Derrière chaque grand homme, se cache une femme
En 2012, Paddy Lowe rencontre Anna Danshina, une actrice russe. Depuis, ils ne se quittent plus. Qu’en est-il de la vie de famille dans ce tourbillon d’agendas surchargés ? Rencontre avec Anna autour d’un café.
L’amour du couple mais aussi l’amour du travail. C’est ce qui définirait le mieux Anna et Paddy. Tous les deux voyagent autour du globe aux trousses d’un tournage ou d’une représentation, ou encore d’un Grand Prix ou d’une usine. Des métiers que chacun exerce le week-end, rendant la vie de couple plus complexe, ou plutôt unique, selon Anna. « On aime tellement nos jobs… Pour moi, quand deux personnes, aiment et leurs familles et leur travail si fort, ils se comprennent. On a la chance de ne pas être dans une situation déséquilibrée où un ne fait rien pendant que l’autre travaille comme un acharné, on se comprend. »
Anna le confirme, l’important c’est l’équilibre. Installés à Londres, le couple n’hésite pas à traverser les frontières pour se retrouver. « Quand il a des semaines de congés, Paddy vient me voir même quand je travaille. Par exemple, j’avais un festival en Russie, il est venu pour une semaine. Il vient me chercher après des répétitions tardives au théâtre. Et inversement, je viens sur les Grands Prix dès que je peux, ou, je m’installe dans notre deuxième petite maison qui est proche de son lieu de travail. »
Une des meilleures façons de le conserver cet équilibre, c’est d’accentuer les moments simples du quotidien qui découlent d’une réelle complicité. « On aime faire plein de choses simples ensemble. On voyage dès qu’on le peut. Paddy aime beaucoup la Russie. Je pense que s’il avait plus de temps, il pourrait la visiter tout entière ! On aime aussi les animaux. On a deux petits cochons d’Inde dont on adore s’occuper. Par exemple, une fois, je partais sur un tournage et Paddy est resté à la maison pour s’occuper d’eux (rires). Je dois l’avouer c’est un peu ma lubie mais il me suit dedans. On adore aussi regarder Hercule Poirot (rires). C’est des petites traditions qu’on aime beaucoup parce qu’elles sont rares mais elles sont tellement fortes : ça nous permet de se sentir à la maison. »
Une rencontre sortie tout droit d’un film
On dit que la vie est faite de rencontres, il faut croire que celle d’Anna et de Paddy a de quoi être unique. « On s’est rencontrés dans un train, on allait à un événement. C’était une journée d’été ensoleillée. À ce moment-là, il m’avait dit qu’il travaillait en F1 mais je n’avais pas trop relevé parce que je n’y connaissais rien du tout. Je ne savais pas qu’il était connu. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que c’était quelqu’un d’important. J’étais la première personne d’origine russe que Paddy rencontrait de sa vie, et ça l’a intrigué. De mon côté, la Formule 1, c’était totalement nouveau pour moi aussi. » Paddy Lowe a invité la jeune femme russe sur le Grand Prix de Grande-Bretagne qui a cassé tous les clichés glamour qu’elle se faisait de la Formule 1 : boue, humidité, grisaille. « Ce qui nous a attachés l’un à l’autre, ce n’est pas notre statut ou que sais-je mais les personnes qu’on était. C’était une rencontre vraiment impossible et parfois on se demande comment nos vies auraient été si cela n’était pas arrivé. Ça pousse à se demander si le destin existe. On préfère se dire que oui (rires). »
Tous les deux ont grandi côte à côte. « Il m’a apprise la F1, c’est devenu une affaire familiale, c’est une part de ma vie. Je n’aurais jamais cru ça avant. Ma mère ne loupe plus une course. » En retour, il a également appris l’univers de l’actrice : « Paddy m’aide à étudier mes dialogues quand il peut. On lit les scénarios ensemble et je répète avec lui. Il m’accompagne sur les premières de films dans lesquels je tourne lorsqu’il en a l’occasion. Il essaie de venir sur mes pièces de théâtres, il les a presque toutes vues, même celles qui sont en russe. D’ailleurs, une de ses préférées est en russe, c’était une comédie et il avait adoré mon personnage. Je dois avouer que c’est toujours un peu plus compliqué de jouer quand ton mari est dans la salle parce que même si on voit beaucoup de spectateurs, on le recherche dans la salle, on veut voir ses réactions et c’est difficile de ne pas y penser. Une fois même, j’avais presque oublié mon texte tellement j’y pensais (rires). »
« Mon soutien, il y tient beaucoup »
Au-delà du quotidien difficile et de leur complicité, leur force se trouve dans le soutien mutuel qu’ils s’offrent tous les jours. « Je le respecte beaucoup pour l’amour et la passion qu’il donne à son travail. Il brûle avec ça. J’admire beaucoup cela chez lui, parce que la vie en F1, c’est tellement de sacrifices et sans ce feu qu’il a, ça aurait été très difficile. Il me dit régulièrement, que je suis un grand soutien psychologique parce qu’on peut parler de tout. Il me parle de ses idées et j’essaie de l’aider au mieux. C’est important pour moi de le soutenir : c’est un sport très concurrentiel où il a beaucoup de problèmes politiques, économiques… Il y a constamment des choses pour lesquelles se tracasser et il n’y a pas de stabilité. Il aime quand je viens sur les Grands Prix, ça représente beaucoup pour lui. Et inversement, lui aussi est très à l’écoute, dès que j’ai des doutes, je me tourne vers lui. »
Ce n’est pas pour rien qu’il existe un proverbe qui dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Avec toute la douceur qui l’habite, Anna a réussi à combiner sa vie professionnelle et personnelle, à la faire danser avec celle de Paddy Lowe, tout en ne perdant pas de vue leur bonheur commun.
Angélique Belokopytov