoque également les voyages, ses deux titres mondiaux, ses podiums et sa collection de trophées. Un moment d’émotion. Entre les nombreuses sollicitations médiatiques, il a eu le temps d’égayer le Paddock avec une partie de fléchettes en compagnie de Stoffel Vandoorne.
Des évolutions qui donnent le sourire
Mais ce qui rend l’Espagnol aussi optimiste, c’est qu’il vient à Barcelone avec l’idée d’un nouveau départ avec McLaren. « Vous savez, nous restons malgré cela optimistes dans l’optique de ce championnat. Il faut reconnaître que les performances ne sont pas encore là où on voudrait qu’elles soient mais lorsqu’on regarde le bilan actuel et nos résultats à l’arrivée des Grands Prix, nous sommes extrêmement heureux du dénouement des quatre premières courses. On doit poursuivre sur cette voie mais il faut y ajouter rapidement la performance et j’espère que ça sera pour ce week-end avec nos nouvelles évolutions aérodynamiques. »
Ici en Espagne, la Papaya se voit dotée nouvel aileron avant et des modifications sont apportées sur les pontons. « Nous faisons de petits pas en avant », explique Alonso. « En Chine, nous étions huit dixièmes derrière les Renault. En Azerbaïdjan, nous étions à huit dixièmes et demi, et ici nous nous trouvons à un niveau similaire. Je pense que nous avons gagné des dixièmes par rapport à des équipes puissantes. »
Animations et invitations
Décidément, le Grand Prix d’Espagne est le Grand Prix des enfants. Après le petit Thomas la saison passée, invité à rencontrer son idole Kimi Räikkönen, Alonso repère sur les écrans un petit fan qui le soutien. D’un simple tweet, il demande aux organisateurs de le retrouver et le faire entrer dans le Paddock.
Ey @f1, bring this kid tomorrow to the paddock 😇👍 https://t.co/Z9kAfAZxT8
— Fernando Alonso (@alo_oficial) 12 mai 2018
Mission accomplie, le petit Joaquín a pu partager des moments inoubliables avec son idole.
Les updates qui font effet
Une fois les festivités terminées, il faut se mettre au travail. Les essais libres se montrent encourageants. En première séance, Fernando se mêle aux top écuries en sixième place. Il voit ensuite son co-équipier Vandoorne se placer devant lui en 9e position lors de la deuxième séance. Les espoirs se confirment en qualifications, l’Espagnol ramène la première Q3 de la saison au team britannique en prenant la huitième position, tandis que Stoffel signe sa meilleure qualification en onzième place. Evidemment, il est encore impossible d’aller chercher les top teams qui se placent en formation. Mercedes envoie Hamilton en pole et son équiper Bottas ferme la première ligne. Les Flèches d’Argent sont suivies par les Ferrari, d’abord allemande, ensuite finlandaise. La troisième ligne est occupée par les Red Bull de Verstappen et Ricciardo. Alonso se retrouve encadré par les étonnantes Haas de Magnussen et Grosjean.
Extinction des feux
Alonso arrive détendu sur la grille de départ. Il regarde le ciel : de massifs nuages noirs se profilent à l’horizon, mais le soleil réchauffe encore la grille. En discussion avec ses ingénieurs, ils regardent ensemble la télémétrie qui promet 80% de chances de pluie. Fernando espère que ces nuages viendront animer la course et lui permettront d’en tirer le meilleur profit. Il met son casque et se glisse dans son baquet.
Les feux s’éteignent et Alonso démarre. Sur plus de 700 mètres avant le premier virage, l’Espagnol y voit une opportunité pour aller chatouiller la Red Bull de Daniel Ricciardo. Au loin, il voit Vettel se glisser entre les deux Mercedes. Mais cela ne suffit pas. Arrivé au premier virage, Fernando perd son avantage. Après avoir passé la deuxième courbe, les deux Haas le devancent, la Renault de Sainz est à sa hauteur et le duo Ocon – Leclerc est à sa poursuite. Il doit lutter pour la douzième position. « A la base, nous avions un plan bien défini », explique Alonso, « en démarrant avec les super-tendres, nous savions que j’allais devoir doubler un maximum de pilotes dans les premiers tours, avant de stopper pour passer les tendres. Malheureusement, les incidents du premier tour nous ont fait perdre plusieurs places » En effet, un mal pour un bien, ce départ moyen lui a évité de justesse les premières loges du crash de Grosjean au troisième virage. Ce ne fut pas le cas pour Pierre Gasly et Nico Hulkenberg, fauchés au passage par la Haas incontrôlable du français. Romain sera sanctionné par les commissaires de trois places sur la grille de départ à Monaco et deux points lui sont retirés sur sa superlicense. « À partir de là, ce fut une course très difficile. Nous avions les supertendres et avons perdu des positions quand notre seule chance d’en gagner était au départ, et il a fallu s’arrêter tôt. À ce moment, je me suis dit qu’il serait impossible d’inscrire des points. » La voiture de sécurité entre en jeu jusqu’au septième tour. Le départ est relancé, et Alonso se lance à la poursuite d’Esteban Ocon pour décrocher la dixième place. Fernando ne demande pas son reste. À l’image de son dépassement en 2013 à bord de la Ferrari, au même virage, il laisse Ocon derrière en le passant par l’extérieur. Il se lance à la poursuite de Leclerc et de son compatriote Sainz. ©McLaren
Luttes et stratégies
Pendant ce temps, dans le rétroviseur de l’Espagnol, son coéquipier Stoffel Vandoorne est sanctionné de cinq secondes pour ne pas avoir respecté les limites de la piste, pénalité qu’il devra purger lors de son futur pitstop. Le Belge s’attèle à revenir sur Perez visant la treizième place. Même s’il a réussi à s‘en approcher, il ne parviendra jamais à passer la Force India, sa McLaren manque de puissance.
De son côté, Fernando franchit la ligne des pits au 24e tour et ressort en 16e position derrière Leclerc. Tout est à recommencer. De plus, le monégasque ne veut pas se laisser faire et se défend avec ferveur. « À un moment de la course, je pensais que les points étaient encore possibles, et de là nous n’avons fait qu’un ravitaillement. Cela a payé. » Alonso ne perd pas ce qui fait sa réputation : sa hargne. Ajouté à cela, il bénéficie d’un coup de pouce du destin : la Ferrari de Kimi Räikkönen lâche et libère une place supplémentaire dans les points. Les arrêts aux stands clôturés, Alonso bataille toujours contre Leclerc pour la neuvième place. Pendant ce temps, à l’avant, la cadence est toujours menée par le poleman britannique, pourchassé par Vettel, Bottas et Verstappen, grand gagnant de la stratégie des arrêts.
Les bienfaits de la voiture de sécurité virtuelle
C’est alors que survient le tournant d’un Grand Prix qui commençait à tirer en longueur : la Force India d’Ocon est à l’arrêt. La voiture de sécurité virtuelle est déployée et Vettel plonge dans la voie des stands. Incompréhension totale. Il chausse de nouvelles gommes médiums mais ressort derrière la Red Bull hollandaise qu’il voulait dominer par ce choix de stratégie. Ses espoirs de podium s’envolent définitivement. Fernando, quant à lui, joue un meilleur jeu. Il profite de la relance de la course pour laisser Leclerc sur le carreau. Le bonheur de l’un fait le malheur de l’autre, il apprend que son équipier doit abandonner, la McLaren du Belge a perdu toute sa puissance.
« Cela me rend très heureux »
Pendant que son ancienne écurie italienne est celle qui perd le plus au change, Fernando termine là où il a commencé. « La huitième position me laisse un super goût. » Il ajoute dans sa bourse quatre points supplémentaires et conforte sa septième place au championnat. L’Espagnol est d’autant plus fier puisqu’il confirme une statistique qui a le mérite d’être soulignée: cinq courses au compteur et cinq fois dans les points. C’est aussi bien que deux autres pilotes sur la grille, un certain Lewis Hamilton et un Sebastian Vettel. « Réussir à faire ça, cela me rend très heureux » confie Alonso après la course.
Angélique Belokopytov