Grand Prix d’Azerbaïdjan : la signature monégasque
La quatrième manche de la F1 se donnait rendez-vous à Bakou et nul ne fait doute qu’elle passionné n’importe quel spectateur intéressé par les monoplaces rapides. Ce week-end, un certain rookie se baladait dans les rues de la capitale azerbaïdjanaise. Charles Leclerc est déjà apprécié dans le Paddock pour sa disponibilité et sa maturité. Dimanche, pour ceux qui voulaient le voir à l’œuvre ont été servis, le monégasque a confirmé son talent.
Jeudi, Charles arrive détendu au circuit et ne s’attend pas à ce que son week-end prendra une tout autre tournure. Les deux premières séances d’essais libres ne surprennent pas, il signe une modeste seizième place. La troisième séance est un peu meilleure : quatorzième. Les qualifications se passent également de manière plutôt positive. Charles pousse sa voiture, et tout comme dans la dernière séances d’essais, il la hisse à une 14e place. Devant lui, Sebastian Vettel ne laisse personne le surpasser et décroche sa 53ème pole position. Il est suivi par le duo des Flèches d’argent et des Red Bull où Ricciardo gagne sur Verstappen, Raikkonen casse les duos. Les doublés reprennent avec les deux Force India, les Renault et les étonnantes Williams. Celui avec qui Leclrec devra s’expliquer au départ porte le nom espagnol de Fernando Alonso.
Lors de la parade des pilotes, Charles doit se confronter à un vent violent, renforcé par les couloirs créées par les bâtiments le long des rues de Bakou. C’est une donnée dont il faut prendre compte, car les rafales peuvent faire glisser les voitures à tout moment. Kimi Räikkönen peut en témoigner. Lors du tour de la sortie des stands, le Finlandais se loupe et frôle le mur de très près. Le coéquipier de Charles en fait de même.
Le Monégasque rejoint la grille, jusque derrière la Papaya d’Alonso. Dans sa tête, il est concentré : en plus de tous les paramètres à prendre en compte, il ne faut pas l’oublier ce vent, à ne pas négliger sur un circuit rapide et étroit.
Les feux s’éteignent. Pendant que Vettel conserve sa place, Leclerc voit devant lui un incident se produire. Au troisième virage, Raikkonen envoie Ocon dans le mur. Au même moment, Sirotkin est pris en sandwich entre Hulkenberg et Alonso, le Russe doit abandonner aux côtés de la Panthère Rose française. La voiture de sécurité est déjà de sortie. Charles se retrouve en 10e position. Räikkönen s’engouffre dans la voie des stands, suivi d’Alonso, victime d’une crevaison et rejoint son box sur deux roues.
« Sur les trois premiers tours, c’était très compliqué à cause du vent. Mais dans le même temps, il a aussi fallu gérer les autres voitures. Sans oublier que pour conserver la position que j’ai réussi à gagner, il me fallait faire tout de qualif sur tour de qualif. Personnellement, j’adore ! Mais c’était super difficile entre le vent et les murs ».
Les drapeaux verts sont de retour. Le re-départ est animé, il y a des duels dans tous les coins. Au 12e tour, Leclerc se bat et termine par passer Stroll pour la 7e place. Il voit dans sa visière les deux Red Bull qui se battent et qui finissent par se toucher, sans dégâts. Mais il le sent, ça va mal finir entre ces deux pilotes. Juste derrière lui, Raikkonen souffre d’une Ferrari capricieuse mais le Finlandais reprend du poil de la bête et passe le rookie. Un peu plus dans le fond, les Espagnols, Sainz et Alonso se battent pour la onzième place et espèrent atteindre la dixième, celle qui ouvre la porte aux points.
Au 25e tour, le Monégasque rentre dans la pitlane et ressort derrière les espagnols combatifs. Il passe Alonso pour remonter à la onzième place. À l’avant, Vettel rentre et chausse les tendres. Bottas prend la tête et défie les chronos afin de creuser l’écart étant donné qu’il ne s’est pas encore arrêté. Hamiton, Ricciardo et Verstappen le suivent. Les deux Red Bull rentrent l’une à la suite de l’autre dans les stands quelques tours plus tard. Ça chauffe entre les deux pilotes Red Bull depuis le début de la course et ils ne sont pas prêts à abandonner. Ricciardo tente de passer pour une énième fois son équipier. Dans l’exaspération, ce dernier lui ferme la porte de manière inattendue et c’est le choc : les deux Red Bull sont dehors. La course est à nouveau neutralisée et les pilotes en profitent pour repasser par la voie des stands.
Toujours sous un régime tournant au ralenti, Charles voit devant lui Grosjean faire une fausse manœuvre et taper sa Haas tout seul dans le mur. Grand moment de solitude.
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Ça permet à Charles de gagner une place : il devra défendre la 7e position contre les possibles assauts de Stroll et Alonso qui ne sont pas loin. À l’avant Bottas devra gérer le restart face à Vettel, Hamilton et Räikkönen. Mais le sort élimine un concurrent : Vettel se loupe au freinage et se retrouve non loin de la Sauber du Monégasque.
Même s’il touche à sa fin, le Grand Prix de de Bakou n’a pas dit son dernier mot. À quelques mères de la victoire, Bottas roule sur un débri qui signe la fin de tout ses espoirs. Le Finlandais souffre d’une crevaison et doit abandonner. Hamilton s’empare de la tête, suivi de Raikkonen et d‘un chanceux Perez. Pendant ce temps, Leclerc bataille avec la Renault de Sainz à qui il cèdera.
Le Britannique franchit la ligne d’arrivée et signe son 63e succès durant une course qu’il n’a pas menée. Il en profite pour briser la statistique qui voulait qu’il n’ait jamais terminé dans le top cinq à Bakou. Leclerc, quant à lui, passe sous le drapeau à damier à une magnifique sixième place, empochant ses premiers points. Il est élu pilote de jour.
Le jeune rookie sort de sa voiture et marche étonnamment calmement vers son box pendant que tout le team Sauber saute sur le pit wall. Finalement, Charles tombe dans les bras de son boss Fred Vasseur et c’est l’effervescence. Même s’il a eu un coup de pouce de Dame Chance grâce aux incidents de course, on ne peut pas lui retirer le fait qu’il ait réalisé une course propre. Il a pris les bonnes décisions et des risques mesurés. Charles a réussi à tirer de sa Sauber le meilleur et la maintenir à une place inespérée. À l’arrivée, il reste fidèle à lui-même, rationnel et pieds sur terre. « Depuis le début de l’année, je n’avais pas réussi à tout mettre ensemble. Aujourd’hui, j’y suis arrivé. Et c’est vraiment plaisant. Je suis sur un nuage. Un tel résultat à la régulière aurait été impossible pour notre équipe, mais on savait que sur cette piste, l’opportunité pouvait se présenter. Je suis heureux de l’avoir saisie à pleines mains et de marquer de gros points aujourd’hui. On va essayer maintenant de poursuivre sur notre lancée en développant la voiture pour les prochaines courses. »
Et le jeune Charles a de quoi être ravi puisque le dernier monégasque à avoir inscrit des points en F1 était Louis Chiron, au volant d’une Maserati, sur ses terres natales en… 1950 !
Angélique Belokopytov