L’opinion de Villeneuve : la F1 n’impressionne plus assez les écrans
À la sortie d’un virage Spadois, nous avions rendez-vous avec le franc-parler d’un certain québécois, Jacques Villeneuve. Le pit stop fut long, et pour faire durer le plaisir, cet entretien sera publié en dix parties, tous les jours à 11 heures.
Jacques Villeneuve considère que la Formule 1 devrait s’apparenter à un espèce de Super Bowl au niveau du show télévisé afin d’attirer le public.
- Est-ce que la diffusion de la F1 ne deviendrait-elle pas de plus en plus compliquée avec l’augmentation des chaines payantes ?
Mais ça c’est l’évolution du monde. Les télévisions, à un moment mettaient tellement de publicité qu’on ne voyait même plus le Grand Prix, et ce n’était pas possible de continuer comme ça. Quand tu regardes le show offert par les télévisions payantes d’aujourd’hui, par rapport à ce qu’offraient les télévisions gratuites à l’époque, c’est cent fois mieux. Tu as tous les essais, les stops, la F2 ça vaut le prix d’un cinéma.
- Ça dépend des cultures aussi… Par exemple, au Brésil, ils peuvent même ne pas diffuser une course de F1 parce qu’il y a du football.
Ça c’est aussi parce qu’il n’y a pas de pilote Brésilien qui est en train de se battre pour le championnat, c’est tout. Et aussi parce que le football, ils n’essaient pas de dépenser moins. C’est toujours les plus gros contrats. Et qu’est-ce qui se passe : plus les contrats sont grands, plus les gens sont époustouflés et se disent « waouw, je vais regarder ce sport ». C’est aussi simple que ça. Et la F1, ce sont des discours « ça coute trop cher, faut réduire ceci ou supprimer cela » Du coup les gens s’en détournent aussi, c’est normal. Ils font l’opposé de ce qu’il faut : c’est politiquement correct mais c’est le contraire de ce que l’être humain veut profondément, dans le sens animal. On est dans une société où les gens vont dire « il faut faire ça » mais au fond ils pensent complètement le contraire. Ce n’est pas ça qui donne envie, qui fait rêver. L’animal qu’on a au fond de nous ne veut pas voir ça. L’animal, il veut voir le boxeur qui prend 80 millions, le joueur de foot qui vient de signer le contrat stupide, il ne veut pas entendre « il faut aider les petits, il faut réduire les couts, il faut économiser les moteurs, etc. » Dans ce cas ils vont dire « oui, c’est génial » mais ça ne plait pas.
Angélique Belokopytov